Detective Dee II : La légende du dragon des mers, Tsui Hark, 2013
Avec Detective Dee, Tsui Hark semble avoir trouvé son nouveau Wong Fei-Hong. Il se plaît donc à prolonger son existence avec cette prequel dans laquelle Andy Lau ne rempile pas puisqu'il s'agit en effet de raconter les années de jeunesse et de formation du héros, incarné par un Mark Chao qui se révèlera tout à fait convaincant même si moins charismatique que son prédécesseur. On apprécie toujours autant le génie de déductions et les talents d'artiste martial du personnage. Son invincibilité est cependant telle qu'on y perd un peu en implication lors des scènes d'action. L'émotion est davantage sollicitée lorsqu'il s'agit de développer sa relation avec ses compagnons.
Cet épisode déroule une nouvelle enquête pas inintéressante, mélangeant complot à la Cour impériale et craignos monster, dans des décors qui semblent encore avoir gagné en opulence. Le spectacle projeté à l'écran est stupéfiant, et même si les chorégraphies de Yuen Bun ne seront pas les plus marquantes de sa carrière, il serait malvenu de jouer les blasés face à leur folle inventivité — jusqu'à une bataille navale qui cherche sans doute à rivaliser avec Pirates des Caraïbes. On pourra regretter le score inconsistant de Kenji Kawai. La franchise sera encore enrichie d'un troisième volet en 2018, La Légende des rois célestes, qui reprend les mêmes ingrédients avec la même jubilation.
Cet épisode déroule une nouvelle enquête pas inintéressante, mélangeant complot à la Cour impériale et craignos monster, dans des décors qui semblent encore avoir gagné en opulence. Le spectacle projeté à l'écran est stupéfiant, et même si les chorégraphies de Yuen Bun ne seront pas les plus marquantes de sa carrière, il serait malvenu de jouer les blasés face à leur folle inventivité — jusqu'à une bataille navale qui cherche sans doute à rivaliser avec Pirates des Caraïbes. On pourra regretter le score inconsistant de Kenji Kawai. La franchise sera encore enrichie d'un troisième volet en 2018, La Légende des rois célestes, qui reprend les mêmes ingrédients avec la même jubilation.
The Grandmaster, Wong Kar Wai, 2013
Figure historique devenue légendaire, fierté nationale et contributeur essentiel au renouveau du kung fu, Ip man fut aussi connu pour être un des maîtres de Bruce Lee. À partir de 2008, il retrouve les faveurs du cinéma, notamment via les incarnations de Donnie Yuen. Après son appropriation des codes du wu xia pian sur Ashes of time (1994), Wong Kar Wai applique au film de kung fu son écriture si particulière, imprégnant chaque image d'une forme de langueur mélancolique. Plus qu'un biopic du grand maître, c'est une évocation, faite d'ellipses et de non dits, que le cinéaste élabore méticuleusement, transcendant une histoire relativement classique de rivalité entre écoles et de relations de maître à disciple. Il y est question du sens des traditions et de la nécessaire adaptation aux mouvements de l'Histoire, dans une Chine qui tantôt subit tantôt accompagne les influences extérieures. C'est également une réflexion sur le temps et l'amour, signifiée avec évidence par l'utilisation du thème de Morricone pour Once upon a time in America.
The Grandmaster à l'écran c'est un Tony Leung impeccable, Wong Kar Wai retrouvant son acteur fétiche. Ça m'a tout autant fait plaisir de revoir Zhang Ziyi, comédienne qui eut un début de carrière prodigieux et que je regrettai d'avoir perdue de vue. Le duo est au diapason dans l'émotion comme dans l'action. Les chorégraphies virtuoses de Yuen woo ping sont particulièrement sublimées par la mise en scène, avec la volonté d'aboutir à un spectacle maîtrisé dans ses moindres détails, et un niveau d'exigence qu'on n'avait sans doute plus vu depuis le Crouching tiger hidden dragon d'Ang Lee. La caméra et le montage accompagnent ainsi chaque mouvement des adversaires, des mains aux pieds, enluminant impacts et esquives en une suite d'éblouissants et généreux ballets, qui font vibrer jusqu'aux décors (tous splendides).
The Grandmaster à l'écran c'est un Tony Leung impeccable, Wong Kar Wai retrouvant son acteur fétiche. Ça m'a tout autant fait plaisir de revoir Zhang Ziyi, comédienne qui eut un début de carrière prodigieux et que je regrettai d'avoir perdue de vue. Le duo est au diapason dans l'émotion comme dans l'action. Les chorégraphies virtuoses de Yuen woo ping sont particulièrement sublimées par la mise en scène, avec la volonté d'aboutir à un spectacle maîtrisé dans ses moindres détails, et un niveau d'exigence qu'on n'avait sans doute plus vu depuis le Crouching tiger hidden dragon d'Ang Lee. La caméra et le montage accompagnent ainsi chaque mouvement des adversaires, des mains aux pieds, enluminant impacts et esquives en une suite d'éblouissants et généreux ballets, qui font vibrer jusqu'aux décors (tous splendides).
La Bataille de la montagne du tigre, Tsui Hark, 2014
Visuellement, Hark offre un spectacle assez grandiose, à mi-chemin entre la rusticité d'un Seven swords et l'opulence des plus beaux Il était une fois en Chine. La bouche des personnages laisse constamment échapper de la vapeur, et n'ayant pas eu l'impression qu'il s'agissait de CGI, j'en conclus que le réal a véritablement embarqué son équipe en haute montagne, et que tout le monde s'est manifestement pelé. À l'écran évidemment ça paye, et j'ai vraiment adoré le rendu de ce village croûlant sous des tonnes de neige. Je me suis quand même étranglé lors du premier quart d'heure avec ces horribles ralentis en mode bullet time, craignant que tout le film cède aux excès de style. Dès qu'il les laisse de côté, et même si ça manque de prouesses acrobatiques, Tsui Hark démontre heureusement sa pleine maîtrise de l'action, et la plupart des scènes d'assaut et de canardage sont plutôt époustouflantes.
Étalée sur plus de 2 heures, La Bataille de la montagne du tigre n'est cependant pas qu'un gros barnum d'action, contrairement à ce que voudrait laisser croire son affiche française (j'ai guetté pendant tout le film cet avion, et l'ai un peu regretté au vu de la scène qui lui est consacrée...). Il y a cette idée intéressante de suggérer qu'on serait devant un film populaire à l'ancienne, idéalisé par le point de vue contemporain du narrateur, et justifiant ainsi que tout le récit aligne les conventions du cinéma d'aventure : de l'amitié, de la trahison, de l'infiltration, un assaut à ski, des méchants ultra-typés assez marrants, des actes héroïques, un McGuffin. Malheureusement, les séquences au présent sont honteusement traitées par dessus la jambe, présence juste syndicale où le cinéaste échoue lamentablement à susciter le moindre sentiment de nostalgie. Pour ce qui est de susciter le sentiment de camaraderie, les personnages sont bien trop réduits à l'état de silhouettes, malgré le côté sept samouraïs / mercenaires qui réussit quand même à en distinguer quelques-uns. Et je me suis quand même demandé s'il fallait tiquer face à la peinture de cette armée nationaliste à la cohésion sans faille, chaque soldat dévoué jusqu'au sacrifice. Tsui Hark ne connaît pas la demi-mesure et c'est souvent ce qui fait la valeur de son cinéma. Sauf lorsqu'ici cela se traduit par un film qui n'en finit plus de finir, se prolongeant carrément par l'inclusion d'une fin alternative balancée n'importe comment, alors que le générique a déjà été entamé mais au milieu de l'épilogue. Ce que j'ai pris comme un désolant manque de considération du spectateur.
Étalée sur plus de 2 heures, La Bataille de la montagne du tigre n'est cependant pas qu'un gros barnum d'action, contrairement à ce que voudrait laisser croire son affiche française (j'ai guetté pendant tout le film cet avion, et l'ai un peu regretté au vu de la scène qui lui est consacrée...). Il y a cette idée intéressante de suggérer qu'on serait devant un film populaire à l'ancienne, idéalisé par le point de vue contemporain du narrateur, et justifiant ainsi que tout le récit aligne les conventions du cinéma d'aventure : de l'amitié, de la trahison, de l'infiltration, un assaut à ski, des méchants ultra-typés assez marrants, des actes héroïques, un McGuffin. Malheureusement, les séquences au présent sont honteusement traitées par dessus la jambe, présence juste syndicale où le cinéaste échoue lamentablement à susciter le moindre sentiment de nostalgie. Pour ce qui est de susciter le sentiment de camaraderie, les personnages sont bien trop réduits à l'état de silhouettes, malgré le côté sept samouraïs / mercenaires qui réussit quand même à en distinguer quelques-uns. Et je me suis quand même demandé s'il fallait tiquer face à la peinture de cette armée nationaliste à la cohésion sans faille, chaque soldat dévoué jusqu'au sacrifice. Tsui Hark ne connaît pas la demi-mesure et c'est souvent ce qui fait la valeur de son cinéma. Sauf lorsqu'ici cela se traduit par un film qui n'en finit plus de finir, se prolongeant carrément par l'inclusion d'une fin alternative balancée n'importe comment, alors que le générique a déjà été entamé mais au milieu de l'épilogue. Ce que j'ai pris comme un désolant manque de considération du spectateur.
Office, Johnnie To, 2015
Le genre de la comédie musicale semble être un rêve régulièrement caressé par un paquet de cinéastes, (Scorsese, Allen, Moretti), tous ne passant cependant pas toujours à l'acte. Fasciné comme John Woo autant par le cinéma de Melville que par celui de Jacques Demy, Johnnie To aura lui l'occasion d'y plonger avec cet étonnant long-métrage. Fable grinçante sur l'arrivisme, le capitalisme et la pression du travail en entreprise, dans un Hong Kong définitivement absorbé par la volonté de croissance économique chinoise, Office fait défiler une conséquente galerie de personnages, que le cinéaste s'efforce de traiter sur un même pied d'égalité. Ce souci d'équilibre, s'il est louable, a cependant pour conséquence que le film manque d'un véritable point d'ancrage. Heureusement, l'interprétation est globalement excellente, avec des personnages qui, à quelques exceptions près, évitent la caricature, au premier rang desquels un Chow Yun Fat en patron faussement doucereux, qu'il est amusant de retrouver ici en figure vénérable, définitivement rangé des flingues.
La comédie musicale est un genre qui me plaît parce qu'elle suscite frisson et délectation. On appréciera ici des cadres et une photographie ultra classieux, ainsi que l'aisance de la mise en scène. Cherchant sans doute à assumer le caractère artificiel d'un genre où les personnages sont soudainement invités à pousser la chansonnette, le réalisateur opte pour un étonnant décor tout en transparence et lignes, évoquant un peu la scénographie de Lars von Trier sur Dogville et Manderlay. Mais on n'est pas vraiment emporté ni séduit par l'entreprise. On déplorera surtout une partition et des chansons franchement pas mémorables. Le comble étant que To ne s'aventure même pas dans la chorégraphie, alors que c'est précisément là qu'on l'attendait. Et ce qui s'annonçait donc comme une évidence dans sa filmographie, prend finalement la forme d'un rendez-vous manqué.
La comédie musicale est un genre qui me plaît parce qu'elle suscite frisson et délectation. On appréciera ici des cadres et une photographie ultra classieux, ainsi que l'aisance de la mise en scène. Cherchant sans doute à assumer le caractère artificiel d'un genre où les personnages sont soudainement invités à pousser la chansonnette, le réalisateur opte pour un étonnant décor tout en transparence et lignes, évoquant un peu la scénographie de Lars von Trier sur Dogville et Manderlay. Mais on n'est pas vraiment emporté ni séduit par l'entreprise. On déplorera surtout une partition et des chansons franchement pas mémorables. Le comble étant que To ne s'aventure même pas dans la chorégraphie, alors que c'est précisément là qu'on l'attendait. Et ce qui s'annonçait donc comme une évidence dans sa filmographie, prend finalement la forme d'un rendez-vous manqué.
DOSSIER KINGS OF HONG KONG :
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