Je n'y connais rien en opéra chinois, donc je ne peux
vraiment pas dire si Woo prend ou
non des libertés avec ce genre très codifié. Dans cet univers, les jeunes
hommes sont interprétés par des femmes. Les dames parlent et chantent avec une
voix excessivement haut perchée. Chaque geste, chaque mouvement de tête est
stylisé, tandis que des percussions ponctuent inlassablement l'action en
arrière-plan. Pour le spectateur occidental que je suis, et plutôt amateur de comédies musicales, j'avoue que la
musique de ce genre d'opéra, par ses rudes harmonies, ne me séduit pas du tout. Et seule la toute
fin du film propose véritablement ce qu'on pourra véritablement qualifier de ballet. Soit autant
d'éléments qui tantôt rebutent, tantôt fascinent. Et j'ai donc constamment basculé pendant le visionnage entre
ces deux impressions, avec cependant de vrais moments de grâce, notamment toute
une longue scène centrale où les fiancés se retrouvent à l'entrée d'un couvent
sous la neige, tentant de faire revivre un amour que les intrigues de Cour et
la guerre avaient compromis.
Car Princess Chang Ping est un drame historique qui parle d'honneur familial, de loyauté impériale et de sentiments plus forts que tout, dans un monde corrompu. Si on ne l'attendait pas forcément dans le genre précieux et raffiné de l'opéra, John Woo se révèle fond finalement comme un choix pertinent pour accompagner ces thèmes. Pour le reste je trouverais quand même abusif de dire qu'on peut ici reconnaître son style. Sa mise en scène est d'une belle rigueur, mettant bien en valeur la somptuosité des costumes et des décors (sur ce plan-là, le film est admirable), avec quelques mouvements de caméra qui collent bien à l'action, mais sans jamais chercher l'exagération. Le résultat est d'une incontestable cohérence et la curiosité du spectateur mérite de l'emporter, car le dénouement est très beau, tragique et poétique.
Car Princess Chang Ping est un drame historique qui parle d'honneur familial, de loyauté impériale et de sentiments plus forts que tout, dans un monde corrompu. Si on ne l'attendait pas forcément dans le genre précieux et raffiné de l'opéra, John Woo se révèle fond finalement comme un choix pertinent pour accompagner ces thèmes. Pour le reste je trouverais quand même abusif de dire qu'on peut ici reconnaître son style. Sa mise en scène est d'une belle rigueur, mettant bien en valeur la somptuosité des costumes et des décors (sur ce plan-là, le film est admirable), avec quelques mouvements de caméra qui collent bien à l'action, mais sans jamais chercher l'exagération. Le résultat est d'une incontestable cohérence et la curiosité du spectateur mérite de l'emporter, car le dénouement est très beau, tragique et poétique.
Heroes shed no tears
(Les Larmes d'un héros), 1986
Un film bourrin assez inclassable par sa façon de
s'éparpiller dans des genres hétérogènes, la faute à un charcutage-remontage assez sauvage
de la part des producteurs. Relecture du grand succès du moment Rambo 2, pillé par le monde entier souvent pour le pire, le film met en scène une mission commando menée par Eddy Ko qui, en plus de ses potes mercenaires, a la curieuse idée de débarquer avec femme, enfant et beau-père au milieu de la jungle viêtnamienne pour
kidnapper un narco-trafiquant. Ces improbables ingrédients vont permettre
à Woo de distiller une émotion certes déplacée mais qui fonctionne malgré tout
assez bien notamment par la façon qu'à le réalisateur de la styliser, avec cette tendance à l'hyperbole qui n'appartient qu'à lui. Le gamin est particulièrement
saisissant. Les scènes qui s'attardent sur sa relation avec son paternel sont
certainement les plus intéressantes et ça ne m'étonnerait pas que le tournage
ait traumatisé l'enfant, vu le spectacle qu'on lui a mis devant les yeux.
Même si ça sent bien son
côté sous-budgeté et que ça profite d'un tournage en Thaïlande pour économiser
davantage sur les cascadeurs et leur prime de risque, le film n'est pas complètement une série Z. Si on laisse de côté les
intermèdes comique ou érotique ajoutés par le studio, on a quand même quelques
scènes de canardage bien violentes où le sang coule à flot des corps explosés,
tranchés, criblés, etc., et un affrontement final avec un méchant Lam Ching Ying (Mr Vampire) devenu borgne, au milieu d'un paysage qui s'est littéralement transformé en
enfer, fait de métal et de feu. Cette atmosphère de chaos, aussi irréaliste
soit-elle, fait son petit effet. Bref un film certainement mineur dans la filmo
du Woo, parfois involontairement
nanar dans ses situations, et certainement pas tous publics à cause de ses
débordements gores dignes des productions hongkongaises de catégorie III. Mais un titre tout de même important puisqu'historiquement le
cinéaste y signe ses premiers gunfights.
The Killer, 1989
Peut-être le film le plus abouti du cinéaste, le plus maîtrisé, le plus
personnel, toujours à la limite de verser dans le pur exercice de style. Un vrai film d'auteur, brassant toutes les influences (Melville, Godard, Demy) et les thèmes
chers au réalisateur. The Killer est
loin d'être un enchaînement de fusillades spectaculaires, celles-ci ne sont que
le reflet des personnages, de leur rage et de leur désespoir. Chow Yun Fat s'y
révèle absolument magnifique, d'une classe inégalable, tandis que Danny
Lee fait complétement corps avec son personnage de flic qui n'a pas oublié de
rester humain.
Ma première vision du film remonte à sa sortie en France en 1995, sur fond de rires grinçants de spectateurs. Des plans entiers sont depuis restés ancrés dans ma mémoire, preuve de la force de sa mise en scène. Un de mes préférés restant ce travelling qui montre Chow à travers une porte-fenêtre, le cadrant à chaque fois d'un peu plus près (une figure de style qu'on croise souvent chez le metteur en scène mais qui trouve ici sa plus parfaite expression). À ce titre, la photographie est assez remarquable, créant des éclairages dramatiques plutôt inhabituels dans ce cinéma. J'en profite également pour citer le nom du compositeur du score si réussi, ainsi que des chansons : Lowell Lo. Il avait déjà collaboré avec Woo sur Le Syndicat du crime 2, et on le retrouve au générique de pas mal de films de Ringo Lam (Prison on fire), Tsui Hark (Le Syndicat du crime 3, Le Festin chinois), Sammo Hung (Dr Wong et les pirates) ou Stephen Chow (Shaolin soccer). Dans les films hongkongais de Woo, les bandes originales ont tendance à flirter avec le kitsch (j'en reparlerai), mais ici cela s'accorde merveilleusement avec l'atmosphère romantique de l'histoire et des personnages. J’adore les mélodies et l’usage qui en est fait. Montage et musique sont en harmonie totale et c'est très beau.
Ma première vision du film remonte à sa sortie en France en 1995, sur fond de rires grinçants de spectateurs. Des plans entiers sont depuis restés ancrés dans ma mémoire, preuve de la force de sa mise en scène. Un de mes préférés restant ce travelling qui montre Chow à travers une porte-fenêtre, le cadrant à chaque fois d'un peu plus près (une figure de style qu'on croise souvent chez le metteur en scène mais qui trouve ici sa plus parfaite expression). À ce titre, la photographie est assez remarquable, créant des éclairages dramatiques plutôt inhabituels dans ce cinéma. J'en profite également pour citer le nom du compositeur du score si réussi, ainsi que des chansons : Lowell Lo. Il avait déjà collaboré avec Woo sur Le Syndicat du crime 2, et on le retrouve au générique de pas mal de films de Ringo Lam (Prison on fire), Tsui Hark (Le Syndicat du crime 3, Le Festin chinois), Sammo Hung (Dr Wong et les pirates) ou Stephen Chow (Shaolin soccer). Dans les films hongkongais de Woo, les bandes originales ont tendance à flirter avec le kitsch (j'en reparlerai), mais ici cela s'accorde merveilleusement avec l'atmosphère romantique de l'histoire et des personnages. J’adore les mélodies et l’usage qui en est fait. Montage et musique sont en harmonie totale et c'est très beau.
La version longue du film propose un montage un peu
moins serré en plus de quelques scènes concernant surtout le tueur et son amie
aveugle. Niveau rythme c’est donc moins tendu, cela dit j’ai eu l’impression
que les scènes d’action gagnaient pas mal en lisibilité, notamment tout le
gunfight de l’église où l’on suit mieux les déplacements des personnages et
leur position les uns par rapport aux autres. Et puis les acteurs sont doublés
en mandarin.
DOSSIER JOHN WOO :
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