Dragonslayer (Le Dragon du lac de feu), Matthew Robbins, 1981
Gamin, j'ai longtemps été fasciné par sa spectaculaire affiche, mais je l'avais raté en salle, lui préférant Condorman... Découvert tardivement, donc, le film de Matthew Robbins m'a semblé souffrir d'un relatif manque de moyens et d'une mise en scène un peu trop sage, alors que suffisamment d'éléments me semblaient réunis pour donner davantage de souffle épique à cette histoire. À la fin des années 60, Robbins avait partagé l'aventure d'American zoetrope studio, avec ses copains de fac Coppola, Lucas et Murch. Son travail ici n'est pas indigne et évite au moins tout mauvais goût. Les paysages naturels sont splendides, tandis que décors et costumes donnent parfaitement chair à ce monde archaïque qui pioche dans pas mal de contes et légendes (et il m'a même semblé voir une citation de Fantasia). J'ai beaucoup aimé cette atmosphère moyenâgeuse qui hésite encore entre paganisme et chrétienté, de même que la caractérisation du personnage du Roi. La quête du protagoniste passe par toute une série d'épisodes initiatiques et si l'humour et le cynisme sont au rendez-vous dans la peinture de ce petit monde, l'aventure se tient à un ton premier degré plutôt heureux. C'est une coproduction Paramount/Disney qui n'a rien de puéril, qui n'a pas été impitoyablement calibrée pour les moins de dix ans, osant même d'étonnants moments de cruauté. Les personnages sont attachants, on ne s'ennuie pas à les suivre, et l'intrigue a suffisamment d'imprévisibilité pour maintenir l'intérêt.
Gamin, j'ai longtemps été fasciné par sa spectaculaire affiche, mais je l'avais raté en salle, lui préférant Condorman... Découvert tardivement, donc, le film de Matthew Robbins m'a semblé souffrir d'un relatif manque de moyens et d'une mise en scène un peu trop sage, alors que suffisamment d'éléments me semblaient réunis pour donner davantage de souffle épique à cette histoire. À la fin des années 60, Robbins avait partagé l'aventure d'American zoetrope studio, avec ses copains de fac Coppola, Lucas et Murch. Son travail ici n'est pas indigne et évite au moins tout mauvais goût. Les paysages naturels sont splendides, tandis que décors et costumes donnent parfaitement chair à ce monde archaïque qui pioche dans pas mal de contes et légendes (et il m'a même semblé voir une citation de Fantasia). J'ai beaucoup aimé cette atmosphère moyenâgeuse qui hésite encore entre paganisme et chrétienté, de même que la caractérisation du personnage du Roi. La quête du protagoniste passe par toute une série d'épisodes initiatiques et si l'humour et le cynisme sont au rendez-vous dans la peinture de ce petit monde, l'aventure se tient à un ton premier degré plutôt heureux. C'est une coproduction Paramount/Disney qui n'a rien de puéril, qui n'a pas été impitoyablement calibrée pour les moins de dix ans, osant même d'étonnants moments de cruauté. Les personnages sont attachants, on ne s'ennuie pas à les suivre, et l'intrigue a suffisamment d'imprévisibilité pour maintenir l'intérêt.
Le scénario, plutôt bien écrit, parvient assez bien à développer ses arguments même s'il ne fait aucun doute que tout le film n'est qu'un prétexte pour mettre en scène le dragon promis par le titre. Et c'est peu de dire que celui-ci ne déçoit pas. Ses apparitions sont sans conteste le clou du spectacle. La créature n'est révélée que très progressivement et ne donne pas du tout envie de rigoler. Son design est à la fois ultra-classique et complètement parfait. Techniquement, étant donné les différents modes de déplacement de la créature et ses particularités anatomiques, je veux bien croire que Dennis Muren et Phil Tippett en ont sué pour parfaire leurs effets spéciaux. Entre les éléments taille réelle en animatronic et les plans larges animés en stop-motion, c'est un pur régal pour les yeux. Il faut dire aussi que la photographie de Derek Vanlint (Alien) magnifie encore la bestiole, notamment dans le jeu avec la lumière des flammes. La musique d'Alex North se révèle assez audacieuse par son registre très percussif et presque atonal. Pas vraiment gâté en vidéo, rien que pour ses aspects techniques le film mériterait des suppléments équivalents à ceux qu'on trouve sur l'excellent collector de... Tron.
Tron, Steven Lisberger, 1982
Je m'efforce en général de ne pas trop tenir compte du contexte historique des films pour les apprécier, mais revu aujourd'hui, la dimension expérimentale et visionnaire de Tron est pour beaucoup dans le plaisir éprouvé. Comme le révéle le makingof super instructif qui accompagne le DVD, en dehors du réalisateur et de ses proches collaborateurs, ni les acteurs, ni le studio ne comprenaient vraiment de quoi le film allait parler. Le plus fou étant qu'ils se soient quand même lancés dans la production tout en étant incapable de savoir quel serait le résultat final. Lisberger y proposait pour la première fois d'inclure au sein de prises de vue réelles des objets et des décors entièrement générés par ordinateur, et c'est certainement le genre de défi qu'aurait cautionné Walt Disney de son vivant. Les photos prometteuses publiées à l'époque dans le Journal de Mickey m'avaient bien prévendu le film qui, en avance sur son temps donc, échouera au box office. Je ne sais pas comment peuvent réagir ceux qui le découvriraient aujourd'hui. Je reste pour ma part fasciné par l'audace du scénario à manier des concepts cyberpunks quasi avant-gardistes pour le grand public d'alors, à une époque où le jeu vidéo et l'informatique domestique démarraient à peine. Ces éléments sont reportés sur une trame classique mais toujours efficace en forme de quête des origines. L'occasion de distiller pas mal de réflexions passionnantes, notamment théologiques. Ainsi les programmes ont le visage de leurs programmeurs, ces derniers étant considérés comme leurs dieux créateurs.
Au-delà de cette dimension pionnière, la façon dont Lisberger a imaginé le fonctionnement interne des ordinateurs est vraiment intéressante. L'aspect binaire, polygonal et froid des effets spéciaux créés ici est en parfaite cohérence avec la représentation d'un monde informatique — que ce soit celui de 1982 ou d'aujourd'hui — qui, dans sa froideur technologique ne doit pas apparaître trop richement et inutilement enjolivé. En effet, on est dans la machine, donc pas besoin de formes sophistiqués. L'architecture prône l'efficacité, la simplicité. Ce choix de visuels plutôt sobres est payant, empêchant le film de trop souffrir du passage des ans, au point que trois décennies plus tard Tron legacy pourra se permettre d'en reprendre les codes graphiques. Les designs signés Syd Mead (Blade runner) et Moebius ont conservé en effet toute leur élégance. Le mélange entre les images de synthèse, la peinture sur verre et l'animation traditionnelle (bien présente malgré les apparences) compose une atmosphère tantôt séduisante, tantôt inquiétante, le rythme du film laissant le temps au spectateur de s'acclimater à cet univers inédit. Très lourdes à manipuler, les "C.G.I." mettront encore quelques années avant de trouver leur place au cinéma. Elles apparaîtront timidement au détour d'une séquence (le chevalier-vitrail de Young Sherlock Holmes, les rouages de Big Ben dans Basil détective privé), avant de s'imposer définitivement avec le triomphe de Jurassic park en 1993.
Au-delà de cette dimension pionnière, la façon dont Lisberger a imaginé le fonctionnement interne des ordinateurs est vraiment intéressante. L'aspect binaire, polygonal et froid des effets spéciaux créés ici est en parfaite cohérence avec la représentation d'un monde informatique — que ce soit celui de 1982 ou d'aujourd'hui — qui, dans sa froideur technologique ne doit pas apparaître trop richement et inutilement enjolivé. En effet, on est dans la machine, donc pas besoin de formes sophistiqués. L'architecture prône l'efficacité, la simplicité. Ce choix de visuels plutôt sobres est payant, empêchant le film de trop souffrir du passage des ans, au point que trois décennies plus tard Tron legacy pourra se permettre d'en reprendre les codes graphiques. Les designs signés Syd Mead (Blade runner) et Moebius ont conservé en effet toute leur élégance. Le mélange entre les images de synthèse, la peinture sur verre et l'animation traditionnelle (bien présente malgré les apparences) compose une atmosphère tantôt séduisante, tantôt inquiétante, le rythme du film laissant le temps au spectateur de s'acclimater à cet univers inédit. Très lourdes à manipuler, les "C.G.I." mettront encore quelques années avant de trouver leur place au cinéma. Elles apparaîtront timidement au détour d'une séquence (le chevalier-vitrail de Young Sherlock Holmes, les rouages de Big Ben dans Basil détective privé), avant de s'imposer définitivement avec le triomphe de Jurassic park en 1993.
Return to Oz (Oz un monde extraordinaire), Walter Murch, 1985
Chronique du film précédemment publiée ici.
Pirates of the Caribbean, dead man's chest (Pirates des Caraïbes, le secret du coffre maudit), Gore Verbinski, 2006
Je découvrais avec ce film le nouveau logo Walt Disney pictures en ouverture, plan aérien de Disneyland sur fond de superbe ciel crépusculaire. Visuel d'une prétention absolue, mais pour un studio qui peut franchement se le permettre. Par contre, le film qui a suivi m'a bien déçu. C'était déjà le cas du précédent volet, et si j'avais décidé d'aller le voir malgré tout c'est uniquement parce que j'avais entendu parler de la présence d'un Kraken au casting. En l'occurrence ses scènes à lui m'ont bien plu, spectaculaires et techniquement magnifiques. Le début du film a également fait un peu illusion, avec ces jolis et mystérieux plans surréalistes des restes d'un mariage sous la pluie, Keira Knightley (excellente) serrant un bouquet. Je me disais que Verbinski y confirmait un talent sûr de metteur en scène. Et puis dès les premiers dialogues échangés j'ai trouvé ça d'une lourdeur désarmante. Pour une fois je rejoins les critiques concernant le jeu fade d'Orlando Bloom. Depp fait quant à lui ce qu'il peut avec ce qu'on lui donne mais son personnage est bien loin de retrouver la saveur qu'il avait dans le premier film (ou bien il échoue à en maintenir l'attrait).
Je ne nie pas que certaines scènes fonctionnent très bien, notamment toute la séquence des cannibales, burlesque et inventive. La direction artistique de Rick Heinrichs reste de premier plan, le film s'offrant au regard comme un vrai festival de décors fouillés vermoulus, de costumes somptueux et de créatures fascinantes. L'équipage de Davy Jones est magnifique et on aurait presque envie de le voir davantage à l'écran. Dotée d'une vraie élégance, la réalisation de Verbinski sait mettre en valeur ses paysages et faire souffler le souffle de la grande aventure sur l'écran. Mais le scénario est franchement brouillon et tarabiscoté, les personnages trop nombreux et inintéressants, la palme revenant aux méchants Anglais en uniforme. On a une impression de récit qui tourne en rond, nous ramenant toujours sur le même rivage, multipliant laborieusement des manipulations / trahisons à la chaîne et des appels du pied lourdingues au spectateur. Et même si certains passages musicaux fonctionnent bien, les orchestrations de Zimmer manquent vraiment de finesse.
DOSSIER WALT DISNEY PICTURES :
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