29 août 2015

Téléchat, Henri Xhonneux+Roland Topor (1983-1986)

« Y'a bien trente-six sortes de chats
Des p'tits, des gros, des angoras
Chats de gouttière et chats siamois
Y'a qu'une télé c'est Téléchat... »

Diffusée sur Antenne 2 entre 1983 et 1986, Téléchat est à la base une initiative belge. Le producteur Éric Van Beuren et le réalisateur Henri Xhonneux (prononcer "oneu") s’associent à l'artiste pluridisciplinaire Roland Topor et après plusieurs tâtonnements, ils mettent au point leur concept, avec comme référence suprême bien qu’inatteignable, le Muppet show de Jim Henson. Émission des poils, des plumes et des choses, Téléchat prend des airs de télé-pirate qui, chaque jour pendant 5 minutes, occupe l’antenne au sein de Récré A2, le programme jeunesse de la chaîne animé par Dorothée et sa sympathique équipe (rappelez-vous Corbier, Jacky, Cabu, Roxan...). La première chose qui m’a ravi en redécouvrant cette émission fétiche de mon enfance, c’est le côté bricolo-cheap de sa fabrication, présent dès le générique avec sa maquette de ville en carton et son travelling mal assuré. Doté d'un budget dérisoire, Téléchat érige la récup', la débrouillardise et l’inventivité au rang d'art.

Sous le règne d’Yves Mourousi, et bien avant les Nuls ou Groland, les auteurs de Téléchat parodient le journal télévisé, dont ils reprennent le jargon plein d'autosuffisance. Le couple de présentateurs — Groucha le chat avec son bras dans le plâtre et Lola l’autruche australienne — répondent à une foultitude de questions pratiques concernant la vie des objets. En bons journalistes, toujours à l’affût du scoop et ne craignant pas de prendre des risques, ils font parfois de surprenantes découvertes scientifiques, « en direct et en exclusivité ! » 

Chaque jour (sordi, jourdi, dendrevi, mitanche, etc.) est l’occasion de fêter le saint de la journée, en l'occurence un objet que Groucha sort de son plâtre et balance derrière lui sur fond de musique délirante avec paroles en yaourt. Il faut d'ailleurs rendre ici hommage aux inventions musicales de Pierre Papadiamandis, compositeur pour Eddy Mitchell (Couleur menthe à l’eau, La Dernière séance), qui crée plusieurs musiques et jingles fort rigolos. Reportages, quizz et vie de plateau composent chaque épisode. 

Après le générique de fin, on retrouve Groucha et Lola dans le studio éteint, dans une auto sous la pluie nocturne ou dans un bar sur le point de fermer. Là, tombant le masque, ils se tutoient et font un peu le bilan de la journée sur fond de jazz cool. Cette séquence est l’occasion pour l’un et l’autre de tenter des allusions qui révèlent leur complicité extraprofessionnelle et leur attirance mutuelle, avec des tentatives de séduction bien maladroites se finissant soit sur le « couac ! » de Lola soit sur le regard caméra muet de Groucha.


Petit survol de la bande qui peuplait cet univers attachant : Mic-mac le micro qui accompagne Groucha dans ses investigations sur le terrain (« T'es branché Mic-mac ? »; Durallo le téléphone à moitié endormi (« C’est pour toi, Groucha »; Duramou le fer à repasser huissier de justice (« Ça fait pas un pli, pfffff...! »; Sophie la cuillère anglaise et Raymonde la fourchette ; Pub-pub le singe vert gâchant systématiquement la promotion des produits Nuls ; Olga la poubelle qui avale les objets fêtés que Groucha balance par-dessus son épaule (« Ch'est bon cha ! ») ; et les gluons, la plus fameuse trouvaille de l’émission, hilarants et plein de surprises puisqu’ils sont déguisés en fonction de l’objet dont ils émanent, le gluon étant la plus petite partie de la matière. À chaque fois qu'un gluon va être interviewé, on jubile d'avance à l'idée de découvrir son apparence (irrésistible épisode où Groucha fait passer une audition aux gluons du vent pour sa chorale).

Autre séquence qui remportait les suffrages et dont les spectateurs d'hier conservent un souvenir ému : les aventures de Leguman le superhéros potager, présentées comme un vieux feuilleton débile projeté en Super-8 depuis le Frigo-palace, joyeuse parodie des sentaï à la X-Or qui sévissaient à l'époque. À chaque fois le même principe : un monstre caoutchouteux — aspirateur, cuisinière, mixer, tondeuse — menace divers objets de consommation. Leguman surgit alors pour lui coller une raclée, signant sa victoire par un lever de bras aux cieux.

Tous ces personnages vivent et interagissent, acquérant une véritable existence sous nos yeux, se permettant des apartés tout à fait personnels à l’antenne, exprimant leur lassitude ou leur enthousiasme, imprimant leur humeur changeante à l'émission et proposant ainsi un vrai démantèlement de la société du spectacle. La fantaisie est constante, une vraie poésie se dégage de cette vision du monde, qui suggère un autre regard sur les objets qui font notre quotidien.

Pour les enfants, ce programme sans équivalent était tout simplement réjouissant, stimulant leur imagination, avec une qualité remarquablement maintenue au fil des épisodes, enrichie de nombreux running gags. L’humour très personnel et acide de Topor en profite pour livrer une critique aussi juste que désopilante de la télévision elle-même et de son apologie des biens de consommation, sous-texte qui en fait aussi un spectacle particulièrement savoureux pour les adultes. Parmi les sketches les plus tordants, nous ne résistons pas à l'envie de citer la course de camemberts coulants, l'horoscope de Lola, les pestacles de music-hall, l'émission nostalgique sur les "années marrantes", les J.O. de la vaisselle, ou encore le débat sur le racisme entre gluons du riz, du haricot rouge et du maïs.



Avec la saison 2, un nouveau présentateur fait son apparition, le lapin Grégoire de la Tour d’Ivoire (dit GTI), neveu du patron des produits Nuls, qui va venir véritablement pourrir l’émission. L’incompétent prend la place de Groucha, lance le générique de fin n’importe quand, intervertit les reportages, s'endort à l'antenne, et finit par jeter aux ordures Mic-mac, qu'il juge périmé ! Il reçoit des coups de fil de protestation, Lola est consternée et Groucha — relégué aux reportages en extérieur — ronge son frein. Les objets font la grève et refusent de collaborer. Aux archives, le balai Brossedur fait de la rétention d'informations. Laissé seul, GTI passe alors des reportages sur lui-même et impose un nouveau personnage : Bon Moment, instrument de mesure de la satisfaction du public, qui s'allume quand il y a de la bagarre et du danger en articulant : « Le public est... content ! » La vraie émission finit par se dérouler hors plateau, et c'est depuis le Milk bar ou chez Groucha que sont désormais lancés les épisodes de Leguman. GTI finira par quitter l'émission en plein direct et toute l'équipe retrouvera enfin sa place. On retrouvera plus tard le lapin balançant des reportages people au sein des pages de pub, entraînant alors la démission du singe Pub-pub qui ira vivre une amourette en Australie avec la mère de Lola ! Il ira encore plus loin dans la 3e saison, avec prise d'otage et nouvelles impostures.



L’émission connaîtra environ 230 épisodes et sera plébiscitée dans le monde entier, récoltant de nombreux prix, influençant la publicité comme la presse (Libération publia une édition spéciale, signée Groucha et Lola). Disney en acquerra les droits pour les États-Unis mais ne diffusera finalement pas, effrayé par le décolleté trop pigeonnant de Lola. 

Xhonneux, Topor et une bonne partie de l’équipe de Téléchat, surferont sur ce succès pour mener à bien un projet de long-métrage pour le cinéma, réalisant en 1989 ce film très surprenant qu’est Marquis, fantaisie animale sur les années de Bastille de Sade, au temps des prémices de la Révolution. Une œuvre à la poésie fiévreuse, destinée exclusivement aux adultes, qui propose une vision convaincante et sans compromis de la pensée du divin Marquis. Une production tout à fait hors-norme intégralement interprétée par des créatures de latex fortement sexuées, les visions de l'écrivain libertin étant animées en stop-motion. À découvrir absolument.


 « Chalut et à demain, si on veut bien ! »

26 août 2015

Deep impact, Mimi Leder (1998)

Tremblements de terre, naufrages, invasions d'insectes, incendies, 747 en détresse, etc. Genre-roi dans les années 70, le film-catastrophe était quelque peu tombé en désuétude au cours de la décennie suivante, avec des productions à petit budget destinées à la télévision ou au marché vidéo. Avec le développement et la généralisation des effets spéciaux numériques dans les 90's, une forme inédite de spectaculaire devenait désormais possible. De Twister (1996) à San Andreas (2015), en passant par Titanic, Volcano, Fusion ou 2012, les catastrophes les plus diverses pouvaient être de nouveau données à voir au cœur de superproductions plus ou moins inspirées. En 1998, par un curieux hasard, deux studios concurrents, Touchstone et Dreamworks, mirent en chantier leur blockbuster de l'été partageant un sujet similaire. En effet, dans Armageddon (du tandem Bay/Bruckheimer) comme dans le Deep impact de Mimi Leder (une production Spielberg), la Terre est menacée par un gigantesque météore. Il n'y a là de toute façons rien de neuf puisque déjà en 1979, Meteor, film de Ronald Neame avec Sean Connery, proposait le même postulat. Nous ne jouerons pas ici au jeu des différences mais il est bon de savoir que le succès du film de Michael Bay éclipsera assez vite son rival qui seul nous occupe ici. Deep impact est donc clairement passé inaperçu à sa sortie. Jouant délibérément la carte de l'intimisme au détriment de la surenchère visuelle, il gagne pourtant à être (re)découvert.


Deep impact fait partie de ces films qu'on se met à regarder sans en attendre grand chose et dont on sort avec l'impression étrange mais agréable qu'il possède d'inattendues qualités, notamment dans sa compréhension et son traitement du genre. Bref, ce qu'on appelle une heureuse surprise. Le film-catastrophe y est logiquement et avant tout envisagé comme un film choral, mais c'est un authentique mélodrame que Mimi Leder réalise avec une vraie sensibilité. Le titre possède ainsi un double sens, l'impact en question se rapportant autant à la planète qu'à ses habitants. La catastrophe proprement dite n'est qu'un révélateur de problèmes profondément humains, la fin du monde annoncée appelant à un retour sur soi, à une confrontation sans détour avec son destin, tant collectif (la solidarité entre les nations) qu'individuel (la réconciliation familiale, la mort). N'ayant plus d'échappatoire, les personnages vont tenter de ramener un peu de paix dans leur conscience, de se mettre en accord avec des désirs que la vie en société rend impossibles. Dans un monde appelé à disparaître, le mensonge, la dissimulation et l'hypocrisie n'ont plus de raison d'être. La dernière intervention télévisée du Président américain, après que toutes les tentatives pour éliminer la menace aient échoué, prendra la forme d'un constat implacable, où les conventions n'ont plus leur place. Depuis son bureau ovale, le chef de la Nation est debout, sans costume ni cravate, sans prompteur ni discours prémâché. Alors que dans ses allocutions précédentes il évoquait Dieu comme garant du sort de la planète, il se contente maintenant de déclarer sans illusions : « Good luck to us all », renvoyant chacun à son propre salut.


Le principe du film-catastrophe implique un casting premier choix. Aux côtés de deux jeunes talents qui symbolisent l'espoir (Elijah Wood, Leelee Sobieski), le générique affiche quelques glorieux professionnels aux rôles plus ou moins développés : Robert Duvall, Morgan Freeman, Kurtwood Smith, James Cromwell ou Charles Martin Smith (si les noms de ces derniers ne vous disent rien, leurs têtes à coup sûr ne vous sont pas inconnues). On notera en particulier la présence des magnifiques Maximilian Schell et Vanessa Redgrave qui, quatre ans après Little Odessa, incarnent à nouveau des personnages très forts de père et mère (ici divorcés). Au centre de cette galaxie, Téa Leoni est la véritable protagoniste, riche de contradictions, attachante et, pour finir, bouleversante. Journaliste de télévision, elle est élevée au rang de porte-parole officiel de l'événement et concentre sur elle l'attention de tous, personnages comme spectateurs. Elle est pourtant loin d'être une héroïne lisse et avenante. Apparaissant pleine d'ambition, sa réussite professionnelle lui laissera finalement un goût amer. En parallèle, elle se retrouve écartelée entre une mère désabusée qui cache bien sa fragilité, et un père fraîchement remarié avec lequel elle s'impose une distance qui la torture.


Le film mettant en scène un grand nombre d'acteurs, de lieux et d'actions, il n'était pas évident de parvenir à tenir constamment le rythme et l'intérêt du spectateur. Sur ce plan-là, formée aux sous-intrigues des séries télés (notamment Urgences), la réalisatrice a fait ses preuves. Il est vrai cependant que certains passages sont moins convaincants, plus édifiants, en particulier ceux avec l'équipage du vaisseau spatial The Messiah qui répondent le plus au cahier des charges de ce type de production : oppositions de caractères, réunion dans la bravoure, suspense type compte à rebours, sacrifice héroïque. Le soin de la caractérisation demeure, qui tente de donner aux astronautes une épaisseur bienvenue, sans sombrer dans l'idéalisme. Ils n'ont absolument pas le physique de superhéros et Robert Duvall n'apparaît pas au premier abord sous un jour aimable. Vétéran de la conquête spatiale, il a la fibre patriotique affirmée, citant Twain et Melville. Ses deux fils, engagés dans une carrière militaire, le vouvoient en l'appelant « Sir ». Face à lui, les autres membres de l'équipage incarnent l'arrogance de la jeunesse. Encore une fois, c'est le sentiment de l'inéluctable qui va briser un peu la rigidité de ces rapports, faire tomber les masques et ouvrir à l'abîme de ce qui fut et ne sera plus. La possibilité d'échapper à la catastrophe est clairement un enjeu mineur. L'affiche du film ne met-elle pas la dimension spectaculaire au même rang que l'aspect sentimental ?


Excellemment écrit, s'adressant davantage à la sensibilité du public qu'à son goût pour les effets spéciaux, le film parvient à toucher en accordant un grand soin au parcours de ses personnages, même secondaires. Le scénario, signé Michael Tolkin (The Player) et Bruce Joel Rubin (L'Échelle de Jacob, Ghost), choisit de porter son attention sur des héros sans cesse ramenés à leur quotidien, à leur intimité. De même, nous sont montrées les différentes réactions qu'un tel événement peut provoquer dans nos existences (nombreux contrechamps sur des visages tétanisés), ainsi que ses conséquences pratiques, entraînant des décisions qui font froid dans le dos (loi martiale et couvre-feu pour empêcher les pillages, gestion des abris et sélection de ceux qui y auront accès). La majorité de la population étant condamnée, notamment les plus de 50 ans, c'est avec beaucoup de pudeur que le film nous amène à partager avec eux leur désespoir.


Il y a dans Deep impact une sobriété dans la narration qui se révèle très précieuse. Contrairement à une tendance bien ancrée dans le cinéma américain, la réalisatrice et ses scénaristes ne craignent pas de jouer avec l'implicite, de s'attarder sur l'expression d'un regard saisi au vol, de faire confiance à la capacité de déduction du spectateur plutôt qu'au surlignage des dialogues. Ainsi, le fait que Morgan Freeman, un Noir, soit Président des USA est amené avec une évidence tranquille qui dissimule l'audace d'un tel choix — prémonitoire qui plus est. Dans ses cadres comme dans son montage, Leder fait preuve d'un véritable sens de l'ellipse, qui apporte une subtilité appréciable à son récit et à ses personnages. Les raccords d'une scène à l'autre sont alors chargés d'un poids inhabituel. Beaucoup de choses restent dans le non-dit et le hors-champ, et l'émotion qui s'en dégage n'en est que plus forte (voir la fin tragique de Vanessa Redgrave). Le peu de compromissions concernant le sort de certains personnages y compris les principaux est assez remarquable. Leder ne brise pas l'émotion en insérant des répliques humoristiques et distanciatrices. Le film est remarquablement avare sur ce point mais distille quelques traits d'ironie grinçants (notamment sur les coulisses d'une chaîne tout info) qui évitent de tomber dans un ton patriotique ou héroïque. Il y a une réelle volonté de mettre à distance le spectaculaire. La catastrophe et son festival de SFX sont ainsi relégués dans les 10 dernières minutes, alors que l'émotion est à son comble, les personnages ayant fait des choix qui les ont menés au point de non-retour.


Rarement immobile, la caméra de Leder ne tombe pour autant jamais dans la frénésie. Au contraire, sa mise en scène se caractérise par une grande élégance et une belle lisibilité, privilégiant les plans longs, les mouvements amples au steadycam, suivant ses personnages au plus près tant dans l'urgence (le plan-séquence où Elijah Wood parcourt la maison déserte de Leelee Sobieski, la course des journalistes vers l'hélicoptère) que dans leurs nombreux moments d'attente ou de recueillement (le dernier dialogue entre Téa Leoni et Vanessa Redgrave). La mise en scène de la catastrophe elle-même est absolument fantastique. Il faut voir comment est découpée toute la scène du raz-de-marée sur New York. Les effets spéciaux ont été confiés aux grands noms de ILM, Michael Lantieri (Indiana Jones and the last crusade, Jurassic park, Mars attacks !, The Polar express) et Scott Farrar, spécialiste des effets optiques (Le Retour du Jedi, Willow, Men in black, Space cowboys, Minority report). Le score de James Horner, jusqu'ici sans relief particulier, parviendra néanmoins lors de ce climax à brillamment soutenir l'émotion, entre accélération de la fuite, paroxysme des sentiments, et déclenchement de la catastrophe. Dietrich Lohmann signe quant à lui une photographie particulièrement chaleureuse, dans une lumière de plus en plus crépusculaire ici tout à fait appropriée. Ce sera là le dernier travail de celui qui fut le chef opérateur attitré de Fassbinder, et qui avait déjà collaboré avec la réalisatrice sur son film précédent, Le Pacificateur. Le film lui est d'ailleurs dédié.


Deep impact mérite vraiment d'être apprécié dans ses détails, pour la justesse de ses dialogues, la qualité de sa direction d'acteurs. Ce n'est ni un grand film, ni un chef-d'œuvre mais une œuvre digne et intelligente, assurément un des films-catastrophe les plus convaincants de ces dernières années.


25 août 2015

Bollywood boulevard

Retour sur quelques titres fameux de la comédie romantique et musicale indienne. Fameux parce qu'ils représentent à la fois la revitalisation d'un genre et sa redécouverte hors des frontières...


Dil to pagal hai, Yash Chopra (1997)
Ce qui est dommage c'est que Chopra semble complétement passer à côté du potentiel de son sujet. Il nous montre les coulisses d'un spectacle musical sans jamais sembler se soucier de crédibilité, comme s'il ignorait lui-même à quoi ça pouvait ressembler. On y suit donc une troupe de cinq ou six jeunes un peu demeurés répeter avec un amateurisme aberrant dans un improbable loft, et qui parviennent à livrer à l'arrivée un megashow de stade avec des dizaines de danseurs. Evidemment, je ne m'attendais pas non plus à du réalisme documentaire, mais il y aurait vraiment eu moyen de rendre cet univers plus solide. 

En tant que danseuses, Madhuri Dixit et Karisma Kapoor sont magnifiques (avec un petit faible pour cette dernière). Par contre, je n'ai pas du tout été convaincu par leur interprétation. Mais il faut dire que le scénario est tellement creux que les personnages échouent complétement à exister. Sur le concept des amours prédestinés, le scénariste joue avec ses personnages comme avec des pantins. Ces chassés-croisés amoureux m'ont ainsi semblé complétement arbitraires et même si l'on ne s'ennuie pas vraiment, on suit le récit sans réelle empathie, reniflant la conclusion à des kilomètres. Gros spectacle sur scène oblige, on n'échappe pas toujours à une certaine vulgarité dans la musique et les chorégraphies, mais ça alterne suffisamment avec des chansons pour le coup très plaisantes pour satisfaire les attentes. 




Kuch kuch hota hai, Karan Johar (1998)
Amis de la subtilité, passez votre chemin. Karan Johar emballe sur un rythme trépidant une véritable fresque sur l'amitié et les amours manqués. Tout n'est pas toujours de très bon goût, notamment dans la mise en scène, mais l'ensemble est largement transcendant pour que ces quelques lourdeurs récurrentes ne viennent jamais plomber l'atmosphère. Il faut de toutes façons accepter qu'on est là pour en prendre plein les yeux et les oreilles. Dans le genre, le flashback de la première heure sur la jeunesse des personnages se lâche pas mal avec ces fringues bien ringardes, la cool attitude abusive de Shahrukh Khan, le cabotinage éhonté de la prof d'anglais ou du surveillant général, l'apparition de Rani Mukherji en bombasse — et c'est vrai qu'elle le mérite — et tout un tas de scènes improbables sur la vie au lycée. Mais on peut justifier ça en se disant que ce récit nous est conté du point de vue d'une gamine, qui lit les souvenirs de sa mère et les visualise à travers ses propres références (c'est une enfant de la télé). Et puis cette atmosphère d'infantilisme et d'insouciance se révèle vite très attachante, notamment grâce à l'interprétation d'une Kajol irrésistible d'espièglerie et de vitalité. Et lorsque l'émotion et la sincérité des sentiments commence à naître au sein du groupe d'amis, les ruptures de ton fonctionnent merveilleusement, jusqu'à ces quiproquos idiots qui décident d'un destin. On a alors droit à de très beaux moments, certains fascinants comme l'interprétation en trio de la chanson-titre dans une campagne de ruines médiévales écossaises, d'autres bouleversants comme les adieux sur le quai de gare. 

Cette longue première partie a préparé le terrain à la suite qui parvient là encore à faire fonctionner avec brio les séquences les plus risquées. Le camp de vacances n'est pas crédible une seconde, le petit jeu entre le Colonel et la mère de Rahul est complètement crétin mais c'est bon. À la rigueur, le seul aspect plombant serait l'interprétation systématiquement médiocre de Salman Khan dans le rôle du fiancé encombrant. Toutes les péripéties qui s'ensuivent sont parfaitement balisées, mais qu'il est bon de s'embarquer dans ce genre de spectacle et d'en sortir avec la chanson-titre trottant dans la tête.



Mohabbatein, Aditya Chopra (2000)
C'est du bon. Une fresque très ambitieuse et plutôt bien écrite, mêlant adroitement plusieurs destins de couples comme autant d'incarnations de la passion amoureuse, sur fond de film d'université déguisant à peine son plagiat du Cercle des poètes disparus. Un spectacle particulièrement euphorique qui parvient souvent à éviter la complaisance mélodramatique. J'ai ainsi été vraiment touché par la façon dont apparaît le couple Shahrukh Khan / Aishwarya Rai, sans aucun pathos malgré leur histoire d'amour bien tragique. Chacune de leurs retrouvailles est pleine de fraîcheur, de malice et les deux acteurs s'amusent vraiment. J'ai été la plupart du temps assez sensible à l'humour du film qui cependant n'oublie pas de traiter de quelques sujets plus graves, égratignant sans méchanceté gratuite le poids de certaines traditions, comme le sort d'une jeune veuve prisonnière de sa belle famille. Le message sur le pouvoir tout-puissant de l'amour est certes bien naïf mais les acteurs y croient suffisamment pour qu'on accepte de les suivre.

Chansons et musiques sont d'excellente qualité, et les chorégraphies sont d'autant plus entraînantes qu'elles grouillent de danseurs (la fête de Holi sur la place du village, la soirée dansante dans le hall de l'école). C'est sans sophistication inutile, c'est joyeux. L'un des morceaux de bravoure, pourtant plus intimiste, est sans doute celui qui nous montre en montage parallèle les trois couples de jeunes se laisser aller à l'expression de leur attirance réciproque par la danse, chacun dans un contexte et avec un style bien particulier (jusqu'à un historique baiser buccal pour l'in des couples !). J'aurais quelques réserves sur le final et le retournement de veste un peu facile d'Amitabh Bachchan. Et puis Shahrukh Khan joue du violon comme une courgette. Je crois que je n'ai jamais vu un playback aussi mauvais, ce qui en devenait drôle (ils auraient au moins pu lui donner quelques cours). A part ça, il est absolument parfait dans le rôle.




Kabhi khushi kabhie gham (La Famille indienne), Karan Johar (2001)
Le réalisateur Karan Johar a clairement la volonté de s'inscrire dans le fil de son megasuccès précédent : il retrouve une bonne partie de la distribution (Kajol reprend même son prénom d'Anjali et Shahrukh celui de Rahul), démarre par un gros flashback d'une heure et demi, et s'offre un luxueux numéro musical pour la chanson d'amour, tourné cette fois dans le désert égyptien. On pourra même entendre un bref instant le thème principal de Kuch kuch hota hai. Par contre, j'ai été outré que Rani Mukherji disparaisse si vite de l'intrigue (je ne me lasserai jamais de sa beauté et de sa voix rauque). Les parents sont incarnés par deux superstars du ciné hindi d'hier, Amitabh Bachchan et son épouse Jaya. Dans le rôle du frangin, Hrithik Roshan est quant à lui un bien mauvais acteur, capable seulement de capitaliser sur sa gueule de minet. Heureusement, ses talents de danseur sont incontestables. Tout cela aboutira à une formule payante puisque le film sera champion du box office indien. Les thématiques sont plutôt courageuses, avec ce respect des traditions dont la trop grande rigueur ne conduira qu'à la douleur, et cet espoir placé en une jeunesse qui peut elle aussi guider les aînés. 

En fait, ce mélo fonctionne bien mais pèche par ses excès. Cette famille indienne de millionnaires vit dans un luxe tel qu'il finit par brider l'empathie du spectateur : déjà le monstrueux palace qui leur sert de demeure, les bagnoles et les fringues de marques qui se succèdent d'une scène à l'autre, suite éhontée de placements publicitaires, et même la vilaine déco pseudo-tendance de l'appartement londonien. Le but est certes de faire rêver son spectateur, mais Johar plonge avec une telle complaisance dans l'épate que cela en devient embarrassant. Le pire étant atteint avec la seconde partie et l'arrivée à Londres, où le mauvais goût semble vouloir régner désormais en maître. Le comportement de bitch de Kareena Kapoor est souvent très drôle parce que ne se prenant pas au sérieux, mais en même temps le côté fashion victim est si appuyé qu'il suscite vraiment la consternation. L'introduction de son personnage dans sa chambre est une séquence qui, dans le fond comme dans la forme est assez hideuse voire éprouvante. Il y avait parfois un peu de ça dans Kuch kuch hota hai dans sa peinture de l'univers lycéen mais les personnages y étaient mille fois plus sympathiques et leur problèmes nous apparaissaient à un niveau un peu plus humain.

Le problème c'est qu'ici on a pris le temps de s'attacher dans la première partie au couple formé par Kajol et Shahrukh Khan ; leur talent d'acteurs et leur complicité y étant pour beaucoup. Dès qu'ils passent au second plan et qu'intervient la romance entre Hrithik Roshan et Kareena Kapoor, l'émotion peine à surgir avec la même force. Leur relation est beaucoup plus superficielle et le film se plante un peu. Un truc que j'adore dans ces films bollywoods, c'est lorsqu'une réplique qui se veut particulièrement émouvante est immédiatement suivie d'un chœur langoureux. Ça force un peu la main à l'émotion du spectateur mais en général ça fonctionne. On sait que la subtilité n'est pas au programme. Le final propose ici un véritable lâcher des grandes eaux qui, bien que prévisible, réussit à émouvoir aux larmes. Mais la bougeotte de la caméra avec cette multiplication totalement irraisonnée de travellings avants, les gros coups de tonnerre qui viennent surdramatiser les réactions, tous ces effets sont trop lourdement et trop souvent utilisés et perdent de leur impact, surtout sur 3h30. Pour moi, le réalisateur atteint là les limites de son talent. Malgré tout, ça reste un spectacle suffisamment riche (et pour cause !), pour qu'on y trouve son compte. Décors, photographie, costumes, humour, chansons (à une ou deux exceptions) et chorégraphies parviennent souvent à emporter le spectateur et à faire oublier les autres fautes de goût. Quand bien même il a eu les honneurs d'une distribution salle en France, ce n'est cependant vraiment pas un titre que je recommanderai pour une initiation au genre, tant il y a de quoi en sortir définitivement vacciné.



Lagaan, Ashutosh Gowariker (2001)
Le film initiation, ce pourrait justement bien être celui-ci. À la fois fresque historique, drame sportif et comédie musicale, Lagaan est une merveille, pleine de vitalité et d'émotion. Il faudra néanmoins passer outre une mise en place (soit une petite heure de film) qui pourra sembler peu convaincante, voire laborieuse : scènes d'expositions à la chaîne, caractérisation sans nuances des méchants anglais, etc. Et puis, on réalise soudain qu'on est captivé par les enjeux du film, la façon très efficace dont s'exprime progressivement la solidarité des villageois. On palpite en espérant assister à la réunion des amants, on se révolte, on fond, et on vibre pendant le match de cricket quand bien même on n'en comprendrait pas toutes les règles. 

Avec une mise en scène ample et spectaculaire qui ne nuit jamais à une peinture chaleureuse d'une communauté, Gowariker parvient intelligemment à mêler le divertissement le plus jouissif à une dénonciation des injustices de la colonisation mais aussi de celles qui peuvent régner au sein même de la société indienne, tel le statut des intouchables. Bref, une super ambiance, un luxe de moyens appréciable, des personnages attachants, un climax haletant et des chorégraphies suffisamment nombreuses, régulières et peuplées pour faire en sorte que ces quelques 3h30 passent avec un vrai bonheur.




Swades, Ashutosh Gowariker (2004)
Où l'on réalise à quel point ces films prennent toute leur dimension sur grand écran, tant l'atmosphère d'une salle obscure profite à l'immersion au cœur de ces images en cinemascope et offre un écrin sans égal aux torrents d'émotion qui nous emportent, passant du rire frais au flot de larmes pourtant prévisible, de l'indignation à l'embarras causé par des yeux qui débordent d'amour. On sait qu'on est parti pour une projection de plus de 3h. C'est comme si on s'embarquait pour un voyage, d'autant plus dépaysant qu'on est inévitablement charmé par l'exotisme d'un pays et de traditions qui nous sont bien lointaines. Tout ce qu'on demande alors, c'est d'en prendre plein les yeux et de se mettre au diapason des sentiments exacerbés des personnages.

Sur le papier, l'histoire de Swades peut paraître édifiante, avec ce thème du retour au pays natal et du questionnement d'une identité aussi bien intime que nationale. Le film réussit cependant son pari haut la main en forçant avec énormément de sincérité l'empathie vis-à-vis des nombreux personnages de ce village, riche de contradictions sans que jamais on ait l'impression d'avoir affaire à des archétypes. En effet, même les plus absolutistes des villageois sauront se montrer par certains côtés aimables. Nous sommes invités à suivre les pas d'un Shahrukh Khan étonnant d'humilité, qui a lui aussi un peu oublié ses racines et la réalité sociale de son pays et se laisse aller dans un premier temps à l'émerveillement tout simple face à la richesse d'une terre des hommes. Progressivement, au contact des habitants, il va découvrir la persistance de coutumes et de conditions de vie qui semblent héritées d'un autre âge. Le réalisateur ne craint pas de gratter le vernis de la société indienne et on est très loin de la carte postale. Certaines situations dépeignant la misère sont véritablement très dures et bouleversent le protagoniste au même titre que le spectateur. Gowariker évite la séduction facile du public qui consisterait à idéaliser ses personnages et leur environnement. Il refuse l'évasion par le luxe et la mode. Les numéros musicaux sont très rares et les chorégraphies semble refuser toute sophistication pour mieux rester à hauteur d'homme (d'enfant, même). Au bout du chemin demeurent encore des pistes à explorer, et peut-être la magnifique promesse d'un amour vrai.




Veer-Zaara, Yash Chopra (2004)
L'ouverture du film m'a complètement mis par terre. On démarre en effet sur un clip trop beau pour être vrai dans une campagne flamboyante, avec couleurs qui pètent de partout, mouvements de caméra à la grue dans tous les sens et Shahrukh Khan qui danse et chante en s'adressant à une silhouette féminine. Un plan large nous montre l'homme et la femme courir l'un vers l'autre et au moment où ils vont se rejoindre... Bang ! Coup de feu, la femme s'effondre, et raccord incroyablement violent sur un Shahrukh hagard, visage sale et hirsute, croupissant dans une geôle obscure. En une fraction de secondes, Yash Chopra, l'une des plus grandes figures du cinéma hindi dont j'ai dit que son Dil to pagal hai ne m'avait pas convaincu, vient de régler son compte aux clichés bollywoodiens avec une violence incroyable. Par la suite le réalisateur se "rattrapera" un peu en nous offrant des chorégraphies monumentales, avec décors et costumes éblouissants de couleurs. La construction du film faite de flashbacks maintient intelligemment l'attention. On est comme devant un polar, impatient de voir toutes les pièces du puzzle s'assembler. On échafaude des hypothèses, on est surpris par certaines révélations. Et lorsque le drame s'installe véritablement, avec cette histoire d'amour impossible, à cheval sur deux pays, le superbe couple formé par Shahrukh et Preity Zinta parvient à exprimer une émotion telle qu'on est profondément touché par ces précieux moments de vérité. Filmés parfois en un seul long plan, c'est aussi spectaculaire que bouleversant de les voir en effet bientôt submergés par les larmes, isolés dans des décors aussi vastes que somptueux. On tremble, on espère, on désespère.

Le film contient pas mal de très belles idées de mise en scène et de montage. Je pense par exemple à la scène très audacieuse qui nous montre en parallèle le mariage de Zaara, l'acceptation de sa condamnation par Veer, et l'accident du car dans la route de montagne. Enfin, on peut peut-être trouver ça naïf, mais l'humanisme du film achève de rendre le spectacle inoubliable. Sont en effet abordés avec une étonnante franchise tout un tas de problèmes sociaux encore actuels, l'émancipation des femmes, la question des castes, le respect des ancêtres, l'appel à la paix entre Inde et Pakistan, la fraternité entre les peuples, le désir sincère de construire pour l'avenir un monde plus juste enfin dégagé des préjugés qui pèsent sur les âmes. À ce titre, le discours final de Shahrukh à son procès est vraiment très beau, très poétique. En sortant de la salle il pleuvait. J'étais bien tenté de danser tout trempé.



Kaal, Soham Shah, 2005
Un bon gros nanar, donc involontairement drôle, coproduit par Shahrukh Khan et écrit par Karan Johar, avec des teenagers hindis genre plus-beau-que-moi-tu-meurs, qui viennent barouder dans une réserve naturelle pour enquêter sur des tigres mangeurs d'hommes. Au programme : aventures, action, humour crétin, mystère et morts violentes.

Le comportement des personnages est hilarant de crétinerie, la mise en scène abuse des effets "bouh fais-moi peur". Le plus drôle étant peut-être l'intrigue elle-même qui se révèle progressivement n'être qu'un méchant plagiat du concept de Final destination. Sur le générique de début et de fin, et sans aucun rapport avec le film, on a droit à deux chorégraphies dans des décors aussi vulgaires que la musique, Shahrukh faisant la guest star dans la première. Prétentieux donc rigolo mais l'ennui avec les nanars bollywoodiens c'est leur durée un peu trop conséquente.



Nazar, Soni Razdan, 2005
Première et à ce jour unique réalisation de l'actrice Soni Razdan. Une histoire de serial killer résolue par une star de la chanson qui se découvre soudain la proie de visions effrayantes (elle voit les meurtres avant qu'ils arrivent). C'est grotesque, avec là encore plein de tics de mise en scène ridicules aux influences mal digérées. L'enquête policière n'est pas crédible pour deux sous, les acteurs sont mauvais (mention spéciale au beau gosse de service, Ashmit Patel, expressif comme une peau de phoque) et les quatre pauvres chansons qui parsèment le film sont passablement vulgaires.


Meera, top model et star du cinéma pakistanais, tient ici la vedette et la caméra a beau lui faire les yeux doux quand elle danse en sari mouillé, la façon qu'elle a de jouer la panique fait plutôt de la peine. Ça se laisse voir si on oublie jusqu'à la simple existence du mot "exigeance". La conclusion en particulier vaut  le détour : on a droit évidemment à la révélation de l'identité du tueur et à l'affrontement ultime avec un suspense moisi de poursuite, faisandé par des fausses morts à la chaîne. Aberrant.

18 août 2015

La Désillusion cinématographique

Explorers, Joe Dante, 1985
Avec : River Phoenix, Ethan Hawke, Dick Miller, Robert Picardo...

Suite au phénoménal succès de Gremlins (1984), Joe Dante est devenu la coqueluche de Hollywood, responsable d'un des films les plus rentables de son temps. La Warner tente alors de l'intéresser en vain à son nouveau gros projet : l'adaptation cinémato-graphique de Batman (dont héritera finalement Tim Burton). Mais c'est la Paramount — et en son nom Jeffrey Katzenberg — qui va emporter la mise avec Explorers

Le scénario d'Eric Luke plaît très vite à Dante qui se met au travail avec enthousiasme. Malheureusement, en pleine production, Katzenberg est appelé à rejoindre les studios Disney, laissant ainsi le chantier sous la responsabilité d'une nouvelle équipe et transformant en cauchemar ce qui s'annonçait comme une partie de plaisir.

On comprend que Dante ait été séduit par le récit proposé. Explorers met en effet en scène trois enfants fans de sous-culture vivant en décalage avec leur environnement. Les rêves de Ben sont nourris par les vieux films de science-fiction que diffuse une télévision allumée même la nuit, influençant directement son inconscient. On recroisera encore ce personnage de gamin banlieusard et cinéphile dans Panic sur Florida beach (1993) et Small soldiers (1998), comme autant de portraits à peine voilés du jeune Joe Dante...


Lire la critique complète du film et le test DVD sur DVDClassik.



DOSSIER JOE DANTE :
I. Joe Dante et les Gremlins d'Hollywood
II. Filmographie (prochainement...)