Première collaboration entre Tsui Hark et un Jet Li âgé de 26 ans, déjà auréolé du succès de ses films sur les moines Shaolin. Sans doute dans une volonté d'en favoriser l'exportation, le film est tourné à Los Angeles mais échoue à exploiter le caractère emblématique de la cité. Entre ruelles anonymes et terrains vagues, on pourrait aussi bien se croire à Toronto, ville souvent exploitée par l'industrie HK pour figurer les États-unis à peu de frais. À l'arrivée, avec ses loubards au look de carnaval, la vision de l'Amérique proposée ici par Tsui Hark semble devoir davantage à Double dragon et Final fight qu'à Hollywood. Le résultat souffre en fait d'un manque d'ambition sur tous les plans.
On cesse vite de relever les incohérences d'un script sans queue ni tête, prétexte à créer des scènes de bagarre autour de personnages dont les motivations nous échappent souvent. La mise en scène se montre nerveuse, exploitant la grâce et la rapidité de Jet Li et Yuen Wah face à la brutalité de leurs méchants adversaires occidentaux, dominés par un big boss impayable (tant par le mulet de premier choix qu'il arbore sans complexe que par son jeu dénué de la moindre subtilité). On appréciera donc des affrontements réguliers dans des situations variées, profitant à chaque fois de la spécificité des lieux et des accessoires qui y traînent, allant généreusement jusqu'à inclure des poursuites motorisées. Les coups sont violents, parfois même sanglants, contrastant avec l'humour plutôt bon enfant du film. On ne s'ennuie donc pas, mais The Master ne déborde jamais du cadre de la série B de videoclub, distrayante mais idiote.
On cesse vite de relever les incohérences d'un script sans queue ni tête, prétexte à créer des scènes de bagarre autour de personnages dont les motivations nous échappent souvent. La mise en scène se montre nerveuse, exploitant la grâce et la rapidité de Jet Li et Yuen Wah face à la brutalité de leurs méchants adversaires occidentaux, dominés par un big boss impayable (tant par le mulet de premier choix qu'il arbore sans complexe que par son jeu dénué de la moindre subtilité). On appréciera donc des affrontements réguliers dans des situations variées, profitant à chaque fois de la spécificité des lieux et des accessoires qui y traînent, allant généreusement jusqu'à inclure des poursuites motorisées. Les coups sont violents, parfois même sanglants, contrastant avec l'humour plutôt bon enfant du film. On ne s'ennuie donc pas, mais The Master ne déborde jamais du cadre de la série B de videoclub, distrayante mais idiote.
Par sa façon de jouer sur l'opposition Orient / Occident, à base de gags puérils où le Chinois naïf se retrouve plongé dans un monde dont les codes lui échappent, mais aussi par sa façon d'interroger les raisons qui poussent à émigrer — la promesse déçue d'un monde meilleur — le film se présente comme un décalque évident de La Fureur du dragon également produit par Golden Harvest. Il est ainsi symptomatique de la carrière en construction de Jet Li, destiné presque malgré lui à se voir projeté dans l'héritage laissé vacant de Bruce Lee. De nombreuses scènes jouent la carte du remake sans l'assumer, et l'on ne s'étonnera pas de voir le talent de Jet Li trouver son meilleur écrin lorsqu'il sera temps pour lui de reprendre fièrement le flambeau avec Fist of legend (Gordon Chan, 1994), somptueuse apothéose du genre.
Once upon a time in China (Il était une fois en Chine), Tsui Hark, 1991
Réinvestissant la figure de Wong Fei-Hong, un personnage emblématique du kung fu pian, Tsui Hark redonne ses lettres de noblesse à un genre un peu passé de mode au cours de la décennie précédente, dominée par les polars urbains. Il était une fois en Chine offre un spectacle grandiose tant dans la forme que dans le fond, une plongée passionnante dans une époque de lutte entre tradition et modernité, alors que la Chine s'ouvre malgré elle à l'Occident et rattrape l'inéluctable marche du temps. Au cœur de ces soubresauts, Maître Wong joue à la fois le rôle du témoin qui tente d'accompagner l'évolution, et celui de gardien des traditions, préservant la société des risques de corruption. Loin du jeune pitre qu'en firent Jackie Chan et Yuen Woo-Ping à la fin des 70's, Jet Li incarne un Wong Fei-Hong qui impose une autorité tranquille par sa seule présence. Humour, sens du danger, caractérisation réussie des disciples (parmi lesquels l'électron libre Yuen Biao), le film régale par son intrigue complexe — comme souvent chez Hark — avec des idées suffisamment nombreuses pour que l'intérêt ne se résume pas à attendre les seuls passages spectaculaires. Les scènes d'action, chorégraphies à l'inventivité folle multipliant les effets de câble, exploitent à merveille la grâce de Jet Li.
Ce sera un énorme succès que le cinéaste-producteur va s'empresser d'exploiter en tournant plusieurs films dans la foulée, mais pas dans la précipitation pour autant, chaque volet offrant un spectacle riche et soigné, et continuant à développer les relations entre le maître, ses disciples, ses ennemis et sa tante (délicieuse Rosamund Kwan), avec un côté serial de luxe. Il était une fois en Chine 2 (1992) se bonifie à chaque vision, et Il était une fois en Chine 3 (1993) est très impressionnant. Tsui Hark et Jet Li passeront le relais pour le 4e volet (1993), le rôle étant confié au petit protégé Chiu Man-Cheuk qui s'en sortira fort honorablement. Hark reprendra la main sur Il était une fois en Chine 5 : Dr Wong et les pirates (1994), dont j'ai un souvenir déjà lointain de chouettes ambiances. Jet Li réendossera son rôle sous la direction de Sammo Hung avec Il était une fois en Chine 6 : Dr Wong en Amérique (1997), dernier round en forme de conquête de l'Ouest. Mais à cette date, Jackie Chan avait déjà remis les pendules à l'heure en reprenant son rôle du jeune Wong pour l'extraordinaire Drunken master 2 (1994).
DOSSIER KINGS OF HONG KONG :
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