Twin dragons, Tsui Hark & Ringo Lam, 1992
Après une décennie 80 où il est parvenu à s'imposer en tant que producteur et metteur en scène, Jackie Chan remet son talent au service d'autres réalisateurs à la forte personnalité. Que ressort-il de cette association prometteuse sur le papier ? Un film relativement amusant, qui propose à parts à peu près égales action et comique de situation. Entre deux scènes de cascades, le récit prend la forme d'un vaudeville avec ces deux frères jumeaux aux tempéraments opposés, contraints de jouer les sosies et d'échanger leurs identités, dupant sans le vouloir aussi bien leurs amoureuses que la pègre. Dans des rôles peu flatteurs, Maggie Cheung et Nina Li-Chi sont charmantes, et on s'amusera à repérer les cameos non seulement des deux réalisateurs crédités mais aussi de pleins de confrères parmi lesquels John Woo, Liu Chia-Lang, Yuen Woo-Ping (qui cosigne les chorés avec Ching Siu-Tung) ou Kirk Wong.
Si le scénario multiplie les quiproquos, on est évidemment loin de Billy Wilder. Les auteurs semblent tellement fiers de cette idée des jumeaux qu'ils surexploitent le filon, allongeant déraisonnablement la longueur des scènes où Chan joue avec lui-même. L'illusion fonctionne. Les personnages se touchent, se passent des accessoires. La caméra reste constamment en mouvement pour filmer ce ballet virtuose, et n'a donc pas trop à rougir par rapport à ce qu'avaient réussi dans ce domaine Zemeckis (Back to the future 2 et 3) ou Cronenberg (Dead ringers). Autre preuve de cette difficulté à équilibrer la recette, le dernier tiers du film, davantage orienté action, finit lui aussi par lasser, appuyant lourdement sur les mêmes effets de substitution entre le frère coriace et son jumeau inapte à la bagarre. Loin d'être déshonorant, le résultat manque de finesse et de grandeur, pas vraiment à la hauteur des attentes d'une telle affiche.
Si le scénario multiplie les quiproquos, on est évidemment loin de Billy Wilder. Les auteurs semblent tellement fiers de cette idée des jumeaux qu'ils surexploitent le filon, allongeant déraisonnablement la longueur des scènes où Chan joue avec lui-même. L'illusion fonctionne. Les personnages se touchent, se passent des accessoires. La caméra reste constamment en mouvement pour filmer ce ballet virtuose, et n'a donc pas trop à rougir par rapport à ce qu'avaient réussi dans ce domaine Zemeckis (Back to the future 2 et 3) ou Cronenberg (Dead ringers). Autre preuve de cette difficulté à équilibrer la recette, le dernier tiers du film, davantage orienté action, finit lui aussi par lasser, appuyant lourdement sur les mêmes effets de substitution entre le frère coriace et son jumeau inapte à la bagarre. Loin d'être déshonorant, le résultat manque de finesse et de grandeur, pas vraiment à la hauteur des attentes d'une telle affiche.
Green snake, Tsui Hark, 1993
En 1996, la Cinémathèque française programmait la rétrospective d'un cinéaste dont je n'avais jamais entendu parler, encore dissimulé par l'ombre d'un John Woo, qu'il avait produit. C'est avec Green snake que s'est faite ma rencontre avec le cinéma de Tsui Hark, et rien que pour ça, ce titre conserve une place à part. Dès l'ouverture, je fus captivé, basculant dans un monde époustouflant, fait de mouvements gracieux et de couleurs fabuleuses. Dans le rôles des femmes-serpents tentatrices dont les sentiments vont entrer en lutte avec leur nature, Maggie Cheung et Joey Wong sont superbes et surtout filmées avec beaucoup de sensualité. Face à elles, le jeune moine Chiu Man-Cheuk mettra toute sa volonté au combat, sa foi mise à l'épreuve. Le tout aboutit à un spectacle délirant à la photographie somptueuse, aux chorégraphies signées Yuen Bun (The Blade). Les affrontements se font aériens, les étoffes virevoltent, procurant un véritable envoûtement des sens. La musique de l'incontournable James Wong est magnifique, notamment le thème principal, très mélancolique.
Tsui Hark ne recule devant aucune idée folle, même s'il n'en a pas les moyens techniques et financiers (on appellera ça le syndrome Zu). C'est l'aspect qui fait peut-être le plus mal à la revoyure. Difficile en effet de passer outre certains effets bricolés parfois risibles, au sein de décors souvent envahis de machines à fumée comme autant de cache-misère. Le déluge final, festival d'incrustations approximatives, pique un peu les yeux. Mais je ne renie pas mes premières impressions et le souvenir de cette mémorable rencontre avec le cinéaste.
The Lovers, Tsui Hark, 1994
Etonnant prolongement de la veine romanesque initiée dans Green snake, mais en évacuant le fantastique, les combats et les besoins en effets spéciaux. Tsui Hark s'investit dans l'histoire d'un amour légendaire, avec ces amours contrariés à la Tristan et Iseult, Héloïse et Abelard ou Romeo et Juliette. Si la romance pourra paraître un peu naïve, le couple incarné par Charlie Young et Nicky Wu est absolument charmant, passant de l'insouciance juvénile et maladroite à la sérénité complice. Le cinéaste nous invite à observer patiemment l'évolution de leur relation, en parallèle d'un apprentissage de traditions qui finalement ne feront que nourrir leur émancipation. La naissance des sentiments sera d'autant plus troublante et sincère qu'elle se fera malgré l'apparence de garçon endossée par la jeune fille.
En bravant les règles de l'école, en trichant et en s'accusant à la place de l'autre, les amants construisent leur union. Perfectionnant leur art poétique, ils deviennent maîtres de leur destin jusqu'à ne faire plus qu'un. Ils pourront alors faire face au conflit familial avant de nous entraîner dans un étonnant final aussi cataclysmique que poétique. C'est donc un film plutôt intimiste, se déroulant dans un lointain passé qui lui permet de se montrer plutôt opulent dans ses décors et costumes, mais sans pour autant multiplier les décors ni oublier les paysages naturels. Le brio constant de la mise en scène de Tsui Hark achève d'emballer le tout.
En bravant les règles de l'école, en trichant et en s'accusant à la place de l'autre, les amants construisent leur union. Perfectionnant leur art poétique, ils deviennent maîtres de leur destin jusqu'à ne faire plus qu'un. Ils pourront alors faire face au conflit familial avant de nous entraîner dans un étonnant final aussi cataclysmique que poétique. C'est donc un film plutôt intimiste, se déroulant dans un lointain passé qui lui permet de se montrer plutôt opulent dans ses décors et costumes, mais sans pour autant multiplier les décors ni oublier les paysages naturels. Le brio constant de la mise en scène de Tsui Hark achève d'emballer le tout.
DOSSIER KINGS OF HONG KONG :
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