19 janvier 2019

Kings of Hong Kong I. 1984-1986

Aces go places III, our man from Bond street (Mad mission 3), Tsui Hark, 1984 
Un spectacle épatant et très bon enfant, mené tambour battant et rempli à craquer de gags et d'action. L'impression de rythme frénétique est en réalité renforcée par le charcutage impitoyable de la version française, qui zappe une bonne dizaine de minutes de film. Sam Hui est irrésistible en voleur à la cool, ne se départissant jamais de son sourire même dans les situations de danger. Le film ne se prend jamais au sérieux, multipliant les effets spéciaux, les gadgets improbables et les comportements idiots des personnages, avec un mauvais esprit typique de cet humour cantonais qui ne connaît pas la finesse.

La franchise Mad Mission étant conçue comme une parodie des films de James Bond, le scénario de cet opus s'offre le luxe de convoquer sosies et authentiques acteurs venus autant de l'univers de 007 (Richard Kiel) que de Mission : impossible (Peter Graves). C'est là d'ailleurs où le doublage français s'apprécie, quand le sosie de Sean Connery s'exprime avec la voix de son doubleur officiel. J'oserais même jusqu'à écrire qu'on n'est pas très loin non plus de l'esprit des Panthère rose avec ses cascades burlesques et ces plans machiavéliques déjoués par la bêtise. Dans ce qui reste un film de commande, on ne retrouve pas vraiment la patte de Tsui Hark, sauf peut-être dans cette scène de vol au-dessus de la ville qui rappellera les inoubliables incrustations atroces à la fin de Zu, les guerriers de la Montagne magique (1983), coup fatal porté au spectateur le plus tolérant.




Aces go places IV, you never die twice (Mad mission IV, rien ne sert de mourir), Ringo Lam, 1986 
Tourné entre Hong Kong et la Nouvelle-Zélande, ce 4e volet paraît, comparativement au précédent, un peu plus cheap. Techniquement, la réalisation de Ringo Lam dissimule moins bien le manque de moyens, perd un peu de prestance. Le scénario n'est pas aussi agréablement délirant et on commence même dangereusement à s'approcher du nanar. Le fait de s'inscrire dans le registre de la parodie n'excuse pas la paresse d'écriture. Le film donne l'impression d'enfiler consciencieusement tous les clichés possibles du genre, et si on rit ce n'est pas de l'intelligence de ces trouvailles. Le niveau a également baissé du côté des guest stars, le vilain de service étant interprété par le nazi qui dans Les Aventuriers de l'arche perdue se brûlait la main en retirant le médaillon du feu. Son plan de domination du monde est bien crétin, son rire ridicule et sa base secrète minable.

En revanche, là où le film laisse stupéfait, c'est dans la folie de ses cascades : poursuite entre un hors-bord et un hélico, bagnole qui saute du toit d'un immeuble, corps-à-corps énervés et chutes particulièrement violentes qui rompent avec le côté spectacle familial initial. Le plus dingue étant le sort cruel (mais drôle) réservé au gamin de Karl Maka et Sylvia Chang qui est pendu dans le vide par les pieds et impitoyablement balloté d'étage en étage.



DOSSIER KINGS OF HONG KONG :

2 commentaires:

otto rivers a dit…

A noter que les versions de HK et les versions internationales sont des montages différents. En voulant mettre la VF sur les récents blu-rays HK on se rend compte que, surtout pour le n°3, c'est impossible tant les films sont différents. Pour le 4 l'intro n'est même pas du tout dans la version de HK, il n'y a que des blancs juste pour nous faire plaisir à nous gaïjin. Étrange ces histoires de versions spéciales pour l'exportation.

Elias FARES a dit…

Ah oui, c'est même pas des coupes, mais carrément des scènes alternatives ! Je ne sais pas pourquoi une bonne part du cinéma asiatique est victime de cette volonté d'occidentalisation (enfin si, je sais que les distributeurs se persuadaient de pouvoir en favoriser l'exportation, mais ils auraient mieux fait de s'intéresser à d'autres continents).

É.