Sur le papier, Redacted procède d'une respectable ambition. Également inspiré de faits réels, le film pourrait donner l'impression de n'être que le prolongement d'Outrages dans sa dénonciation des crimes de guerre. Mais nous sommes loin du Vietnam, conflit sans images, et De Palma trouvait là un prétexte pour se mettre en phase avec une époque de multiplication des supports de communication. Pour pallier la censure des institutions, il faut rendre à l'image son statut de témoin, en interroger les filtres. Le résultat est un film puzzle qui, par sa déconstruction prétend mieux dire la vérité que les images officielles, autorisées par le gouvernement et les grands médias. Le mensonge des administrations est un sujet qui a très tôt habité De Palma, et sa sincérité sur ce projet est incontestable. Il est intéressant de voir ce grand formaliste qu'est De Palma s'autoriser une approche qui pousse à une apparente indistinction du rendu. Sauf qu'évidemment, ici tout est fabriqué, et il nous faut faire avec le jeu des acteurs (inconnus) qui suivent un scénario forcément démonstratif, et des choix de montage signifiants.
Là où le réalisateur touche juste, c'est lorsqu'il quitte le champ de bataille et laisse s'exprimer dans la sphère de l'intime le traumatisme du vétéran, face à une société qui n'est peut-être pas prête à l'entendre. Alors que l'Amérique s'efforce de montrer un front commun dans le deuxième conflit irakien, se mettant le reste du monde à dos, De Palma sait qu'il prend ici des risques. Et c'est l'inévitable échec pour cette modeste production à contrecourant, survenant pourtant à un moment où le style found footage redevient tendance à Hollywood, pour le meilleur et pour le pire : Rec, Paranormal activity, Diary of the dead, Cloverfield. Par sa nature de faux document brut, le film s'interdit logiquement tout recours à la musique originale, donc ce sera le seul titre de cette retrospective où je n'aurais pas de commentaire à faire à ce sujet.
Là où le réalisateur touche juste, c'est lorsqu'il quitte le champ de bataille et laisse s'exprimer dans la sphère de l'intime le traumatisme du vétéran, face à une société qui n'est peut-être pas prête à l'entendre. Alors que l'Amérique s'efforce de montrer un front commun dans le deuxième conflit irakien, se mettant le reste du monde à dos, De Palma sait qu'il prend ici des risques. Et c'est l'inévitable échec pour cette modeste production à contrecourant, survenant pourtant à un moment où le style found footage redevient tendance à Hollywood, pour le meilleur et pour le pire : Rec, Paranormal activity, Diary of the dead, Cloverfield. Par sa nature de faux document brut, le film s'interdit logiquement tout recours à la musique originale, donc ce sera le seul titre de cette retrospective où je n'aurais pas de commentaire à faire à ce sujet.
Passion, 2012
J'ignore ce que vaut le thriller de Corneau que De Palma remake ici (Crime d'amour, sorti deux ans plus tôt à peine) et dont il signe seul l'adaptation, mais c'est peu de dire que le résultat ne convainc pas de sa nécessité. Traitant des rapports de domination, l'intrigue peine à prendre de l'ampleur, et la volonté d'en faire quelque chose d'un tant soit peu sulfureux est tragiquement contrebalancée par le choix de placer ses personnages dans des décors froids et inhumains. Personnages qui demeurent ébauchés à l'état de pantin, pauvrement définis par... leur couleurs de cheveux (après la blonde et la brune, la dernière membre du trio féminin sera forcément rousse). Aucun trouble, aucun frisson dans ces variations pseudo-hitchockiennes franchement indignes des précédentes tentatives dans ce domaine de De Palma. Les actrices ne semblent pas dirigées. J'aurais pu juger Rachel McAdams mauvaise si elle ne m'avait pas déjà impressionné dans True Detective. Quant à Noomi Rapace qui écope du rôle le plus difficile, son interprétation semble constamment desservie par les choix de mise en scène. Et lorsque le film s'achève enfin sur un faux final grotesque et invraisemblable, le spectateur a depuis longtemps cessé de se passionner.
De Palma ne profite en rien de la photographie de José Luis Alcaine. Rien ne se retrouve dans son film du talent de coloriste du chef-opérateur attitré d'Almodovar. Et je bloque sur ce choix inexpliqué d'un basculement brutal au milieu du récit dans une autre esthétique, où les arrières-plans se retrouvent soudainement envahis d'ombres de stores vénitiens. Reste la vague excitation de retrouver au générique le nom de Pino Donaggio qui n'avait plus travaillé avec De Palma depuis Raising Cain. Mais de l'eau a passé sous les ponts et si certains thèmes s'avèrent plaisants, le compositeur italien apparaît en petite forme, recourant aussi à des sonorités électroniques et à du saxophone douteux qui renforce cette triste impression de tout petit thriller :
De Palma ne profite en rien de la photographie de José Luis Alcaine. Rien ne se retrouve dans son film du talent de coloriste du chef-opérateur attitré d'Almodovar. Et je bloque sur ce choix inexpliqué d'un basculement brutal au milieu du récit dans une autre esthétique, où les arrières-plans se retrouvent soudainement envahis d'ombres de stores vénitiens. Reste la vague excitation de retrouver au générique le nom de Pino Donaggio qui n'avait plus travaillé avec De Palma depuis Raising Cain. Mais de l'eau a passé sous les ponts et si certains thèmes s'avèrent plaisants, le compositeur italien apparaît en petite forme, recourant aussi à des sonorités électroniques et à du saxophone douteux qui renforce cette triste impression de tout petit thriller :
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