Dans la famille « les outsiders coups de cœur », voilà sans doute l'un des titres les moins considérés de la filmographie de De Palma, courageuse adaptation, inévitablement appauvrie, du monument de Tom Wolfe. L'auteur de L'Étoffe des héros y offrait une satire véritablement hénaurme et grinçante de la société newyorkaise de cette fin des années 80, miroir à peine déformant du politiquement correct renvoyant impitoyablement tout le monde dos à dos. Porté à l'écran, ça donne un film que je trouve plutôt brillant dans sa première partie (et pas seulement son incroyable plan-séquence d'ouverture), contenant encore de beaux morceaux par la suite bien que se délitant un peu.
Le rythme y est particulièrement enlevé, avec un côté classique de la comédie hollywoodienne, et on sent que le réalisateur s'amuse autant que ses acteurs, gage d'un plaisir communicatif. Ne craignant déjà pas les rôles à contre-emploi, Tom Hanks me régale, personnage complétement dépassé par les événements (la scène où il pête les plombs lors de la party est complétement délirante). Melanie Griffith de son côté interprète une superbe gourde. Bref, on est dans du divertissement de haut vol, et ça reste qui plus est toujours filmé avec brio. Pour la musique, De Palma fait appel à Dave Grusin qui compose un thème plein d'élégance, forcément jazzy et teinté d'une discrète ironie :
Raising Caïn (L'Esprit de Caïn), 1992
Un film qui m'a toujours semblé mal-aimé, mais devant lequel je n'ai jamais boudé mon plaisir tant il enchaîne les morceaux de bravoure cinématographique. Alors oui, c'est à voir comme un pur exercice de style avec tout ce que cela comporte de gratuité (le plan séquence avec la psy, ainsi que le climax sur le parking du motel sont d'étonnants moments quasi abstraits). Je le place donc aux côtés de Body double, Pulsions et Femme fatale, c'est-à-dire dans cette famille des films depalmiens portés par une très grande inventivité formelle mais dont le scénario est plein de trous.
Le réalisateur se serait inspiré du Voyeur de Powell pour écrire son scénario (les expériences du père sur son fils), ainsi que d'une histoire d'adultère qu'il a lui-même vécu (la femme mariée avec qui il couchait s'étant une fois endormie chez lui). Le film mettant en scène un monstre devient ainsi lui-même une sorte de monstruosité, avec un scénario et une construction particulièrement tordus. Le bouleversement de la chronologie aurait d'ailleurs beaucoup influencé Tarantino.
Le réalisateur se serait inspiré du Voyeur de Powell pour écrire son scénario (les expériences du père sur son fils), ainsi que d'une histoire d'adultère qu'il a lui-même vécu (la femme mariée avec qui il couchait s'étant une fois endormie chez lui). Le film mettant en scène un monstre devient ainsi lui-même une sorte de monstruosité, avec un scénario et une construction particulièrement tordus. Le bouleversement de la chronologie aurait d'ailleurs beaucoup influencé Tarantino.
Si je me refuse également à me montrer trop sévère avec ce titre en particulier, c'est parce que je suis particulièrement reconnaissant au cinéaste d'avoir développé ce projet pour mettre à l'honneur le talent de John Lithgow. J'imagine que s'il l'a régulièrement fait tourner (Obsession, Blow out), c'est bien qu'il l'appréciait, et je ne crois pas que l'acteur ait eu tant d'opportunités pour être tête d'affiche à Hollywood, ayant quand même un physique particulier (et quand je pense à lui, c'est aussi sa magnifique prestation dans Le Monde selon Garp qui me vient en tête). C'est d'autant plus osé que De Palma est alors dans une période difficile, et après les cuisants échecs d'Outrages et surtout du Bûcher des vanités, il ne choisit toujours pas la facilité. Dans ses entretiens, le cinéaste comparait la réception de son film à L'Hérétique de Boorman : « Boorman et moi avons le même problème avec le public, nos films sont tellement baroques, tellement stylisés, que les gens ont ri aux mauvais endroits. » Pour ce retour au thriller vénéneux, De Palma retrouve celui qui l'a si bien servi sur ce sujet, son vieux complice Pino Donaggio, avec lequel il n'avait plus collaboré depuis Body double (1984). Le résultat mérite d'être réévalué :
Carlito's way (L'impasse), 1993
Retour au chef-d'œuvre incontestable, après plusieurs films difficiles boudés par le public et la critique. Je me souviens qu'il fit la couverture de Positif, dont l'éloge m'avait particulièrement marqué. Scénario, photographie, mise en scène, interprétation, musique... De Palma semble ici touché par la grâce, accouchant d'une œuvre immense, superbe par son ton mélancolique et sa dimension tragique.
C'est un polar fiévreux, riche de péripéties et étonnamment crédible par son goût du détail, adaptation par David Koepp de plusieurs volumes mettant en scène le personnage de Carlito Brigante. C'est aussi une extraordinaire galerie de portraits, parfois pathétiques mais tous inoubliables : Luis Guzman, Sean Penn, Viggo Mortensen, John "Benny Blanco from the Bronx" Leguizamo. Du très grand art, et la nouvelle preuve que lorsque De Palma choisit un compositeur, ce dernier a des chances de livrer une de ses œuvres majeures. Ainsi ici avec le rare mais précieux Patrick Doyle, qui signe un chant funèbre et poignant qui exprime pleinement le destin tragique du protagoniste :
C'est un polar fiévreux, riche de péripéties et étonnamment crédible par son goût du détail, adaptation par David Koepp de plusieurs volumes mettant en scène le personnage de Carlito Brigante. C'est aussi une extraordinaire galerie de portraits, parfois pathétiques mais tous inoubliables : Luis Guzman, Sean Penn, Viggo Mortensen, John "Benny Blanco from the Bronx" Leguizamo. Du très grand art, et la nouvelle preuve que lorsque De Palma choisit un compositeur, ce dernier a des chances de livrer une de ses œuvres majeures. Ainsi ici avec le rare mais précieux Patrick Doyle, qui signe un chant funèbre et poignant qui exprime pleinement le destin tragique du protagoniste :
DOSSIER BRIAN DE PALMA :
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