La sensation de liberté qui se dégage du film est si totale qu'elle aurait presque davantage tendance à plomber le spectateur qu'à le griser. Et j'ai bien l'impression que c'est justement là le propos de Gilliam, nous ramenant constamment vers la pesanteur des choses terrestres. Son héroïne s'accroche en effet vaille que vaille à ses rêveries dans l'espoir de transfigurer la réalité bien sordide qui l'entoure, mais ses efforts semblent vains et elle finit toujours par y replonger. Cette dynamique n'en est cependant pas moins répétitive, et sans doute le film est-il trop long. Peut-être aussi peut-on mettre en cause la jeune actrice dont le jeu manque un peu de naturel.
J'en retiens aussi la jolie musique de Mychael et Jeff Danna, la très belle photographie pleine de références picturales, proche des illustrations de contes pour enfants, avec un magistral usage du format scope, tant dans les scènes d'intérieur — l'appartement des parents au tout début — que dans les plans de Nature.
Pas de doute, on est bien chez Gilliam, mais on sent clairement qu'il y a eu une évolution depuis Time bandits, Brazil et The Fisher king qui proclamaient tous la victoire de l'imagination sur la dictature de la raison. Tideland exprime quelque chose de tristement désabusé, et la dernière scène reste assez ouverte quant aux enseignements qu'on pourrait en tirer. Ce faux conte pour enfants, qui dit et montre des choses assez dures, contient tout de même des moments très forts, nés justement de cet étrange et perturbant mélange entre la crudité de certaines situations et ce besoin malgré tout vital de croire encore et toujours au merveilleux.
J'en retiens aussi la jolie musique de Mychael et Jeff Danna, la très belle photographie pleine de références picturales, proche des illustrations de contes pour enfants, avec un magistral usage du format scope, tant dans les scènes d'intérieur — l'appartement des parents au tout début — que dans les plans de Nature.
Pas de doute, on est bien chez Gilliam, mais on sent clairement qu'il y a eu une évolution depuis Time bandits, Brazil et The Fisher king qui proclamaient tous la victoire de l'imagination sur la dictature de la raison. Tideland exprime quelque chose de tristement désabusé, et la dernière scène reste assez ouverte quant aux enseignements qu'on pourrait en tirer. Ce faux conte pour enfants, qui dit et montre des choses assez dures, contient tout de même des moments très forts, nés justement de cet étrange et perturbant mélange entre la crudité de certaines situations et ce besoin malgré tout vital de croire encore et toujours au merveilleux.
The Imaginarium of Doctor Parnassus (L'Imaginarium du Docteur Parnassus), 2009
Tout au long de sa chaotique carrière, Gilliam est malgré les avanies de production plus ou moins parvenu à faire en sorte que ses films fonctionnent. Celui-ci prend l'eau de toutes parts : personnages insuffisamment développés, narration bancale, trop de place accordée à des visions fantasmatiques aux effets visuels techniquement pas très aboutis, et forcément moins poétiques que ce qu'auraient donné des effets mécaniques à l'ancienne. J'ai de loin préféré le rendu des scènes réalistes et de ce Londres transfiguré, et toutes les scènes autour et à l'intérieur du chariot brinquebalant sont des réussites, précisément parce que les décors existent, s'imposent et accueillent les mouvements des personnages.
Le point de départ était pourtant prometteur, et on sent dès les premières minutes tout ce qui a pu inspirer le cinéaste dans cette histoire qui puise là encore à de multiples sources et traditions. Le Docteur Parnassus est un magicien de foire proche du Dr. Lao de George Pal (The Seven faces of Dr. Lao, 1964), davantage médiateur d'émotions qu'illusionniste auprès de son public. En jeune assistant, Andrew Garfield impose déjà tout son talent, et j'ai beaucoup aimé l'interprétation touchante de Lily Cole, vraie révélation du film dont elle incarne la figure la plus émouvante... malheureusement elle aussi bientôt sacrifiée au profit d'un délire visuel de plus en plus pesant.
Le point de départ était pourtant prometteur, et on sent dès les premières minutes tout ce qui a pu inspirer le cinéaste dans cette histoire qui puise là encore à de multiples sources et traditions. Le Docteur Parnassus est un magicien de foire proche du Dr. Lao de George Pal (The Seven faces of Dr. Lao, 1964), davantage médiateur d'émotions qu'illusionniste auprès de son public. En jeune assistant, Andrew Garfield impose déjà tout son talent, et j'ai beaucoup aimé l'interprétation touchante de Lily Cole, vraie révélation du film dont elle incarne la figure la plus émouvante... malheureusement elle aussi bientôt sacrifiée au profit d'un délire visuel de plus en plus pesant.
Le vrai raté vient du traitement du personnage de Tony, dont l'évolution apparaît plutôt incohérente, fruit de l'inévitable réécriture due à la disparition d'Heath Ledger, que j'étais content de revoir travailler avec Gilliam. Arraché à la mort et à son destin, le type rend de vrais services, se montre avisé dans son discours, et semble sincèrement sur un chemin de rédemption. Son basculement progressif du côté obscur, tombant le masque, n'est que peu convaincant, éclipsant même la figure du diable (Tom Waits, délicieux) qui aurait du chapeauter tout ce petit monde. On finit par ne plus trop saisir ce que veut vraiment raconter le film, et je crois avoir déjà oublié le sens de son épilogue. Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est un film raté, mais aurais presque tendance à le considérer comme un work in progress. Et puis encore un très chouette score à mettre au crédit des frères Danna.
DOSSIER TERRY GILLIAM :
VI. Filmographie 2013-2018 (prochainement...)
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