16 août 2018

The Best offer, Giuseppe Tornatore, 2013

La Migliore offerta (The Best offer), Giuseppe Tornatore, 2013
Avec : Geoffrey Rush, Sylvia Hoeks, Jim Stugess, Donald Sutherland...


Malgré mon adoration pour Cinema paradiso, je n'ai jamais été plus que ça intéressé par le reste de la filmographie de Giuseppe Tornatore. Passé Marchand de rêves, je n'ai donc plus rien vu de lui et j'ignorais complètement l'existence de ce Best offer. On m'avait un peu survendu ce titre, et ça a plutôt fait illusion pendant les 3/4 du film.

J'ai adoré cet univers feutré et codifié du commissaire-priseur, plutôt rarement traité au cinéma. Tout le récit assénant son discours sur le faux, l'authenticité, le caché et le visible, on sait qu'on va assister d'une façon ou d'une autre à une manipulation d'envergure. Il est évident pour le spectateur que les rouages de l'automate, patiemment assemblés au cours du film, sont autant d'appâts, semés à dessein pour que Virgil les trouve. J'ai bien aimé aussi la façon de filmer les lieux et les mêmes coins de la ville. L'histoire se passe clairement à Rome, mais il me semble que le nom de la ville n'est jamais évoqué et n'y voir évoluer que des personnages anglais crée une bizarrerie qui fonctionne plutôt bien avec l'idée d'un univers un peu factice. Enfin, la façon dont Geoffrey Rush se laisse progressivement gagner par des émotions et une fièvre inconnues de lui est plutôt bien montrée.

Mais... lorsqu'arrive le moment de la révélation, inexplicablement on n'a même pas droit à la séquence typique de ce genre de films où le protagoniste va brutalement nous redonner à voir toutes les scènes passées en reconstituant le hors-champ qui lui avait échappé. Le genre de séquences toujours un peu artificielles mais qui peuvent être jouissives chez un De Palma (Mission : impossible) ou un Mamet (La Prisonnière espagnole). Ici, on se dit juste que le plan des voleurs est abusivement compliqué. Certes, c'est toujours le problème avec ces combines qui présupposent les réactions du pigeon, mais rien ne vient véritablement encourager l'indispensable suspension d'incrédulité pour faire passer la pilule.



C'est donc très clairement le scénario et ses articulations qui pêchent, et peut-être que Tornatore, qui le signe seul, aurait du s'adjoindre un coscénariste pour rendre ça plus efficace. Parce qu'à l'arrivée, la promesse n'est absolument pas tenue et c'est vraiment dommage de finir sur une note aussi déceptive. Alors oui, je me console en me disant que ça fait toujours plaisir de voir encore en 2013 apparaître dans un générique la mention « music composed, arranged and conducted by Ennio Morricone. » Fidèle au réalisateur, le compositeur concocte un joli score, accompagnant bien la dimension de fascination appelée par cette histoire, et clairement empreint de sa patte. J'en retiens en particulier ce thème tout en voix envoûtantes :





GROS SPOILERS /// 
En gros, s'il s'était agit de simplement séduire le vieux beau pour accéder à son appartement, il y avait sans doute moins acrobatique (et je ne vois même plus la raison de s'acharner sur l'automate). Mais évidemment, il n'y aurait dans ce cas pas de film. Le plus dommage est que le récit s'achève sur une fin qui aurait pu être grandiose mais qui ne m'a pas semblé là non plus suffisamment explicite. De ce que j'ai compris, Virgil décide d'aller prendre racine dans ce resto de Prague, sur la foi de cette petite phrase lâchée par Claire lui disant que quoi qu'il arrive elle l'aimera toujours. Il se persuaderait donc que malgré le coup tordu dont il a été victime, cet amour a lui été bien réel. L'idée de ce personnage figé dans le temps et qui persisterait donc dans son aveuglement est plutôt puissante, mais ça aurait pu être un peu mieux appuyé. 
/// FIN GROS SPOILERS

Aucun commentaire: