20 décembre 2018

Le Cinéma de Dario Argento IV. 2005-2006

Jenifer, 2005
Continuant bon gré mal gré à tourner, malgré des sorties de plus en plus confidentielles et une quasi-disparition du cinéma fantastique italien, Dario Argento se voit offrir en ce début de 21e siècle une nouvelle opportunité. Conçue par Mick Garris pour la chaîne câblée Showtime, l'anthologie Masters of horror proposait de confier la réalisation de chaque épisode à de grands noms du fantastique que l'industrie avait un peu perdu de vue. Avec à l'affiche des cinéastes comme Joe Dante, John Carpenter, Tobe Hopper, John Landis ou Don Coscarelli, c'est peu de dire que la première saison fit un peu l'événement.

Si la plupart du temps, les résultats furent plutôt décevants, laissant l'impression d'un rendez-vous manqué, l'épisode signé Argento fait lui partie des grandes réussites. C'est un film extrêmement dérangeant, cru et violent, et c'est même assez surprenant qu'un projet pareil ait été produit par la télévision. Même si certains passages sont relativement prévisibles — la narration qui voit se succéder les victimes étant un peu répétitive — on reste assez fasciné par l'invention de ce personnage inédit qu'est Jenifer. Secondé par d'excellents interprètes, Argento se permet d'aller vraiment loin dans le côte attraction/répulsion, explorant certaines pulsions sans pudeur. Les effets de maquillage du studio KNB achevent de rendre l'expérience visuellement impressionnante. À la bande-son, Claudio Simonetti est de la partie et s'amuse entre autoréférence et accents hermanniens (violons stridents à la PsychoFort.




Pelts (J'aurai leur peau), 2006 
Mick Garris convie ses troupes pour une seconde saison, et la plupart des réalisateurs accepteront de rempiler. Manifestement à l'aise avec la permissivité de la série, Argento enfonce le clou. Au programme de Pelts, donc : du cul et du gore bien complaisants. Le spectacle est assez éprouvant, mais ce goût de l'excès et du grand-guignol est tel qu'il en deviendrait presque amusant, le film prenant alors des allures de comédie macabre, retrouvant en cela le ton des incontournables Contes de la crypte.

Dans son déroulement, il est vrai que le scénario se montre peu imaginatif et relativement moraliste, prenant bien garde de punir ses personnages par là où ils ont péché. Mais les scènes qui s'enchaînent sont plutôt réussies, parvenant à maintenir l'attention. Au casting, Meat Loaf et John Saxon (qui retrouve Argento 25 ans après Tenebre) donnent de leur personne. L'épisode bénéficie d'une belle photographie et s'achève sur un final bien taré.  Bien qu'imparfaits, ces deux contributions d'Argento comptent donc parmi les meilleurs sketchs de cette très inégale anthologie, pourtant prometteuse sur la papier. 



Aucun commentaire: