Il s'agit du moyen-métrage conçu pour le diptyque Two evil eyes (Deux yeux maléfiques), inspiré d'Edgar Allan Poe. Parce que confiée à de grands noms du genre fantastique, ce type d'anthologie de sketchs horrifiques dans l'esprit des Contes de la crypte est souvent prometteuse sur le papier mais emporte rarement la pleine adhésion. Creepshow, La 4e dimension et autres Body bags ont inévitablement leurs moments creux. Dans le cas de ce Two evil eyes, le segment signé George Romero ne compte ainsi pas parmi les réussites du réalisateur de Zombie. C'est un pantouflard film d'adultère à la facture assez pauvre, où l'on sent le réalisateur pas très à l'aise avec son matériau comme avec son décor d'intérieur bourgeois. Placé en seconde position, celui d'Argento est par contre un véritable sommet de terreur qui m'avait énormément impressionné.
Le Chat noir avait précédemment déjà été adapté avec beaucoup de liberté par Richard Oswald (1932), Edgar G. Ulmer (1934), Roger Corman (1962), Sergio Martino (1972) ou encore Lucio Fulci (1981). Argento en propose une approche contemporaine étonnante par sa cruauté, sa violence et sa noirceur. En photographe sans scrupules et obsédé par la mort (un peu comme le Jude Law de Road to perdition), Harvey Keitel y est absolument fabuleux. Ses relations tourmentées avec sa femme sont dépeintes sans concessions. C'est vraiment brutal, viscéral, et les personnages du sketch de Romero apparaissent d'autant plus insipides en comparaison. Jouant adroitement la carte du réalisme le plus cru, Argento impose des visions particulièrement dérangeantes — le meurtre du chat ne quittera jamais mon esprit — et gère avec une grande maîtrise le rythme de son récit, jusqu'à son glaçant dénouement. Au point que j'en viens à considèrer ce moyen-métrage comme un de ses meilleurs films, une de ses œuvres les plus achevées.
Le Chat noir avait précédemment déjà été adapté avec beaucoup de liberté par Richard Oswald (1932), Edgar G. Ulmer (1934), Roger Corman (1962), Sergio Martino (1972) ou encore Lucio Fulci (1981). Argento en propose une approche contemporaine étonnante par sa cruauté, sa violence et sa noirceur. En photographe sans scrupules et obsédé par la mort (un peu comme le Jude Law de Road to perdition), Harvey Keitel y est absolument fabuleux. Ses relations tourmentées avec sa femme sont dépeintes sans concessions. C'est vraiment brutal, viscéral, et les personnages du sketch de Romero apparaissent d'autant plus insipides en comparaison. Jouant adroitement la carte du réalisme le plus cru, Argento impose des visions particulièrement dérangeantes — le meurtre du chat ne quittera jamais mon esprit — et gère avec une grande maîtrise le rythme de son récit, jusqu'à son glaçant dénouement. Au point que j'en viens à considèrer ce moyen-métrage comme un de ses meilleurs films, une de ses œuvres les plus achevées.
La Sindrome di Stendhal (Le Syndrome de Stendhal), 1996
La scène de malaise au musée qui donne son titre au film m'avait marqué et reste sans doute le passage le plus réussi. Je reste néanmoins à l'arrivée sur une impression générale plutôt négative, pour finir par considérer ce Syndrome de Stendhal comme un mauvais giallo. Un film plus tordu que véritablement vertigineux, multipliant tellement abusivement les coups de théâtre dans sa seconde partie, qu'il en devient involontairement comique. Construit comme un whodunnit, le spectacle est particulièrement violent, accompagné par un très beau score de Morricone qui n'avait plus travaillé pour Argento depuis Quatre mouche de velours gris en 1971, et joue une nouvelle fois brillamment sur le décalage.
Sans doute mériterait-il que je le revois à l'occasion. J'ai appris à accepter que les films d'Argento ne soient jamais réussis à 100%, qu'ils aient toujours à un moment où à un autre des dérapages insensés qui déstabilisent. À l'image de ce plan douteux — au sens de gratuit et pas très sérieux — du médicament qu'on suit jusqu'à l'intérieur de la gorge d'Asia Argento, et qui m'évoque un plan tout aussi improbable dans le formidable Knock Off de Tsui Hark, où la caméra plonge jusque dans la basket de Jean-Claude Van Damme avant que sa semelle ne se décolle.
La scène de malaise au musée qui donne son titre au film m'avait marqué et reste sans doute le passage le plus réussi. Je reste néanmoins à l'arrivée sur une impression générale plutôt négative, pour finir par considérer ce Syndrome de Stendhal comme un mauvais giallo. Un film plus tordu que véritablement vertigineux, multipliant tellement abusivement les coups de théâtre dans sa seconde partie, qu'il en devient involontairement comique. Construit comme un whodunnit, le spectacle est particulièrement violent, accompagné par un très beau score de Morricone qui n'avait plus travaillé pour Argento depuis Quatre mouche de velours gris en 1971, et joue une nouvelle fois brillamment sur le décalage.
Sans doute mériterait-il que je le revois à l'occasion. J'ai appris à accepter que les films d'Argento ne soient jamais réussis à 100%, qu'ils aient toujours à un moment où à un autre des dérapages insensés qui déstabilisent. À l'image de ce plan douteux — au sens de gratuit et pas très sérieux — du médicament qu'on suit jusqu'à l'intérieur de la gorge d'Asia Argento, et qui m'évoque un plan tout aussi improbable dans le formidable Knock Off de Tsui Hark, où la caméra plonge jusque dans la basket de Jean-Claude Van Damme avant que sa semelle ne se décolle.
Non ho sonno (Le Sang des innocents), 2001
Un giallo assez soigné, mais n'échappant pas à ce qui semble décidément être une des lois du genre : le peu d'efforts d'Argento et de son coscénariste Franco Ferrini pour assurer la cohérence de leur intrigue, plus préoccupés qu'ils sont par l'inventivité et la cruauté des meurtres que par la façon crédible d'y amener leurs personnages. Ce qui ne favorisera pas l'empathie du spectateur pour les victimes, ni son intérêt pour un polar qui multiplie laborieusement les pistes en espérant mieux dissimuler le plan forcément machiavélique du tueur.
Malgré ça (ou grâce à ça), et c'est tout de même le principal, le film réussit à divertir. Argento s'amuse avec les motifs de son propre cinéma (les figures animales, une scène à l'opéra) et découvre de nouvelles possibilités de gore avec ses poupées de cire. Max Von Sydow a la classe, la musique de Claudio Simonetti a de beaux moments, et les personnages d'apprentis détectives promènent comme souvent chez le cinéaste une décontraction communicative malgré les horreurs que les amène à traverser leur enquête. Bref, une intrigue menée sans trop de sérieux pour quelques moments brillants.
Malgré ça (ou grâce à ça), et c'est tout de même le principal, le film réussit à divertir. Argento s'amuse avec les motifs de son propre cinéma (les figures animales, une scène à l'opéra) et découvre de nouvelles possibilités de gore avec ses poupées de cire. Max Von Sydow a la classe, la musique de Claudio Simonetti a de beaux moments, et les personnages d'apprentis détectives promènent comme souvent chez le cinéaste une décontraction communicative malgré les horreurs que les amène à traverser leur enquête. Bref, une intrigue menée sans trop de sérieux pour quelques moments brillants.
DOSSIER DARIO ARGENTO :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire