Suite au phénoménal succès planétaire d'E.T. le wonderboy Steven Spielberg peut désormais donner libre cours à ses ambitions de mogul, et va à partir de cette date se faire réguliérement plaisir en produisant des cinéastes qu'il apprécie : Tobe Hooper, Richard Donner, Don Bluth, Robert Zemeckis ou Barry Levinson. C'est la grande époque d'Amblin' qui va marquer de son empreinte le cinéma américain des années 80, aujourd'hui reconsidéré avec nostalgie.
Joe Dante ayant fait forte impression avec ses séries B de monstres, se voit donc appelé pour rejoindre le projet de film à sketch que monte alors Spielberg en compagnie de John Landis et George Miller. Production ambitieuse, hommage à la série télévisée de Rod Serling qui a nourrit l'imaginaire de plusieurs générations, Twilight zone : the movie propose un enchaînement de quatre courts-métrages écrits par Richard Matheson. L'épisode réalisé par Dante, It's a good life, où un enfant parvient à contaminer la réalité à partir de ses références télévisuelles, lui donne l'occasion de donner un nouvel élan à sa réflexion sur le pouvoir des images, qui nourrira toute son œuvre. Dante retrouve son chef-opérateur John Hora et son concepteur d'effets spéciaux Rob Bottin qui permettent de donner pleinement corps à des visions totalement inspirées par le cartoon, offrant ainsi une sorte d'hommage live à Chuck Jones. Le film marque également pour le réalisateur la naissance d'une complicité précieuse avec Jerry Goldsmith, qui se poursuivra avec bonheur jusqu'à la fin de carrière de ce dernier.
Joe Dante ayant fait forte impression avec ses séries B de monstres, se voit donc appelé pour rejoindre le projet de film à sketch que monte alors Spielberg en compagnie de John Landis et George Miller. Production ambitieuse, hommage à la série télévisée de Rod Serling qui a nourrit l'imaginaire de plusieurs générations, Twilight zone : the movie propose un enchaînement de quatre courts-métrages écrits par Richard Matheson. L'épisode réalisé par Dante, It's a good life, où un enfant parvient à contaminer la réalité à partir de ses références télévisuelles, lui donne l'occasion de donner un nouvel élan à sa réflexion sur le pouvoir des images, qui nourrira toute son œuvre. Dante retrouve son chef-opérateur John Hora et son concepteur d'effets spéciaux Rob Bottin qui permettent de donner pleinement corps à des visions totalement inspirées par le cartoon, offrant ainsi une sorte d'hommage live à Chuck Jones. Le film marque également pour le réalisateur la naissance d'une complicité précieuse avec Jerry Goldsmith, qui se poursuivra avec bonheur jusqu'à la fin de carrière de ce dernier.
Gremlins, 1984
Porté par une des affiches les plus intrigantes signées John Alvin, le film fut l'événement de Noël 84. Un succès aussi mérité que pas gagné pour ce mélange audacieux de film d'horreur, de comédie familiale, de satire sociale, de conte de fées et même de musical. La réussite du film apparaît d'autant plus miraculeuse que sa gestation a été particulièrement mouvementée (ce qui va pratiquement être la norme désormais dans la carrière de Dante). En effet, Gremlins était au
départ conçu comme un petit film d'horreur sans prétention, remixant notamment des éléments d'Invasion of the body snatchers et des films de vampire. Dans le premier script de Chris
Colombus, Gizmo se métamorphosait lui-même en méchant petit démon. C'est Spielberg producteur, ayant craqué sur le design de Chris Walas — irresistible il est vrai — qui suggéra de le conserver à l'état de gentille peluche, incarnant ainsi une étonnante dualité puisque il reste celui qui sème le chaos via ses rejetons. Et là on se rapprochera plutôt de L'Étrange cas du Dr Jekyll, voire de Chromosome 3.
Mais celui qui déclenchera l'apocalypse qui va bientôt ravager la petite ville de Kingston falls reste bel et bien l'Homme, le mogwai n'étant que le révélateur de son irresponsabilité, d'une arrogance qu'on pourrait faire remonter à Prométhée. Ainsi derrière le divertissement de premier choix — les idées fusent, le rythme est parfait, les personnages sont attachants, les effets spéciaux excellents et on rit beaucoup — la fable ne manque pas de profondeur. Enrichi d'une multitude de sous-textes vertigineux, le scénario a donc été repensé de fond en comble, et Dante a pu ainsi mieux bousculer les conventions, faisant cohabiter un propos quasiment métaphysique avec les éléments horrifiques conservés du premier script, créant un mélange des genres aussi inconfortable que stimulant, et assez typique de l'art du cinéaste de souffler le chaud et le froid sur son spectateur.
Si son film a tant marqué le public d'alors, c'est parce qu'on sent le metteur en scène habité d'une profonde sincérité. Nourri aux films de série Z, Dante partage comme Tim Burton — dont le talent émerge à la même époque — une vision à la fois tendre et cruelle de la banlieue américaine, le goût des êtres en marge, et le désir de se réfugier dans un monde taillé sur mesure à partir de ses rêves. Et, soutenue par la partition ébourriffante de Jerry Goldsmith, Gremlins en est sans doute l'expression la plus accomplie. Le film et ses créatures entrent instantanément dans la culture populaire, inspirant une ribambelle de plagiaires sans talent (Creeters, Ghoulies, Troll...). Dante aurait pu alors avoir Hollywood à ses pieds, mais le destin en décidera autrement.
Mais celui qui déclenchera l'apocalypse qui va bientôt ravager la petite ville de Kingston falls reste bel et bien l'Homme, le mogwai n'étant que le révélateur de son irresponsabilité, d'une arrogance qu'on pourrait faire remonter à Prométhée. Ainsi derrière le divertissement de premier choix — les idées fusent, le rythme est parfait, les personnages sont attachants, les effets spéciaux excellents et on rit beaucoup — la fable ne manque pas de profondeur. Enrichi d'une multitude de sous-textes vertigineux, le scénario a donc été repensé de fond en comble, et Dante a pu ainsi mieux bousculer les conventions, faisant cohabiter un propos quasiment métaphysique avec les éléments horrifiques conservés du premier script, créant un mélange des genres aussi inconfortable que stimulant, et assez typique de l'art du cinéaste de souffler le chaud et le froid sur son spectateur.
Si son film a tant marqué le public d'alors, c'est parce qu'on sent le metteur en scène habité d'une profonde sincérité. Nourri aux films de série Z, Dante partage comme Tim Burton — dont le talent émerge à la même époque — une vision à la fois tendre et cruelle de la banlieue américaine, le goût des êtres en marge, et le désir de se réfugier dans un monde taillé sur mesure à partir de ses rêves. Et, soutenue par la partition ébourriffante de Jerry Goldsmith, Gremlins en est sans doute l'expression la plus accomplie. Le film et ses créatures entrent instantanément dans la culture populaire, inspirant une ribambelle de plagiaires sans talent (Creeters, Ghoulies, Troll...). Dante aurait pu alors avoir Hollywood à ses pieds, mais le destin en décidera autrement.
Explorers, 1985
Avec : Ethan Hawke, River Phoenix, Dick Miller, Robert Picardo...
Chronique précédemment publiée sur le site DVDClassik...
Chronique précédemment publiée sur le site DVDClassik...
Innerspace (L'Aventure intérieure), 1987
Encore une affiche spectaculaire de John Alvin... Après le désastre critique et public (mais pas artistique) d'Explorers, un de ses films les plus personnels à cette date, Dante retourne sous le giron de Spielberg, retrouvant liberté de mouvement et moyens. Loin d'être un remake du Voyage fantastique de Richard Fleischer, Innerspace en reprend simplement le postulat de voyage miniature à l'intérieur du corps humain mais en offrant là encore un véritable cocktail de tons et de genres qui fusionnent avec une heureuse harmonie. Pour Dante, l'idée était d'imaginer ce qu'il se passerait si Dean Martin se voyait injecté par accident dans le corps de Jerry Lewis. Et c'est plus ou moins ce qu'il va filmer.
Encore une affiche spectaculaire de John Alvin... Après le désastre critique et public (mais pas artistique) d'Explorers, un de ses films les plus personnels à cette date, Dante retourne sous le giron de Spielberg, retrouvant liberté de mouvement et moyens. Loin d'être un remake du Voyage fantastique de Richard Fleischer, Innerspace en reprend simplement le postulat de voyage miniature à l'intérieur du corps humain mais en offrant là encore un véritable cocktail de tons et de genres qui fusionnent avec une heureuse harmonie. Pour Dante, l'idée était d'imaginer ce qu'il se passerait si Dean Martin se voyait injecté par accident dans le corps de Jerry Lewis. Et c'est plus ou moins ce qu'il va filmer.
Au service du scénario plein d'ironie retravaillé par Jeffrey Boam (Indiana Jones and the last crusade), Dante mélange ainsi brillamment comédie romantique (le couple Dennis Quaid et Meg Ryan absolument délicieux), slapstick à la Laurel et Hardy avec l'excellent usage du corps burlesque de Martin Short qui donne ici beaucoup de sa personne, parodie du film d'espionnage avec un Kevin McCarthy en roue libre, mais aussi sens du merveilleux avec un spectacle visuellement totalement inédit. Supervisés par Dennis Muren, le film va en effet réaliser d'authentiques prouesses techniques en terme d'effets spéciaux, légitimement récompensés aux Oscars.
Pour son casting, son rythme énergique et son esthétique colorée (les extérieurs baignent dans la lumière californienne), le film apparaît aujourd'hui comme un bijou du cinéma des 80's, procurant une saveur dont on tente encore de reproduire la recette, parvenant à toucher tous les publics sans jamais paraître condescendant ou tomber dans une connivence artificielle. Ici encore, la satire ne vient jamais rogner sur la sincérité du regard du cinéaste.
DOSSIER JOE DANTE :
IV. Le Creux de la vague 1989-1993
V. Le Retour perdant 1994-2003
VI. Du grand au petit écran 2005-2006
VII. Le Trou noir 2009-2014 (prochainement...)
V. Le Retour perdant 1994-2003
VI. Du grand au petit écran 2005-2006
VII. Le Trou noir 2009-2014 (prochainement...)
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