Trouvé dans une boîte à troc, et ce ne fut pas une pioche particulièrement heureuse. C'est de la SF postapocalyptique dont la seule — mais vraie — originalité est son cadre, à savoir Moscou et le pittoresque de son réseau de transport souterrain. Ici, abritant les rescapés d'une surface inhabitable, chaque station est devenue une sorte de territoire autonome, où survit laborieusement une population parano. L'auteur se débrouille plutôt bien pour faire exister ce petit monde, imaginant et mettant en scène les particularités de chaque microsociété. Et comme si cet univers dévasté ne suffisait pas, il faut qu'en plus de ça il rallonge la sauce en faisant également intervenir des zombies, des mutants, des néonazis, et une entité télépathe.
En soi, ça pourrait être fun, sauf que l'humour est ici absent, et que je n'ai à aucun moment véritablement ressenti la volonté de l'auteur d'appuyer le registre pulp. Le plus aberrant étant le fait que ce Metro 2033, déjà longuet de 800 pages, s'est vu prolongé par DEUX AUTRES PUTAINS DE TOMES ! Alors même si j'ai bien conscience que d'autres stations du métro moscovite restaient à explorer, je ne vois vraiment pas ce qui pourrait s'y trouver encore à développer, et je préfère de loin relire l'indétrônable I am legend de Matheson, gage de davantage de frissons sur cette thématique...
Connie Willis, Blitz, 2010
Mais quelle arnaqueuse, cette Connie Willis ! Je ne peux plus nier ma nature de lecteur masochiste : de Willis, j'avais déjà lu Le Grand livre, dont l'écriture m'avait consterné. Et pourtant, j'ai eu envie d'y revenir, intrigué par le sujet de ce roman-ci, par son épaisseur prometteuse d'immersion et aussi sa floppée de prix auxquels j'accorde encore du crédit. Avant d'être réuni en intégrale sous le titre Blitz, le roman est paru en deux volumes respectivement intitulés Black-out et All clear. L'auteur y reprend son petit monde des historiens d'Oxford qui voyagent dans le passé pour l'étudier. Leur sujet porte cette fois sur la Seconde guerre mondiale, et en particulier le blitz londonien, sur lequel Willis s'est incontestablement documentée, livrant une reconstitution ultra minutieuse de la ville sous les bombes, de toutes les implications plus ou moins dramatiques sur la vie des gens.
Ça avait donc tout pour être une plongée passionnante et même amusante (l'humour est souvent de la partie), avec en plus un argument SF censé être fascinant. Car évidemment, les explorateurs du futur vont ici encore se retrouver coincés dans le passé. Impossible pour le lecteur de ne pas s'interroger sur ce principe aberrant d'envoyer des gens à une époque ultra-dangereuse avec un tel risque de ne pas pouvoir être récupéré. Les personnages sont eux-mêmes les premiers à régulièrement exprimer leurs craintes d'avoir modifié le cours des choses, et ce n'est pas comme si la Seconde guerre mondiale ne représentait pas à elle seule un périlleux carrefour temporel.
Ça avait donc tout pour être une plongée passionnante et même amusante (l'humour est souvent de la partie), avec en plus un argument SF censé être fascinant. Car évidemment, les explorateurs du futur vont ici encore se retrouver coincés dans le passé. Impossible pour le lecteur de ne pas s'interroger sur ce principe aberrant d'envoyer des gens à une époque ultra-dangereuse avec un tel risque de ne pas pouvoir être récupéré. Les personnages sont eux-mêmes les premiers à régulièrement exprimer leurs craintes d'avoir modifié le cours des choses, et ce n'est pas comme si la Seconde guerre mondiale ne représentait pas à elle seule un périlleux carrefour temporel.
Mais le pire c'est vraiment cette écriture dénuée de la moindre ellipse, qui pourrait relever du tour de force, genre James Joyce ou Nouveau roman, s'il avait été intentionnel mais qui m'est plutôt apparu comme une épreuve. Dans sa préface, Willis reconnaît elle-même qu'elle s'est laissée entraîner, et qu'il n'était pas du tout prévu que le roman prenne les dimensions d'un diptyque. On a donc un récit qui n'avance pas, qui repose sur les mêmes effets, entre description de lassants trajets à pieds ou en train qui n'aboutissent à rien, avec des pensées qui tournent en rond, le pire étant ces faux-suspenses dont abuse l'auteur. Si j'ai parlé de masochisme de ma part au début, c'est parce qu'au lieu de passer à autre chose, je me suis quand même acharné jusqu'à la 700e page (sur 1200), avant de laisser tomber. Et je ne conçois même pas que ça ait fait illusion une seule seconde auprès des jurés des prix Locus, Nebula et Hugo (ou alors c'était une année particulièrement médiocre)...
Robert Charles Wilson, Burning paradise (Les Derniers jours du paradis), 2014
Wilson est décidément capable d'alterner entre le fabuleux (À travers temps, Spin) et le moyen (Julian). Ces Derniers jours du paradis appartiendrait plutôt à la catégorie "roman alimentaire", à savoir une production parfaitement dispensable. On pourra apprécier la modestie de la proposition, son côté roman-feuilleton très S.F. des fifties, avec cette menace alien et ces humains traqués seuls à détenir la vérité, sur fond d'ambiance paranoïaque et de simulacre de réalité à la K. Dick.
Mais je n'y ai pas retrouvé le talent de l'auteur pour peindre des personnages émouvants, et l'on suit sans grand enthousiasme les péripéties d'un récit construit sur un rythme de fuite, et ne proposant pas vraiment de profonde réflexion. Ça reste en effet très premier degré, le suspense et l'action priment, et en tant que lecteur, j'ai personnellement besoin d'un peu plus d'ambition. Z'êtes pas obligé de pondre un bouquin par an, Monsieur Wilson...
Mais je n'y ai pas retrouvé le talent de l'auteur pour peindre des personnages émouvants, et l'on suit sans grand enthousiasme les péripéties d'un récit construit sur un rythme de fuite, et ne proposant pas vraiment de profonde réflexion. Ça reste en effet très premier degré, le suspense et l'action priment, et en tant que lecteur, j'ai personnellement besoin d'un peu plus d'ambition. Z'êtes pas obligé de pondre un bouquin par an, Monsieur Wilson...
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