I. A game of thrones, 1996
Pour démarrer, j'ai préféré l'édition surdécoupée par J'ai Lu / Pygmalion, plus facilement transportable que les monstrueuses intégrales. Ces deux tomes correspondent donc au 1er volet de ce cycle qu'on nommait encore il y a peu Le Trône de fer. Je ne suis personnellement pas grand amateur de littérature fantasy, mais la série d'HBO a suffisamment nourri ma curiosité pour que je me décide à aller à la source. Et ça ne me gène pas si l'intrigue m'est déjà pour une bonne part connue. Mon envie étant précisément de replonger et reparcourir ces terres désormais familières, d'assister aux conflits vécus par cette incroyable foule de personnages tous formidablement campés. Et la satisfaction fut au rendez-vous.
Quand bien même la traduction de Jean Sola serait contestée par les experts, car jugée trop précieuse, la séduction du roman vient en grande partie de son style, aussi précis que fluide. Qu'il s'agisse de décrire des lieux rendus étonnamment crédibles ou les tourments intérieurs de personnages aussi complexes qu'attachants, mais aussi de mettre en scène des dialogues vifs, spirituels ou émouvants, George R.R. Martin fait preuve d'un talent de conteur d'une redoutable efficacité qui fait de son bouquin un extraordinaire page-turner. La construction qui alterne entre différents points de vue pourrait paraître lourde. Elle nourrit en réalité l'envie d'avancer, Martin mettant à profit toute son expérience de scénariste de feuilleton télévisé.
C'est aussi l'occasion de constater à quel point les auteurs de la série ont fait preuve d'une fidélité admirable, et même rare. La saison 1 est en effet parvenue, sans raccourcis et encore moins de trahison, non seulement à capturer l'essence du récit, mais pratiquement à restituer l'ensemble de ses péripéties, sans jamais donner l'impression d'un manque de moyens (travail sur les décors et costumes plein de zèle). L'occasion aussi de reconnaître la réussite du casting, puisqu'il est évidemment impossible pour le lecteur qui comme moi fait le même chemin de la série vers le livre, de ne pas avoir en tête les visages des acteurs, et ça colle merveilleusement. Bref, je me régale.
Quand bien même la traduction de Jean Sola serait contestée par les experts, car jugée trop précieuse, la séduction du roman vient en grande partie de son style, aussi précis que fluide. Qu'il s'agisse de décrire des lieux rendus étonnamment crédibles ou les tourments intérieurs de personnages aussi complexes qu'attachants, mais aussi de mettre en scène des dialogues vifs, spirituels ou émouvants, George R.R. Martin fait preuve d'un talent de conteur d'une redoutable efficacité qui fait de son bouquin un extraordinaire page-turner. La construction qui alterne entre différents points de vue pourrait paraître lourde. Elle nourrit en réalité l'envie d'avancer, Martin mettant à profit toute son expérience de scénariste de feuilleton télévisé.
C'est aussi l'occasion de constater à quel point les auteurs de la série ont fait preuve d'une fidélité admirable, et même rare. La saison 1 est en effet parvenue, sans raccourcis et encore moins de trahison, non seulement à capturer l'essence du récit, mais pratiquement à restituer l'ensemble de ses péripéties, sans jamais donner l'impression d'un manque de moyens (travail sur les décors et costumes plein de zèle). L'occasion aussi de reconnaître la réussite du casting, puisqu'il est évidemment impossible pour le lecteur qui comme moi fait le même chemin de la série vers le livre, de ne pas avoir en tête les visages des acteurs, et ça colle merveilleusement. Bref, je me régale.
II. A clash of kings, 1999
Pas de rupture avec le premier roman, on est dans la parfaite continuité, les personnages progressant chacun de leur côté. Et c'est non sans une certaine cruauté — sadisme ? — que Martin joue la carte du pire, dépeignant ce monde où la mort est partout, où la loyauté et l'honneur sont constamment bafoués et où a l'impression d'être où qu'on aille environné d'horreurs. L'idée de faire alterner les points de vue à chaque chapitre est ici plus que jamais pertinente, créant ainsi de vrais moments de suspense lorsque les personnages assistent à un même événement mais d'endroits différents. Suspense certes relatif si on a comme moi déjà vu la série. Le procédé est à ce titre merveilleusement employé lors de la bataille de Port-Réal, prodigieux morceau de bravoure littéraire, presque célinien par son ampleur et la fièvre de ses descriptions. Martin compose le tableau furieux d'un affrontement épique dans lequel on est projeté, que ce soit sur les eaux, au cœur de la mêlée ou derrière les murs qui résonnent. Une vraie boucherie.
Si l'intelligence des dialogues, leur finesse et leur ironie, sont toujours au rendez-vous, j'ai plus que jamais apprécié le goût de l'auteur pour les détails du monde qu'il nous invite à partager : les descriptions des différents paysages, mais aussi des costumes et armures, des habitations, la toponymie des châteaux, et même la bouffe... Ce n'est jamais gratuit, puisque tous ces éléments sont traités comme des extensions des personnages et de leurs émotions, et tout concourt à composer un univers crédible, riche de sensations. On est en effet régulièrement happé tantôt par le froid, tantôt par la chaleur, mais aussi par les odeurs, le vent, la mer ou le feu.
III. A storm of swords, 2000
Je suis toujours autant captivé par la lecture, l'univers et les personnages du roman. Si je voulais faire la fine bouche, je dirais que comparativement aux deux précédents tomes, quasi sans-fautes, j'ai eu avec celui-ci quand même le sentiment de ralentissement, l'auteur s'attardant parfois sur des éléments qui n'ont pas vraiment l'air de faire progresser l'intrigue, ou sur des personnages au sujet desquels on se sent un peu moins concerné. Mais c'est si habilement construit, que cette impression ne persiste jamais longtemps.
Pour en revenir au comparatif avec la série, alors que le premier tome avait été assez exactement transposé à l'écran, l'adaptation télé s'autorise quelques divergences à partir du deuxième volet, et cet éloignement sera de plus en plus patent dans les suivants, jusqu'à ce rebondissement ultime à la fin du troisième tome, d'autant plus jubilatoire qu'inattendu. Et du coup, ça devient assez savoureux de découvrir d'autres événements, et de se savoir pas à l'abri de nouvelles surprises.
Pour en revenir au comparatif avec la série, alors que le premier tome avait été assez exactement transposé à l'écran, l'adaptation télé s'autorise quelques divergences à partir du deuxième volet, et cet éloignement sera de plus en plus patent dans les suivants, jusqu'à ce rebondissement ultime à la fin du troisième tome, d'autant plus jubilatoire qu'inattendu. Et du coup, ça devient assez savoureux de découvrir d'autres événements, et de se savoir pas à l'abri de nouvelles surprises.
IV. A feast for crows, 2005
Je trouve toujours aussi phénoménal cet appétit romanesque dont fait preuve l'auteur, qui semble avoir tellement réfléchi, développé son univers et ses personnages, qu'il ne peut s'empêcher d'en restituer le plus possible sa richesse, tous ses détails, notamment par la suggestion d'un passé d'ordre mythique. Et c'est assurément là que sa filiation avec l'autre R.R. acquiert sa légitimité. Le risque étant cependant de trop rallonger la sauce.
Alors que c'était déjà bien peuplé, Martin se permet dans ce tome de rajouter encore des dizaines de figures, chacune avec son passé et son réseau de relations. On pourra avoir là encore le sentiment d'un tome qui davantage que le précédent ne progresse pas tellement dans sa narration, impression certainement renforcée par ce choix risqué de laisser complètement de côté la moitié du casting, qui fera sans doute l'objet du volume suivant (syndrome Les Deux tours). Ce n'est pas fastidieux pour autant, et ces centaines de pages se dévorent avec la même gourmandise.
Alors que c'était déjà bien peuplé, Martin se permet dans ce tome de rajouter encore des dizaines de figures, chacune avec son passé et son réseau de relations. On pourra avoir là encore le sentiment d'un tome qui davantage que le précédent ne progresse pas tellement dans sa narration, impression certainement renforcée par ce choix risqué de laisser complètement de côté la moitié du casting, qui fera sans doute l'objet du volume suivant (syndrome Les Deux tours). Ce n'est pas fastidieux pour autant, et ces centaines de pages se dévorent avec la même gourmandise.
V. A dance with dragons, 2011
(Oui, j'ai opté pour l'intégrale). Pas grand chose de plus à ajouter à mes précédents avis sur ce feuilleton. Contrairement au précédent, ce tome a l'avantage de revenir aux personnages les plus passionnants de la fresque de Martin, et de combler les trous. Je suis toujours saisi par cette impression de plonger dans un monde qui semble réellement exister pour l'auteur, dont il en connaît les moindres détails, qu'il s'agisse de la topographie ou des soubresauts d'une Histoire teinte de mythes et de récits devenus légendaires. Et ce n'est jamais fastidieux, au contraire. Et encore une fois, connaître la série n'est en rien un désavantage puisqu'ici le roman suit plus que jamais ses propres traces, nouvelle preuve que l'adaptation a été intelligemment réalisée.
J'ai donc fait la rencontre d'une œuvre monumentale... qui m'aura néanmoins laissé frustré puisque ça reste à ce jour le dernier tome publié (et j'ai vraiment pris mon temps pour lire la saga). J'avoue qu'en entamant le cycle, j'avais le naïf espoir que Martin l'aurait achevé d'ici à ce que j'arrive au bout de ce qui avait été publié à ce stade. J'étais même autorisé des pauses entre chaque volume pour gagner du temps. Ma lecture se sera étalée sur pratiquement 10 mois, mais la bibliographie de l'auteur n'aura finalement pas bougé d'un pouce...
J'ai donc fait la rencontre d'une œuvre monumentale... qui m'aura néanmoins laissé frustré puisque ça reste à ce jour le dernier tome publié (et j'ai vraiment pris mon temps pour lire la saga).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire