7 juillet 2017

Pour l'été : 3 romans de genre britanniques

Michael Moorcock, Elric des dragons, 1972
Le bouquin et son auteur représentent sans doute un jalon dans l'histoire de la littérature de fantasy. Davantage qu'auprès de l'incontournable Tolkien, on situera plutôt le cycle d'Elric dans la filiation de feuilletonistes pulps comme Edgar Rice Burroughs ou Robert E. Howard. Toujours est-il que, pour le lecteur que je suis aujourd'hui, je suis très loin d'y avoir trouvé mon compte. On est dans du serial sans surprise dont les personnages relèvent de purs archétypes, et où des situations clichesques à peine développées s'enchaînent au profit d'enjeux bateaux (et c'est vraiment le cas de le dire). 

Basique, la narration présente un petit côté fable qui aurait sans doute plus sa place en Folio junior, mais je ne suis même pas sûr que j'y aurais davantage trouvé mon compte gamin. Je veux bien considérer qu'il s'agit d'un premier épisode, et que l'univers et les personnages seulement esquissés ici par Moorcock gagneront en ampleur dans les volumes suivants. Mais à défaut d'avoir trouvé là le minimum d'ambition littéraire que je recherche dans mes lectures, ma curiosité s'est vite éteinte. Bref, Moorcock... c'est fait.





P.D. James, Les Fils de L'homme, 1992
Un roman à part dans l'œuvre de cette romancière spécialisée dans le polar, puisqu'il s'agit d'un récit d'anticipation, franchement dérangeant par son ton impitoyablement désespéré et surtout le peu de cadeaux que l'auteur fait à ses personnages. L'écriture est précise, de l'ordre du constat glaçant, ce qui rend encore plus percutant son postulat apocalyptique. James développe également de très intéressantes réflexions sur le pouvoir politique jusqu'à une conclusion particulièrement ambigüe.

C'est plus qu'un travail d'adaptation qui a été effectué pour le passage au grand écran, avec le splendide film réalisé en 2006 par Alfonso Cuarón. Le roman ne titille en effet pas tout à fait les mêmes enjeux, réduisant les dimensions de son épopée à une lutte entre une poignée de personnages, incluant notamment un gouverneur, dictateur de cette Angleterre du futur, qui va s'impliquer en personne dans la traque du protagoniste. Tandis que le film parvenait, avec un sens de l'immersion du spectateur rarement atteint, à étendre vraiment la portée de son propos sur un plan plus largement universel.




Susanna Clarke, Jonathan Strange & Mr Norrel, 2004
Le prix Hugo est décidément une valeur aussi sûre que le Pulitzer, pouvant sans retenue servir de guide de lecture fiable. Surtout quand il est doublé comme ici d'un autre prix prestigieux, référence dans la littérature fantastique, le prix Locus. Auréolé d'une réputation intimidante qui pourrait le desservir, Jonathan Strange & Mr Norrel est un premier roman extraordinaire, original et surprenant. L'auteur invente et développe toute une mythologie qu'elle introduit dans le paysage si particulier de l'Angleterre de la première moitié du XIXe siècle (la folie du Roi Georges III, Waterloo, Byron en exil...). On y est transporté jusque dans l'écriture qui renvoie vraiment au style des écrivains de cette époque, à la fois élégant et délicieusement ironique. 

C'est amusant tout du long, les personnages principaux sont fouillés avec subtilité, acquérant progressivement une vraie capacité à émouvoir. Ça m'a vraiment tenu en haleine, et c'est un pavé de plus de 1000 pages. Je ne rechignerai pas à l'occasion à replonger dans cette histoire et son atmosphère attachante. Le fait que la forme colle aussi bien au fond m'interroge cependant sur la possibilité pour l'auteur de pouvoir pondre un autre roman aussi enthousiasmant, tant on sent que c'est là un projet qu'elle a porté, façonné et poli patiemment pendant des années. Et on ne s'étonnera donc pas de constater qu'il n'a pour l'instant toujours pas connu de successeur, la bibliographie de l'auteur n'ayant pas bougé depuis.

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