Homologué grand classique de la littérature SF. Pourtant, je dois reconnaître que ça m'a gentiment gavé. Ça commençait plutôt bien et sobrement. Mais cette histoire de mystérieux complot politique à l'échelle galactique prend des allures de feuilleton pulp sans logique et laborieux à suivre, à base de trahisons et de personnages jouant un quadruple-jeux. Je veux bien accepter que le texte relève précisément de l'écriture serial, avec chapitres prépubliés en magazine. Mais ça aboutit à une avalanche de rebondissements vite lassante, et à l'impression d'une narration improvisée. C'est évidemment tellement exagéré qu'on se dit que c'est une volonté de l'auteur pour nous faire partager les angoisses de son protagoniste, un amnésique qui ne cesse de se faire manipuler mais qui s'obstine quand même à essayer de jouer le premier rôle.
Faisant vieillir prématurément son récit, Van Vogt fait l'erreur de s'attarder un peu trop sur les aspects technologiques de son univers futuriste, et c'en est presque charmant : les machines ont encore besoin d'être gigantesques pour justifier leur puissance, elles fonctionnent avec des grosses ampoules et pour téléphoner les personnages doivent encore passer par des standardistes. L'élément le plus intéressant du bouquin est dans l'exploitation de cette philosophie fondée sur un système de pensée non-aristotélicien et non-newtonien. Mais sa démonstration dans le roman est rendu vraiment trop indigeste à mon goût. On est loin de la façon lumineuse dont Frank Herbert pouvait décrire la maîtrise de la conscience intérieure dans son cycle de Dune. J'avoue donc que, exactement comme avec Michael Moorcock, ce premier volet d'une fresque plus vaste ne m'a pas donné l'envie de pousser plus loin ma découverte de cet auteur canadien réputé.
Faisant vieillir prématurément son récit, Van Vogt fait l'erreur de s'attarder un peu trop sur les aspects technologiques de son univers futuriste, et c'en est presque charmant : les machines ont encore besoin d'être gigantesques pour justifier leur puissance, elles fonctionnent avec des grosses ampoules et pour téléphoner les personnages doivent encore passer par des standardistes. L'élément le plus intéressant du bouquin est dans l'exploitation de cette philosophie fondée sur un système de pensée non-aristotélicien et non-newtonien. Mais sa démonstration dans le roman est rendu vraiment trop indigeste à mon goût. On est loin de la façon lumineuse dont Frank Herbert pouvait décrire la maîtrise de la conscience intérieure dans son cycle de Dune. J'avoue donc que, exactement comme avec Michael Moorcock, ce premier volet d'une fresque plus vaste ne m'a pas donné l'envie de pousser plus loin ma découverte de cet auteur canadien réputé.
Ken Grimwood, Replay, 1986
Je ne connaissais ni l'auteur ni le bouquin, lauréat du World fantasy award en 1988. Plus que le pitch génial d'Abattoir 5 de Vonnegut, le roman annonce celui du film Un jour sans fin et du manga All you need is kill (lui-même adapté au cinéma avec Edge of tomorrow) : sans jamais que le phénomène ne soit expliqué, le narrateur se retrouve soudainement contraint de vivre et revivre les mêmes années de son existence, entre 18 et 45 ans. Il meurt en effet invariablement au même âge, et repart alors en arrière, tout en conservant sa mémoire et donc sa pleine faculté d'agir, et de réorienter son existence. C'est l'occasion pour lui de tenter de nouveaux choix, d'exploiter sa connaissance d'un futur déjà vécu, sans pour autant être certain de maîtriser son présent.
Le style est efficace à défaut d'être remarquable, et si l'on peut craindre au début que son passionnant concept peine à tenir la distance, Grimwood parvient avec beaucoup de bonheur à tirer tous les fils possibles de son postulat, exprimant les états d'âme successifs de son héros. Et progressivement, passé le vertige des premiers replays et leurs enseignements parfois comiques, le ton se fait de plus en plus mélancolique et ça devient très touchant. J'ai donc beaucoup aimé, et sur ce sujet de la vie à choix multiples, je ne lui vois pas de concurrent. Je recommande.
Le style est efficace à défaut d'être remarquable, et si l'on peut craindre au début que son passionnant concept peine à tenir la distance, Grimwood parvient avec beaucoup de bonheur à tirer tous les fils possibles de son postulat, exprimant les états d'âme successifs de son héros. Et progressivement, passé le vertige des premiers replays et leurs enseignements parfois comiques, le ton se fait de plus en plus mélancolique et ça devient très touchant. J'ai donc beaucoup aimé, et sur ce sujet de la vie à choix multiples, je ne lui vois pas de concurrent. Je recommande.
Un peu décevant. Ça se lit sans trop de passion, la faute à une écriture plutôt académique (ou à la traduction ?), une intrigue peu crédible, et des personnages au comportement parfois artificiel, là où j'espérais l'œuvre d'un grand écrivain au crépuscule de sa vie, en pleine possession de ses moyens, et qui devait sans doute avoir de bonnes raisons d'enrichir sa saga avec ce volet. Je n'ai pas lu le cycle de Fondation, mais je crois que le personnage mis ici en scène, Hari Seldon, y joue un rôle capital. On le voit dans ses années de jeunesse, en train de concevoir ce qu'il appelle la "psychohistoire", une forme de prédiction de l'avenir par les mathématiques. Pour ce faire, il se balade sur les différents pays de la planète Trantor, capitale de l'Empire galactique. Chaque nouvelle étape voit la rencontre de nouveaux personnages qui, dès qu'ils ouvrent la bouche, semblent s'exprimer comme des guides touristiques. Heureusement, l'ambiance générale est plutôt sympathique, et la conclusion est très belle.
Le roman est à coup sûr plein d'allusions perceptibles rétrospectivement uniquement par ceux qui ont d'abord lu le reste du cycle, Prélude étant paradoxalement l'avant-dernier texte du cycle écrit. Dans son avant-propos, Asimov replace dans l'ordre chronologique tous ses textes sur les robots, l'Empire galactique et la Fondation (ceux-ci étant situés le plus tard dans l'Histoire. Et il précise que les livres n'ont « pas été rédigés dans l'ordre suivant lequel il conviendrait (peut-être) de les lire. » Ma lecture du Prélude ne m'a pas particulièrement enthousiasmé, mais je ne tire pas complètement un trait sur la découverte des autres romans du cycle. Un jour peut-être.
4 commentaires:
Je confirme, Hari Seldon joue bien un rôle capital, mais il meurt assez rapidement dans le cycle, tout en restant très présent, à sa manière on va dire . J'avais encore bien aimé ce Prélude à Fondation (mais sans passion non plus et l'écriture n'est pas terrible, effectivement). J'ai lu ensuite Forward the Foundation (1993) et Foundation (1951). Et puis... je me suis essoufflée et je crois que je n'y reviendrai plus. Hm je ne sais pas si ça va te motiver à poursuivre le cycle.
Il n'empêche, il ne fait plus aucun doute pour moi à quel point ce cycle fut une source d'inspiration pour Georges Lucas et sa série Star Wars, même si ce dernier ne l'a jamais vraiment reconnu (enfin, il me semble du moins).
C'est souvent un peu délicat d'affronter ainsi certaines oeuvres fondatrices (le cas de le dire), mais qui ont mal vieilli parce que tellement repompées par la suite. Il faut alors que la qualité d'écriture et l'intelligence de caractérisation des personnages soient au rendez-vous. Ce qui est à mes yeux bien présent dans cet autre monument de la SF qu'est le Dune d'Herbert.
E.
Des livres que j'ai lus ado.
J'avais absolument adoré "Fondation" (le vrai, la trilogie écrite par Asimov dans les années 1950, et pas ce qu'il a écrit beaucoup plus tard, notamment ce Prélude "écrit 30 ans plus tard que tu viens de lire et qui n'est pas bon). Concernant le cycle Fondation, il faut lire dans l'ordre d'écriture d'Asimov et pas dans l'ordre que les éditeurs donnent maintenant maladroitement. Bref, tu n'as pas vraiment lu Fondation, oeuvre fondatrice en effet. :)
S'agissant de Van Vogt : pareil des souvenirs d'ado. Un auteur qui écrit exceptionnellement mal et où les récits partent un peu dans tous les sens, mais aussi un auteur qui a énormément d'idées. J'avais beaucoup aimé les aventures de Gilbert Gosseyn (je me souviens même de son prénom), du moins les deux premiers volume. La dernière phrase du Monde des non-A m'avait retourné ado, et là aussi je m'en souviens encore : "c'était son propre visage".
De manière plus générale, sur les auteurs de l'âge d'or de la SF américaine : à part Ray Bradbury, ce ne sont pas de grands écrivains d'un point de vue littéraire, donc si tu recherches une bonne qualité d'écriture, un autre Dune, tu vas être déçu - sauf Jack Vance, Jack Vance écrivait bien. Il faut les lire (ou pas) pour leurs idées.
D'accord avec toi pour dire que dans la littérature de cette époque, les idées priment parfois sur le style (même P.K.Dick à mes yeux ne gagne en qualité d'écriture qu'à partir des 70's). Et si je trouve du charme au cinéma pulp, j'ai peut-être un peu plus de mal avec les romans. Donc, car il faut choisir, je préfère me reporter sur des œuvres plus récentes, sans doute mieux à même de satisfaire mes attentes (Hyperion par exemple).
E.
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