Mal accueilli à sa sortie, The Happening ne semble toujours pas engagé sur la voie de la réhabilitation. J'avoue ne pas l'avoir revu depuis mais m'étais senti bien seul à l'époque à avoir apprécié ce film apocalyptique, riche d'une atmosphère pesante et de la photographie froide de Tak Fujimoto. Filmant toujours à hauteur de personnages, Shyamalan distille brillamment le sentiment de l'inéluctable. Paranoïa collective galopante, phénomènes inexplicables, panique de fin du monde, on conçoit l'intérêt qu'a pu trouver le cinéaste danc cette histoire où la menace est invisible et concerne l'humanité entière, tel un châtiment mérité. Le fantastique sert de révélateur, car en même temps que l'avenir de notre espèce, c'est aussi celui d'un couple qui se joue : Mark Wahlberg, acteur toujours solide, et Zooey Deschanel, pas aussi émouvante qu'on l'aurait souhaitée.
Ici la mort est dans l'air, et le réalisateur construit son film comme un authentique suspense hitchcockien. Impossible de ne pas penser à The Birds, maître étalon du genre. Ainsi la superbe scène finale qui ne fonctionne que par le pur travail de la mise en scène, images et sons travaillant de concert. Tout ne repose cependant pas sur l'art de la suggestion. La suspension d'incrédulité était un pari présent dans tous ses films précédents. En optant cette fois pour une représentation frontale de l'horreur, où tout est complaisamment montré avec un inévitable recours à des effets numériques pas toujours convaincants, Shyamalan prend le risque du ridicule, voire du mauvais goût. Au lieu d'être saisi d'effroi, le public est presque tenté de rire et finit par perdre la foi dans le talent de conteur du cinéaste. De film en film, le soufflé semble avoir fini de retomber.
Ici la mort est dans l'air, et le réalisateur construit son film comme un authentique suspense hitchcockien. Impossible de ne pas penser à The Birds, maître étalon du genre. Ainsi la superbe scène finale qui ne fonctionne que par le pur travail de la mise en scène, images et sons travaillant de concert. Tout ne repose cependant pas sur l'art de la suggestion. La suspension d'incrédulité était un pari présent dans tous ses films précédents. En optant cette fois pour une représentation frontale de l'horreur, où tout est complaisamment montré avec un inévitable recours à des effets numériques pas toujours convaincants, Shyamalan prend le risque du ridicule, voire du mauvais goût. Au lieu d'être saisi d'effroi, le public est presque tenté de rire et finit par perdre la foi dans le talent de conteur du cinéaste. De film en film, le soufflé semble avoir fini de retomber.
The Last airbender (Le Dernier maître de l'air), 2010
Dans The Happening, il s'agissait pour Shyamalan de filmer le vent. Adapté d'une série animée, avec l'ambition de lui consacrer plusieurs volets, The Last airbender lui offre l'opportunité d'enrichir sa palette aux trois autres éléments, « in 3D » comme le proclame fièrement son affiche. Le procédé est alors en pleine hype, pratiquement incontournable pour l'industrie du spectacle hollywoodien depuis les avènements d'Avatar et de Là-haut l'année précédente. Bizarrement, la seule chose que tait la promo, c'est le nom du réalisateur, qui cesse soudain d'être un argument commercial.
Le résultat a lui-même quelque chose d'anonyme. Au programme : la quête d'un élu, des captures, des évasions, une princesse, un traître repenti, des sacrifices. On ne s'ennuie pas, on profite d'un bel univers — classique mais soigné — à mi-chemin entre la fantasy et le steampunk, le tout matiné d'inspirations asiatiques tant dans l'esthétique que dans les personnages et leur spiritualité, ainsi que dans les chorégraphies qui lorgnent clairement vers le cinéma hongkongais. Ce qui a au moins pour avantage d'apporter des couleurs fraîches à ce genre de superproduction grand public. Shyamalan fignole sa mise en scène, fait de louables efforts pour faire durer ses plans et mettre en valeur les mouvements de ses acteurs, mais ça reste bien trop mou dans la gestion des corps. À quelques exceptions près, les scènes d'actions paraissent empruntées et pêchent par leur manque de rythme. Et les jeunes acteurs dénués de charisme qui en sont le centre achèvent de rendre le tout insipide. Tout en nous épargnant la pénibilité du second degré, le scénario manque vraiment d'humour et de grâce pour parvenir à en faire le grand spectacle épique promis. Et on se retrouve avec une suite d'épisodes initiatiques, laborieusement reliés par des scènes de parlottes avec méchants qui complotent, avec en fond sonore un score symphonique riche mais trop souvent passe-partout signé du fidèle James Newton Howard.
Le blockbuster estival est un échec commercial cinglant, un de plus pour le réalisateur qui enterre non seulement tout projet de suite, mais également son statut de wonderboy gagné lors du triomphe du Sixième sens (qui paraît déjà loin). The Last airbender rejoint ainsi la triste liste des films en plusieurs parties avortés suite au flop de leur premier volet : Battlefield Earth, Eragon, À la croisée des mondes, Mortal instruments, John Carter, Sublimes creatures...
Le résultat a lui-même quelque chose d'anonyme. Au programme : la quête d'un élu, des captures, des évasions, une princesse, un traître repenti, des sacrifices. On ne s'ennuie pas, on profite d'un bel univers — classique mais soigné — à mi-chemin entre la fantasy et le steampunk, le tout matiné d'inspirations asiatiques tant dans l'esthétique que dans les personnages et leur spiritualité, ainsi que dans les chorégraphies qui lorgnent clairement vers le cinéma hongkongais. Ce qui a au moins pour avantage d'apporter des couleurs fraîches à ce genre de superproduction grand public. Shyamalan fignole sa mise en scène, fait de louables efforts pour faire durer ses plans et mettre en valeur les mouvements de ses acteurs, mais ça reste bien trop mou dans la gestion des corps. À quelques exceptions près, les scènes d'actions paraissent empruntées et pêchent par leur manque de rythme. Et les jeunes acteurs dénués de charisme qui en sont le centre achèvent de rendre le tout insipide. Tout en nous épargnant la pénibilité du second degré, le scénario manque vraiment d'humour et de grâce pour parvenir à en faire le grand spectacle épique promis. Et on se retrouve avec une suite d'épisodes initiatiques, laborieusement reliés par des scènes de parlottes avec méchants qui complotent, avec en fond sonore un score symphonique riche mais trop souvent passe-partout signé du fidèle James Newton Howard.
Le blockbuster estival est un échec commercial cinglant, un de plus pour le réalisateur qui enterre non seulement tout projet de suite, mais également son statut de wonderboy gagné lors du triomphe du Sixième sens (qui paraît déjà loin). The Last airbender rejoint ainsi la triste liste des films en plusieurs parties avortés suite au flop de leur premier volet : Battlefield Earth, Eragon, À la croisée des mondes, Mortal instruments, John Carter, Sublimes creatures...
DOSSIER M. NIGHT SHYAMALAN :
2 commentaires:
Oui pour Hitchcock. J'avais trouvé une scène très très hitchcockienne dans The Village aussi (un coup de couteau filmé comme un autre vu dans Chantage je crois, je ne suis plus sûr). De même toute la menace que peut inspirer un champ de maïs filmé frontalement dans Signes...
Oui dans sa gestion du suspense, je trouve qu'il parvient à tirer profit des enseignements d'Hitchcock pour trouver sa propre voie, sans être dans la pastiche (comme l'assumait par exemple un Zemeckis sur l'amusant mais désincarné Apparences).
E.
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