17 février 2016

Walt Disney pictures presents : Pixar (2006-2010)

Cars, John Lasseter, Joe Ranft, 2006
Lorsque j'ai pris connaissance des premiers visuels, j'ai été quand même un peu atterré du concept, avec ces bagnoles anthropomorphisées. La logique aurait voulu qu'on situe leur yeux au niveau des phares, mais là les designers ont préféré repenser le pare-brise en y greffant des pupilles. Le plus absurde étant sans doute la présence de portes qui n'ont évidemment aucun sens étant donné que les humains n'existent pas. J'ai bien conscience des limites de ce genre de remarques, mais c'est que je n'ai pas cessé d'être embarrassé par l'absurdité du résultat. Ce qui est beaucoup plus sympa, en revanche, c'est qu'en sortant de la salle et en me retrouvant en pleine ville, j'ai été très agréablement troublé par la vision de la circulation automobile. Soudain, toutes les voitures croisées m'apparaissaient sous un jour nouveau et rigolo.

Même si je suis pas du tout dans le trip tuning et sport auto, ce concept des voitures de courses apparaissait comme un terrain de jeu idéal pour que les animateurs exploitent toutes les possibilités de représentation de la vitesse et des mouvements d'inertie. Passée la scène d'ouverture spectaculaire et pleine de promesse, je dois dire que j'ai suivi le film sans enthousiasme débordant. L'histoire en elle-même est non seulement sans surprise, mais même les gags, qu'ils soient visuels ou qu'il s'agisse des vannes balancées par les personnages m'ont semblés un peu pauvres, très loin du mordant irrésistible des autres Pixars. Évidemment, visuellement ça reste bluffant et mon regard se baladait dans tous les coins de l'écran pour se repaître de la finesse des détails, du réalisme des textures (le film bénéficiant vraiment du rendu de la projection numérique). J'étais quand même content de reconnaître la voix d'Owen Wilson, mais au final ce Cars est certainement avec Finding Nemo, le Pixar qui m'a le moins botté, malgré les revisions. J'attendais sans doute trop du retour de Lasseter aux manettes d'un long-métrage, lui qui restait pour moi LE patron, sur un projet dont il avait affirmé qu'il lui tenait à cœur depuis longtemps, et qui semble finalement dépassé en inspiration par ses élèves.





Ratatouille, Brad Bird, 2007
Contrairement au titre précédent, l'annonce de ce projet follement original chapeauté par Brad Bird si vite après la réussite de The Incredibles avait immédiatement soulevé mon enthousiasme. Porté par un rythme effréné, le scénario est riche de qualités, aussi intelligent qu'évident par les thèmes qu'il aborde, passant gracieusement d'un acte à l'autre, en mélangeant plein d'éléments sans jamais que cela soit indigeste. Il y est question de transmission et de destin à accomplir, le film prenant la forme d'un jeu de cache-cache permanent source de gags aussi inventifs que savoureux. 

Le film présentait l'audacieux défi d'avoir à faire ressentir et partager au spectateur odeurs et saveurs. Le résultat est formidablement convaincant, les artistes étant parvenus à magnifier ainsi les aliments, par de riches effets de texture et de lumière. L'harmonie entre vue et émotion culmine évidemment dans l'exquis flashback final du critique gastronomique, retrouvant sa Madeleine de ProustEt l'on se délectera pareillement de cette reconstitution d'un Paris rêvé, tel qu'il pouvait agréablement apparaître dans le studio employé par Blake Edwards pour Victor/VictoriaOn imagine sans doute mal le degré d'exigence imposé par un tel film tant le résultat semble couler de source. Michael Giaocchino n'est pas en reste, pimentant sa partition d'un accordéon sans jamais tomber dans le cliché, demeurant au contraire sur les hauteurs de l'élégance.





Wall-E, Andrew Stanton, 2008
La première-heure est un pur chef-d'œuvre, nouvelle prouesse d'animation et de mise en scène. Tout passe par le jeu de mime de cette boîte de ferraille qui atteint une expressivité phénoménale, sans jamais perdre l'aspect mécanique de sa gestuelle et de son regard. Visuellement, on atteint un réalisme encore jamais vu, et au sein d'un écran en cinémascope fourmillant de détails, le spectateur contemple, fasciné, les ruines d'un monde qui est le sien. Cette vision désolée d'une Terre dévastée se révèle aussi poétique que terrifiante.

Le choc provoqué par le basculement dans le monde des humains au deuxième acte est très efficace, mais fait inévitablement perdre au film de sa puissance, le faisant en quelque sorte retomber dans un dispositif finalement très conventionnel, balisé. L'efficacité est incontestable, mais l'émotion n'est plus au rendez-vous et si l'on continue à s'amuser de la visite du paquebot de l'espace, on reste avec le sentiment d'avoir perdu quelque chose en route.




Up (Là-haut), Pete Docter, Bob Peterson, 2009
Le premier quart-d'heure du film, sans paroles, accéléré de la vie amoureuse d'un couple, confronté à ses rêves, à la réalité, aux tournants de la vie, est un petit bijou qui me laisse le souffle coupé à chaque fois. Sommet d'émotion qui ne sera plus atteint, le film déroulant ensuite une histoire très originale, certes, mais pas vraiment passionnante, dans un environnement qui cesse malheureusement vite d'être dépaysant. Le paysage de désert minéral a beau être authentique, il apparaît esthétiquement assez pauvre. Le spectacle reste amusant, mais c'est déjà un autre film d'aventures, au déroulement relativement attendu, avec des personnages de méchants plutôt stéréotypés. 

On se retrouve donc avec le même syndrome que sur Wall-E, à savoir un récit profondément déséquilibré par une structure en deux parties ne fonctionnant pas du tout sur le même registre. Cela reste fort heureusement de la belle ouvrage, bien rythmée, et les artistes du studio parviennent une nouvelle fois à nous captiver. Rien que pour cette audace d'avoir mis sur le devant de la scène un protagoniste du troisième âge, allant à l'encontre de toutes les convenances marketing de l'industrie cinématographique, les auteurs conservent mon respect.




Toy story 3, Lee Unkrich, 2010
Tous les éléments fondamentaux qui faisaient la réussite de Toy story 1 et 2 vont parvenir à être portés encore plus haut à l'occasion de ce troisième volet, qui propose sans doute parmi les images les plus fortes de la trilogie. C'est peu de dire que ce film ne semblait pas s'imposer au prime abord, Lasseter et ses scénaristes ayant donné l'impression d'avoir déjà épuisé le sujet. Et pourtant, le résultat offre un ravissement total, du début à la fin.

Blindé d'idées, parvenant à trouver un prolongement justifié au devenir des personnages et à étendre encore leur univers, les auteurs font vite disparaître la crainte d'avoir affaire ici à une suite opportuniste. La franchise reste considérée comme leur trésor, et il est clair qu'ils n'envisageraient pour rien au monde de lui faire perdre de son aura en l'affadissant. Par je ne sais quel miracle, ils sont parvenus à conserver l'intelligence et la sensibilité qui faisaient des deux premiers films de petits bijoux. Les héros passent une nouvelle fois par un très large panel d'émotions, entraînant le spectateur avec eux dans une course toujours aussi folle. Techniquement, les artistes parviennent encore à se surpasser, proposant un travail sur l'éclairage particulièrement poussé, avec des scènes vraiment marquantes.



      

Aucun commentaire: