The Great Waldo Pepper (La Kermesse des aigles), 1975
Dans cette évocation nostalgique des pionniers de l'aviation, Robert Redford est tout simplement parfait. Il rayonne telle une figure presque enfantine qui vit sa passion comme un rêve. La caméra de George Roy Hill nous invite à partager avec son héros cette sorte de parenthèse enchantée quand, à peine sorti des duels chevaleresques de la Grande guerre, le ciel va pouvoir être sacralisé comme un terrain de jeu, avant d'être confisqué par ceux qui en feront une véritable autoroute avec le développement de l'aviation civile. Le cinéaste retrouvait ici le talent de William Goldman, son scénariste de Butch Cassidy and the Sundance kid, et le fruit de cette collaboration aboutit à un film extrêmement riche dans son propos et ses réflexions, à la fois comédie pleine de panache, et portrait doux-amer d'un monde en mutation, où il va s'agir de perdre ses dernières illusions.
Tous ces éléments s'imbriquent avec intelligence, ne donnant jamais l'impression d'un film qui s'éparpille ou qui se déséquilibre. On y retrouve en fait dans toute sa force ce qui fait la spécificité du cinéma de Hill, cette capacité à mélanger le drame et la comédie sans pour autant tourner en ridicule ses personnages, et surtout cette volonté de déstabiliser les attentes et les émotions du spectateur, c'est-à-dire de lui offrir une histoire aussi imprévisible et propice à l'absurde que la vie elle-même.
Très pittoresques, les personnages ne sont ainsi jamais loin de la caricature, et parviennent à se montrer touchants, à l'image de la craquante Susan Sarandon déboulant pour mettre à l'épreuve la rivalité qui existe entre les camarades pilotes, personnage-catastrophe digne des screwball comedies de l'âge d'or. Et comme souvent chez Hill on passe dans la même scène du burlesque le plus délicieux au tragique le plus glaçant. Régulières, variées et toujours chargées dramatiquement, les scènes d'acrobaties aériennes sont époustouflantes notamment grâce à un savant art du montage. Bref, The Great Waldo Pepper est un film formidablement attachant, qui sous couvert de divertissement élégant — musique d'Henry Mancini au diapason — cache bien son jeu et sa profondeur, et que je revois régulièrement avec beaucoup de plaisir.
Tous ces éléments s'imbriquent avec intelligence, ne donnant jamais l'impression d'un film qui s'éparpille ou qui se déséquilibre. On y retrouve en fait dans toute sa force ce qui fait la spécificité du cinéma de Hill, cette capacité à mélanger le drame et la comédie sans pour autant tourner en ridicule ses personnages, et surtout cette volonté de déstabiliser les attentes et les émotions du spectateur, c'est-à-dire de lui offrir une histoire aussi imprévisible et propice à l'absurde que la vie elle-même.
Très pittoresques, les personnages ne sont ainsi jamais loin de la caricature, et parviennent à se montrer touchants, à l'image de la craquante Susan Sarandon déboulant pour mettre à l'épreuve la rivalité qui existe entre les camarades pilotes, personnage-catastrophe digne des screwball comedies de l'âge d'or. Et comme souvent chez Hill on passe dans la même scène du burlesque le plus délicieux au tragique le plus glaçant. Régulières, variées et toujours chargées dramatiquement, les scènes d'acrobaties aériennes sont époustouflantes notamment grâce à un savant art du montage. Bref, The Great Waldo Pepper est un film formidablement attachant, qui sous couvert de divertissement élégant — musique d'Henry Mancini au diapason — cache bien son jeu et sa profondeur, et que je revois régulièrement avec beaucoup de plaisir.
Slap shot (La Castagne), 1977
On est là face à l'archétype d'un certain genre de films de sport, de ceux mettant en scène une équipe de bras cassés qui va tenter un dernier baroud d'honneur sous la supervision d'un coach minable. Genre porteur puisque, à l'instar des Petits champions, ce Slap shot connaîtra lui aussi plusieurs suites. Par le passé, Hill a toujours su faire preuve d'une certaine tendresse pour ses personnages de perdants magnifiques (Butch Cassidy, le Kid, Waldo Pepper). Ici il préfère plutôt se marrer et ne pas trop se préoccuper de finesse. Il met en scène des hockeyeurs bien bourrins, paillards et un peu demeurés aussi, facilement manipulés par un Paul Newman prêt à tous les coups bas pour maintenir son équipe dans le championnat et éviter sa dissolution (l'arrière-plan social à base de fermeture d'usine est juste effleuré). Sa tactique va consister à diffuser de fausses rumeurs et surtout à tabasser sans pitié l'adversaire, créant un show complétement bordélique qui va les rendre ultra-populaires auprès du public, et donc de possibles investisseurs (Rollerball n'est pas loin).
Grâce à la présence de vrais hockeyeurs — notamment les impayables frères Hanson — les scènes sur la glace sont bien efficaces, qu'il s'agisse des moments de vrai sport (tout de même présents) ou des bastons successives, toutes franchement délirantes et qui surviennent de plus en plus tôt à chaque nouveau match. Pas besoin de connaître les règles puisqu'elles sont de toutes façons violées. Hill enchaîne ça presque comme une série de petits sketches et certains sont vraiment hilarants.
Malgré son caractère excessif, quasiment cartoonesque, cette violence n'est cependant pas toujours plaisante. Newman encourage ses troupes à se montrer les plus agressifs et irrespectueux des règles, et en tant que spectateur on n'approuve pas toujours ce manque de fair-play, position heureusement également tenue par un des personnages du film. Le coach apparaît donc un peu comme un vrai salaud, et même si on comprend ses intentions, liberté est laissée au spectateur de décider si la fin justifie les moyens. Mais à vrai dire, Hill ne semble pas chercher plus que ça à dramatiser son récit ou a suggérer un point de vue critique. Il s'agit avant tout de divertir. À côté de ces aspects peu subtils, le film est intéressant aussi parce qu'il est encore ancré dans ce registre intimiste et existentiel typiquement 70's, avec notamment des beaux et touchants portraits de quelques femmes de hockeyeurs délaissées. Dans le genre, on lui préférera néanmoins le magnifique Deux filles au tapis d'Aldrich qui parvenait idéalement à atteindre à la fois les tripes et le cœur.
Malgré son caractère excessif, quasiment cartoonesque, cette violence n'est cependant pas toujours plaisante. Newman encourage ses troupes à se montrer les plus agressifs et irrespectueux des règles, et en tant que spectateur on n'approuve pas toujours ce manque de fair-play, position heureusement également tenue par un des personnages du film. Le coach apparaît donc un peu comme un vrai salaud, et même si on comprend ses intentions, liberté est laissée au spectateur de décider si la fin justifie les moyens. Mais à vrai dire, Hill ne semble pas chercher plus que ça à dramatiser son récit ou a suggérer un point de vue critique. Il s'agit avant tout de divertir. À côté de ces aspects peu subtils, le film est intéressant aussi parce qu'il est encore ancré dans ce registre intimiste et existentiel typiquement 70's, avec notamment des beaux et touchants portraits de quelques femmes de hockeyeurs délaissées. Dans le genre, on lui préférera néanmoins le magnifique Deux filles au tapis d'Aldrich qui parvenait idéalement à atteindre à la fois les tripes et le cœur.
DOSSIER GEORGE ROY HILL :
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