Complice de Sfar et Trondheim sur la série Donjon potron-minet, entre deux tomes d'Isaac le Pirate, Christophe Blain a également trouvé le temps de produire cette série un peu passée inaperçue qu'est Socrate le demi-chien, scénarisée par Sfar. Même s'il est également doué de parole, Socrate n'est qu'un très lointain cousin du Chat du rabbin. Nous parcourons avec lui la Grèce antique. Socrate est un demi-chien
comme son maître, Hercule, est un demi-dieu. Il l'accompagne au long de ses
journées, ce qui lui donne de nombreuses occasions de commenter ses exploits
guerriers face aux centaures, lions et autres hydres, ainsi que ses aventures
amoureuses. L'animal s'interroge sur le sens de l'existence des hommes autant que sur
sa raison d'être. Parfois il pense seul, parfois il dialogue.
En dehors de son maître, ses interlocuteurs sont systématiquement des femmes, auxquelles il s'identifie à sa manière. Sfar nous livre alors, par la voix de ce chien si touchant, des réflexions aussi ingénues que pleine de bon sens sur ce qui peut sous-tendre les relations humaines, sur le besoin d'aimer, de se soumettre, ces rapports de maître à esclave consentis, ce jeu de l'amitié, autant de mystères qui s'obstinent à demeurer insaisissables. Rarement on aura vu la femme considérée ici dans une telle dimension d'absolu. Nymphe, déesse ou mortelle, on sent d'ailleurs que Blain prend plaisir à dessiner les corps féminins.
Le choix d'un découpage en gaufrier de deux cases sur trois lui laisse toute latitude pour aborder chaque image comme un carnet de croquis. Puisque c'est la dialectique qui préside ici la narration, le trait semble s'accorder aux mouvements de la pensée et se montre d'une liberté jubilatoire dans des couleurs très audacieuses comme toujours chez Blain. La silhouette orange du chien se balade ainsi sur 48 pages sans souscrire aux canons narratifs qui n'ont pas leur place ici. L'aventure s'est prolongé le temps de deux autres tomes, Ulysse et Oedipe à Corinthe, voyages complémentaires sur les terres de la philosophie antique. Avec franchement peu d'écho à chaque fois malgré le prestige des deux signatures. Adoptez-le, vite !
En dehors de son maître, ses interlocuteurs sont systématiquement des femmes, auxquelles il s'identifie à sa manière. Sfar nous livre alors, par la voix de ce chien si touchant, des réflexions aussi ingénues que pleine de bon sens sur ce qui peut sous-tendre les relations humaines, sur le besoin d'aimer, de se soumettre, ces rapports de maître à esclave consentis, ce jeu de l'amitié, autant de mystères qui s'obstinent à demeurer insaisissables. Rarement on aura vu la femme considérée ici dans une telle dimension d'absolu. Nymphe, déesse ou mortelle, on sent d'ailleurs que Blain prend plaisir à dessiner les corps féminins.
Le choix d'un découpage en gaufrier de deux cases sur trois lui laisse toute latitude pour aborder chaque image comme un carnet de croquis. Puisque c'est la dialectique qui préside ici la narration, le trait semble s'accorder aux mouvements de la pensée et se montre d'une liberté jubilatoire dans des couleurs très audacieuses comme toujours chez Blain. La silhouette orange du chien se balade ainsi sur 48 pages sans souscrire aux canons narratifs qui n'ont pas leur place ici. L'aventure s'est prolongé le temps de deux autres tomes, Ulysse et Oedipe à Corinthe, voyages complémentaires sur les terres de la philosophie antique. Avec franchement peu d'écho à chaque fois malgré le prestige des deux signatures. Adoptez-le, vite !
Enki
Bilal, Animal'z, 2009
Il y a des périodes comme ça, où un auteur vous a durablement accompagné, et puis soudain on se retourne et réalise qu'on l'a perdu de vue. J'avais
personnellement complètement "lâché" Bilal avec son Sommeil du monstre, le clou de ce désintérêt étant enfoncé par sa dernière réalisation d'alors, le désolant Immortel ad vitam (son œuvre cinématographique avant cela étant pour moi un sans-faute). Je me
contentais à l'occasion de feuilleter ses bouquins, en n'étant vraiment pas du tout séduit
par son évolution graphique, sa façon de laisser ses dessins quasiment à l'état
d'esquisses et de composer ses planches froidement sur ordinateur.
Débarqué chez moi sans que je le lui demande, cet Animal'z m'aura permis de renouer avec un auteur que j'avais longtemps admiré, et dont la découverte consécutive de La Foire aux immortels et de La Femme piège demeure encore aujourd'hui un de mes gros chocs de lecteur.
Débarqué chez moi sans que je le lui demande, cet Animal'z m'aura permis de renouer avec un auteur que j'avais longtemps admiré, et dont la découverte consécutive de La Foire aux immortels et de La Femme piège demeure encore aujourd'hui un de mes gros chocs de lecteur.
En
ayant enfin l'occasion d'aller au-delà du simple feuilletage et en me plongeant
véritablement dans la lecture, j'ai pu apprécier l'élégance visuelle, la
maîtrise et la totale liberté du trait et de la matière. Et tout cela est
au service d'un authentique récit, qui se révèle incroyablement fluide et
efficace, limpide et épuré. Vraiment le travail d'un auteur en pleine
possession de ses moyens, et heureusement bien loin de la complaisance que je
lui prêtais. La conclusion proprement dite de l'histoire laisse un peu sur sa
faim, Bilal l'ayant prolongé sur deux autres volumes que je n'ai pas lus (Julia et Roém et La Couleur de l'air). Quoi qu'il en soit, j'ai pris beaucoup de plaisir à m'embarquer dans le voyage proposé.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire