Avec : Kevin Spacey, Robin Wright, Michael Kelly, Mahershala Ali, Molly Parker, Michel Gill, Jayne Atkinson...
Première série produite pour Netflix, House of cards réadapte à la sauce Washington la mini-série britannique du même nom. Pour ce qui sera le coup de poker qui permettra son expansion mondiale, le distributeur de vidéo à la demande à clairement fait les choses en grand. La variété et la richesse des décors et lieux de tournage donnent l'impression d'un budget illimité. Carte blanche est donnée à David Fincher pour marquer de son empreinte dès la réalisation du pilote le rythme et l'esthétique de la série. Les cadrages rigoureux du réalisateur de Gone girl aboutissent à une froideur formelle qui colle très bien à la volonté de
peindre la politique comme un milieu de requins, où les attaques se font toujours par la bande. Cette atmosphère est elle-même efficacement soulignée par les ambiances sonores épurées et envoûtantes de Jeff Beal.
Ici, il n'est pas question de défendre une idéologie, d'éveiller ou de stimuler les consciences du téléspectateur-citoyen comme dans TheWest wing, l'autre et indétrônable série sur la politique américaine à laquelle on pense inévitablement. Le but des auteurs est davantage dans le dévoilement de jeux de stratégie, de manipulation, et la mise en pratique des fondements du machiavélisme. Dès lors, le but ne sera pas de nous rendre les personnages de ce vilain théâtre attachants, mais de nous faire jubiler de leur talent à opacifier leur manigances. C'est là que s'impose l'étonnant couple vedette Spacey / Wright, dont la relation s'étoffe au fil des épisodes et qui est écrit avec beaucoup de finesse, parvenant à ne jamais vraiment être cataloguable comme gentils ou méchants. On sent que quelque chose de puissant et indicible les lie. Et même s'ils sont toujours à la limite de rompre, chacun trouve en l'autre une forme de salut qui le retient de basculer sinon dans une sorte d'inhumanité.
Ici, il n'est pas question de défendre une idéologie, d'éveiller ou de stimuler les consciences du téléspectateur-citoyen comme dans TheWest wing, l'autre et indétrônable série sur la politique américaine à laquelle on pense inévitablement. Le but des auteurs est davantage dans le dévoilement de jeux de stratégie, de manipulation, et la mise en pratique des fondements du machiavélisme. Dès lors, le but ne sera pas de nous rendre les personnages de ce vilain théâtre attachants, mais de nous faire jubiler de leur talent à opacifier leur manigances. C'est là que s'impose l'étonnant couple vedette Spacey / Wright, dont la relation s'étoffe au fil des épisodes et qui est écrit avec beaucoup de finesse, parvenant à ne jamais vraiment être cataloguable comme gentils ou méchants. On sent que quelque chose de puissant et indicible les lie. Et même s'ils sont toujours à la limite de rompre, chacun trouve en l'autre une forme de salut qui le retient de basculer sinon dans une sorte d'inhumanité.
J'ignore si les scénaristes avaient tout prévu dès le début,
mais le récit et ses ramifications sont ahurissants de complexité, chaque
petit bout de personnage trouvant sa place dans l'atroce partie d'échec qui se
joue devant nous, tels des pantins inconscients des ficelles qui les lient au marionnettiste au-dessus de leur tête. Ça n'aura pas pour autant déclenché un emballement fou chez le spectateur que je suis, mais aura néanmoins offert suffisamment de moments prenants, voire touchants, pour encourager au visionnage de la deuxième saison, alors que je pensais vraiment que la première suffirait,
comme un bouche-trou juste efficace entre d'autres shows.
Si la deuxième saison reste pareillement distrayante, elle commence à moins bien cacher les rouages de sa mécanique. On assiste en effet à une multiplication de coups tordus telle qu'elle en deviendrait comique, donnant lieu à de trop répétitifs faces à faces entre Frank Underwood et un Raymond Tusk qui lui pour le coup
fait vraiment méchant de cinéma, quand bien même il est incarné avec
talent par Gerald McRaney. On aurait cependant tort de s'en tenir là, car la troisième saison est pour sa part absolument magistrale. La
série n'est certes toujours pas exempte de facilités scénaristiques, et les incohérences continuent de se faire jour, mais ce serait faire la fine
bouche que de mépriser pour ça le travail accompli ici. Écriture,
interprétation et réalisation sont toujours dans le haut du panier, et j'ai
particulièrement trouvé mon compte dans l'arc narratif de cette saison.
Avec le nouveau statut auquel est désormais parvenu le protagoniste, on franchit en effet un palier et la série se met enfin à dépasser le machiavélisme de surface pour traiter de façon aussi audacieuse que passionnante les aspects plus directement politiques et idéologiques qui se jouent dans les couloirs des Parlements et de la Maison blanche. On cesse dès lors d'avoir The West wing dans le rétroviseur pour apprécier l'intelligence du propos, qui expose des cas de conscience parfois vertigineux. Et toujours avec un souci maniaque de la caractérisation des personnages, profonds, voire torturés, la série ne craignant pas de ralentir son rythme pour faire respirer les scènes qui leur sont consacrés, remarquablement dialoguées. Les échanges anthologiques se succèdent, chaque épisode est riche et marquant, poussant toujours plus loin les motifs de stupéfaction, même si on n'échappe pas toujours au remplissage (les atermoiements de Douglas Stamper nous laissent froids). Et c'est d'autant plus impressionnant que ça aborde de front des questions brûlantes comme la paix au Proche-orient ou les relations avec la Russie, avec un président qui se démarque à peine de Poutine, génialement interprété par Lars Mikkelsen (The Killing), la suavité malsaine de sa présence donnant sans doute lieu aux meilleurs épisodes.
Avec le nouveau statut auquel est désormais parvenu le protagoniste, on franchit en effet un palier et la série se met enfin à dépasser le machiavélisme de surface pour traiter de façon aussi audacieuse que passionnante les aspects plus directement politiques et idéologiques qui se jouent dans les couloirs des Parlements et de la Maison blanche. On cesse dès lors d'avoir The West wing dans le rétroviseur pour apprécier l'intelligence du propos, qui expose des cas de conscience parfois vertigineux. Et toujours avec un souci maniaque de la caractérisation des personnages, profonds, voire torturés, la série ne craignant pas de ralentir son rythme pour faire respirer les scènes qui leur sont consacrés, remarquablement dialoguées. Les échanges anthologiques se succèdent, chaque épisode est riche et marquant, poussant toujours plus loin les motifs de stupéfaction, même si on n'échappe pas toujours au remplissage (les atermoiements de Douglas Stamper nous laissent froids). Et c'est d'autant plus impressionnant que ça aborde de front des questions brûlantes comme la paix au Proche-orient ou les relations avec la Russie, avec un président qui se démarque à peine de Poutine, génialement interprété par Lars Mikkelsen (The Killing), la suavité malsaine de sa présence donnant sans doute lieu aux meilleurs épisodes.
Au rayon interprétation justement, si Spacey semble plus que jamais avoir fait sien le costume de Frank, cette saison donne surtout à Robin Wright l'occasion de s'affranchir de son binôme. Tout en retenue, son jeu devient alors une vraie leçon, l'actrice parvenant à exprimer avec une subtilité exemplaire des émotions complexes, par son corps comme par son visage, au service d'un personnage loin d'être défendable. Et je trouve justement intéressant (et pervers) que le spectateur ne soit pas amené à forcément prendre son parti. Les premiers épisodes lui avaient construit une image froide et impitoyable, au diapason de son mari. Si son évolution vers un doute moral peut paraître paradoxale au vu de ses choix précédents, elle avait pourtant été annoncée par quelques fêlures qu'elle avait laissées transparaître avant cela. Quant aux adresses au spectateur de Frank Underwood qui avaient fini par devenir un gimmick, elles sont désormais beaucoup plus rares, et retrouvent une efficacité presque dérangeante.
Bref, jusqu'ici House of cards était déjà une série première classe, mais là je ne m'attendais pas à un tel sommet, et après une deuxième saison discutable, la troisième a plus que répondu à mes attentes. Il était dès lors inévitable que l'enthousiasme retombe, et effectivement la saison 4 va friser la sortie de route. Le soin formel et les moyens demeurent, mais là où le bat blesse c'est dans l'évolution que les scénaristes font subir à des personnages qui ne semblent soudainement plus du tout respecter leurs précédentes lignes de conduite. Les épisodes donnent lieu à de trop tordues stratégies, le jeu d'échec devient brouillon, on n'hésite plus à changer d'objectif en cours de route, à bouleverser des alliances qui semblaient solides. Plus que jamais réduits à la condition de pantins trop conciliants, les personnages perdent leur chair, cessent d'émouvoir. La crédibilité n'est plus de mise, et ça peut continuer à être distrayant si on accepte de ne considérer que la dimension ludique de tels procédés. Ça fonctionne en réalité surtout grâce à la force d'incarnation du duo principal qui, même lorsque les dialogues manquent de souffle, réussit encore à livrer d'épatants numéros de virtuoses.
Bref, jusqu'ici House of cards était déjà une série première classe, mais là je ne m'attendais pas à un tel sommet, et après une deuxième saison discutable, la troisième a plus que répondu à mes attentes. Il était dès lors inévitable que l'enthousiasme retombe, et effectivement la saison 4 va friser la sortie de route. Le soin formel et les moyens demeurent, mais là où le bat blesse c'est dans l'évolution que les scénaristes font subir à des personnages qui ne semblent soudainement plus du tout respecter leurs précédentes lignes de conduite. Les épisodes donnent lieu à de trop tordues stratégies, le jeu d'échec devient brouillon, on n'hésite plus à changer d'objectif en cours de route, à bouleverser des alliances qui semblaient solides. Plus que jamais réduits à la condition de pantins trop conciliants, les personnages perdent leur chair, cessent d'émouvoir. La crédibilité n'est plus de mise, et ça peut continuer à être distrayant si on accepte de ne considérer que la dimension ludique de tels procédés. Ça fonctionne en réalité surtout grâce à la force d'incarnation du duo principal qui, même lorsque les dialogues manquent de souffle, réussit encore à livrer d'épatants numéros de virtuoses.
Il faut reconnaître que le cadre choisi pour cette saison est assez peu passionnant, le système électoral américain étant franchement difficile à saisir, donnant l'impression qu'il relève davantage de la science des statistiques et des calculs de probabilité, que de véritables programmes politiques. On perd donc les vrais enjeux politiques intelligemment amenés lors de la saison précédente, et on se contente d'assister à des jeux de manipulation de plus en plus absurdes. C'est particulièrement dommageable, lorsque se présente l'occasion d'aborder des sujets sensibles comme la réglementation des armes à feu, ou l'exploitation politicienne des menaces terroristes. Au lieu d'avancer de vrais et courageux arguments qui entreraient en résonance avec les interrogations de la société américaine, on préfère n'en faire que de simples éléments de suspense sans réelles implications morales. Je reste néanmoins bluffé par la capacité qu'ont ces productions américaines de ne pas craindre d'être en phase avec l'actualité la plus immédiate, quelque chose qui me semble encore inimaginable dans une fiction française. Je pensais cependant qu'on aurait droit à un personnage décalque de Donald Trump, tant il me semblait y avoir sa place, mais c'était un mauvais pronostic.
Cela étant posé, j'avais beau me persuader en cours de visionnage que la série finissait là de me passionner, je me suis quand même gentiment fait avoir par un final très malin qui, même s'il ne convainc pas beaucoup plus, est amené avec une roublardise suffisamment efficace pour réveiller l'intérêt concernant une suite...
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