19 octobre 2015

Clara Sheller, 2005-2008

Découverte un peu acrobatique puisque je n'aurais vu que les deux premiers épisodes de la saison 1 avant d'enchaîner avec la seconde saison.

Le démarrage manque peut-être de subtilité mais il fallait bien qu'on situe assez vite les personnages et le passif de leurs relations. Une fois ces jalons posés, la série se révèle dans ses deux premiers épisodes plutôt très finement écrite, avec surtout une réalisation particulièrement soignée, intelligente, et sans faute de goût (ce que j'ai rarement ressenti dans une production télévisée française jusqu'ici). Cette mise en image porte notamment une très jolie attention au décor parisien. Les choix musicaux sont également remarquables (Mirwais, Daho, AS Dragon).

Le comportement des personnages ne manque pas de justesse, et le scénario sait faire place à la comédie sans verser pour autant dans les artifices du vaudeville facile. Et lorsque survienne des éléments plus dramatiques, ces derniers s'intègrent harmonieusement et de façon tout à fait crédible. Enfin, ce qui emporte le morceau c'est la qualité générale de l'interprétation, avec en tête Mélanie Doutey et Fréderic Diefenthal qui jouent avec autant de simplicité que de charme. L'ensemble procure un réel délice.

J'ignore les raisons qui ont fait que le casting a complétement changé pour la saison 2. J'ai eu du mal à accrocher à l'incarnation de l'héroïne par Zoé Félix, pas aidée par une écriture qui semble vraiment gâcher son personnage en en faisant quelqu'un de parfaitement indéfendable, tête à claque et antipathique, soudainement caractérisé par une tendance pathologique au mensonge. On n'a même plus envie d'être à ses côtés, pire encore, on en vient à se réjouir lorsque le sort se retourne contre elle. Sa voix off est un peu trop présente et cette omniprésence entraîne un fréquent manque de profondeur dans le discours. C'est évidemment un peu dommage et on regrettera jusqu'au bout cette malheureuse passation de bâton. 

À l'inverse, tout ce qui concerne les deux autres membres du trio, Gilles et JP, m'a semblé vraiment réussi, les personnages étant formidablement campés par deux excellents comédiens. Patrick Mille (qui demeurera éternellement pour moi le Chico de la bande à Edouard Baer) se montre parfaitement convaincant, tandis que François Vincentelli est impeccablement juste et s'impose sans problème dans le rôle tenu avant lui par Thierry Neuvic

Si certains rebondissements relèvent des conventions feuilletonesques, les ressorts de l'histoire restent heureusement suffisamment intriguants pour qu'on n'abandonne pas l'affaire en route. Tant dans l'écriture que dans ce qui est donné à voir, ni censure, ni racolage. On ne sent jamais de compromis qui serait lié à des contraintes de diffusion télé. Au contraire, les situations et sentiments décrits sonnent souvent très justes et finissent par toucher. D'autant plus que la comédie finit par céder le champ à une tonalité plus grave. Le final laisse d'ailleurs soudainement beaucoup de place à l'entourage de l'héroïne, prouvant une volonté de les faire exister bien au-delà d'un rôle de faire-valoir. Ça compose un univers assez attachant.

Alain Berliner soigne sa réalisation, avec toujours ces moments de respiration sur la ville nimbés dans de jolies mélodies. On retiendra en particulier une escapade campagnarde qui évoque gentiment des ambiances à la SautetBref, c'est à l'arrivée une production avec une vraie personnalité et finalement assez riche à commenter.




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