7 avril 2020

Le Cinéma X part II. 2009-2017

X-men origins : Wolverine, Gavin Hood, 2009
Passée l'ouverture à la réalisation immonde qui a faillit m'ôter toute envie de m'infliger la suite, le film déroule un scénario franchement peu imaginatif, parcours relativement balisé de son protagoniste et de son basculement progressif dans l'animalité et l'asociabilité. En conséquence de quoi, avant d'acquérir véritablement sa stature de Wolverine, Logan apparaît fade et on a assez peu d'empathie malgré les épreuves qui lui tombent dessus, d'autant plus que le plan de Stryker est couru d'avance. Avec un tel matériau, qui donna rien de moins qu'un chef-d'œuvre du comic book (Weapon X, par Barry Windsor-Smith), on avait pourtant tous les éléments pour au moins un bon film, encore aurait-il fallu un minimum de conscience artistique aux différents échelons de la production. On sauvera la présence bienvenue de Liev Schreiber, livrant une formidable composition de double maléfique même si manquant d'ambivalence. La lutte fratricide aurait pu être poignante, elle n'aura en fait pas lieu, se résumant à trois laborieuses scènes de bagarres qui à force de se répéter en deviennent involontairement comiques.

L'idée de spin-off dédiés aux X-men était en fait une fausse bonne idée. Au-delà de la popularité de Wolverine, surtout tel qu'incarné par Hugh Jackman qui crevait l'écran dans le film de Singer, difficile d'assurer l'intérêt du public pour les autres membres d'une équipe, à géométrie variable qui plus est. La franchise X-men origins n'ira donc pas plus loin. En 2013, Wolverine, le combat de l'immortel s'affranchit de toute mention et l'ultime Logan  sortira carrément en donnant l'impression d'avoir retiré jusqu'à ses oripeaux cousus Marvel.




X-men : first class (X-men le commencement), Matthew Vaughn, 2011
Finalement, je ne sais pas si je dois encore conserver du crédit à Vaughn alors que j'avais vraiment été charmé par sa réalisation sur Stardust. Peut-être la faute à un scénario trop gourmand, j'ai trouvé son film vraiment trèèèès mal raconté. L'exposition est laborieuse : enchaînement de scènes, de personnages et de lieux sans aucun sentiment de liant. Ça aurait vraiment gagné à être resserré et à se concentrer sur Magneto et Xavier, d'autant que Fassbender et McAvoy s'en sortent vraiment bien. C'est clairement leur relation qui fait le cœur du film et qui focalise l'intérêt (on guette ainsi les prémices de leur destin respectif). Dès que Vaughn nous ramène aux autres personnages, le film sombre, plombé autant par la médiocrité de l'écriture que par l'inexistence des interprètes. Et que dire de la présence gênante de Kevin Bacon (cette perruque !) qui donne l'impression de vouloir rivaliser en cabotinage avec le Kevin Spacey de Superman returns.

L'inclusion de la crise des missiles de Cuba est une idée bonne et amusante, mais on regarde vraiment ça comme un gadget alors que ça aurait pu donner quelque chose de viscéralement terrifiant. L'action est généreuse, mais j'ai regretté que la mise en scène ne soit pas plus éblouissante, là où elle avait les moyens de créer de vraies images iconiques. C'est là que je reconnais à Singer d'avoir vraiment réussi quelque chose de beau sur le deuxième volet (situations, personnages et chorégraphies marquantes). Le film de Vaughn souffre également de sa volonté d'une violence soft, malgré les scènes de carnage (pas de sang, blessures en carton, comme à la grande époque des comics censurés de Lug). Le plus désolant c'est que le réalisateur avait les moyens pour aller au bout de son concept de film rétro. Si la patine vintage des décors est poussée juste ce qu'il faut, l'interprétation et le look des personnages — les jeunes mutants en particuliers — n'ont rien à voir avec le style des fifties. Tout dans leur attitude et leurs répliques sonne contemporain, comme s'il ne fallait surtout pas risquer de nuire à l'identification du spectateur teenager des années 2010 visé ici. Le pire, c'est que je n'ai pas boudé mon plaisir pendant le spectacle. Je n'y déplore pas vraiment de mauvais goût, on voyage et on est quand même curieux de suivre le déroulement de tout ce bazar. J'en espérais davantage.




X-men : days of future past, Bryan Singer, 2014
Ayant été un peu déçu du traitement désordonné de Vaughn sur le volet précédent, et pas particulièrement attaché à la filmo de Singer, je n'attendais donc rien de sa reprise en main de la franchise. J'étais juste curieux de voir comment les scénaristes allaient se dépatouiller pour faire se croiser dans le même film le casting de la next generation avec celui de l'original serie. J'ai donc été très agréablement surpris devant ce qui reste un divertissement sans prétention, comme si c'était désormais miraculeux de voir enfin une histoire correctement racontée dans un blockbuster des années 2010. Déjà, Singer a l'intelligence de reprendre sa recette gagnante du 2e volet, à savoir placer la meilleure scène du film en ouverture. En bon élève de Cameron (avec Peter Dinklage dans le rôle de Sarah Connor), il nous plonge dans une atmosphère crépusculaire où rien n'est encore expliqué, et nous fait assister à une scène d'action aussi étonnante que visuellement bluffante (la brutalité, l'efficacité et l'élégance des Sentinelles font leur petit effet). Le spectateur est dés lors captif, et le réalisateur va ensuite s'autoriser à prendre son temps pour laisser se retrouver et s'apprivoiser ses personnages, avant de les faire rentrer en conflit.

Je reconnais que j'ai assez vite décidé de mettre mon cerveau en veilleuse face aux inévitables incohérences spatio-temporelles. Il n'est ici pas du tout question de créer un quelconque sentiment de vertige par rapport aux modifications du passé. Les scénaristes s'amusent à mixer la grande Histoire avec la leur, mettant dans leur marmite l'assassinat de Kennedy, la présidence Nixon et le Vietnam. Le film est relativement bavard, mais je n'ai jamais trouvé ça pénible ou redondant, sans doute parce que ces scènes sont portées par de très bons interprètes, où McAvoy s'affirme clairement comme la meilleure pioche. À l'inverse, obtenir une performance aussi terne d'un si brillant comédien qu'Ian McKellen relève de l'énigme. Singer s'offre un remake réussi de l'évasion de Magneto, qui était déjà un des moments les plus mémorables de son cinéma. On pourra trouver dès lors le film assez chiche en grosses scènes d'action, le réalisateur nous épargnant la surenchère d'effets spéciaux, et s'efforçant toujours de placer des enjeux dramatiques forts (le premier vrai face à face avec Mystique). Il rate par contre inexplicablement son climax avec ce stade volant un peu ridicule dont on ne perçoit jamais vraiment l'ampleur. Et mention "spéciale" à la musique parfaitement insipide de John Ottman qui fait bien regretter le travail classieux de Powell sur X-men III.




X-men apocalypse, Bryan Singer, 2016
Contributeurs pourtant primordiaux au regain de vitalité dont profitent encore aujourd'hui les superhéros à Hollywood, les X-men ne semblent plus trop faire l'événement, sans doute parce qu'extérieurs aux films officiels du Marcel cinematic universe qui phagocytent le box-office mondial. Au vu de ce X-men apocalypse, on ne criera pas à l'injustice. Ça faisait longtemps que je n'avais pas vu un aussi mauvais film, à l'image de son vilain grotesque et sans épaisseur, absolument pas à la mesure de la menace qu'il est censé représenter. Sur cette base, le récit multiplie situations et dialogues ridicules, échouant même dans ses tentatives d'humour (tacle éhonté à X-men III alors que ce X-men apocalypse ne lui arrive même pas au genou). On sombre dans l'écueil de ce type de films de superhéros qui tiennent à caser un maximum de personnages, certains cruellement renvoyés à leur inutilité totale (Moira), d'autres à peine construits et dont on se fout du destin (Storm). Fassbender fait ce qu'il peut, mais toute la grandeur tragique de son Magneto est réduite à néant. On lui construit un gentil petit trauma mais le personnage reste une girouette soumise aux caprices des scénaristes.

Score lourdingue de John Ottman, mise en scène terne,  aucune idée visuelle marquante — à part le petit numéro de sauvetage de Vif-argent — et pratiquement pas d'action. Lorsque celle-si se concentre dans le dernier quart, c'est d'un inintérêt total. Même l'apparition de Wolverine apparaît désincarnée. Les humains sont totalement évacués de la toile, alors que c'est leur destin qui est en jeu (ça se résumera à quelques plans de haut gradés américains au téléphone). Dans mon échelle comparative des mauvais films, X-men apocalypse vient d'ajouter un nouveau barreau. Tout en bas.




Legion, 2017-2019
Une série créée par Noah Hawley
3 saisons de 27 épisodes
Avec : Dan Stevens, Rachel Keller, Aubrey Plaza, Bill Irwin...

Les quelques retours m'avaient rendu curieux, tout en me laissant incapable de vraiment saisir le sujet et le concept de la série. Je savais juste qu'elle adaptait un comics de l'univers X-men, et apprendre qu'il était signé Claremont et Sienkewicz m'a bien donné envie d'y jeter un œil. La liberté formelle ici à l'œuvre doit sans doute pas mal aux délires graphiques du dessinateur d'Elektra assassinLe pilote est assez exceptionnel : la construction n'est chaotique qu'en apparence, et c'est assez impressionnant de maîtrise. Tout finit par faire sens, et possibilité est quand même laissée au spectateur de suivre et recomposer les événements, avec juste ce qu'il faut d'exigence et d'attention pour que ça soit stimulant. On a quand même droit à des séquences complètement dingues, soit par leur violence (l'évolution express de Daniel), soit par le visuel (l'expressionnisme des décors). Et si l'ensemble parvient à fonctionner on le doit sans doute aussi aux acteurs principaux, au premier rang desquels le fabuleux Dan Stevens et la bien freaky Aubrey Plaza. Le reste du casting est par contre vraiment en deçà échouant à rendre leurs personnages intéressants. Le soin accordé à la bande son est également remarquable. Autre élément qui m'a surpris, pas mal d'épisodes fonctionnent selon les codes du cinéma d'horreur et c'est assez efficace.

Sur ces bases prometteuses, j'ai malheureusement un peu trop vite déchanté : la suite du récit patine, sombrant dans l'inévitable complaisance des flashbacks à répétitions. Évidemment, l'exercice est absurde, mais je pense que si on cumule toutes les répétitions de plans et de scènes de cette première saison, on doit arriver à la durée d'un épisode complet. Je pense qu'il n'y avait pas forcément tant de matière que ça pour justifier les 8 épisodes de la première saison. L'attente des révélations est trop étirée, et finit par tarir cette excitation des débuts. Surtout que cette dilatation du temps n'est même pas exploitée pour développer de façon un peu plus crédible l'univers proposé ici (à quoi servent ces dizaines de figurants qu'on voit errer régulièrement dans le luxueux refuge des mutants dans la forêt ? et comment peuvent-ils se sentir suffisamment armés pour investir la base ennemi avec seulement une mitraillette, et pratiquement aucun véritable pouvoir de combat ?). Donc, je ne sais pas quelle direction prend la série dans ses deux saisons suivantes, mais l'expérience m'a plutôt découragé de poursuivre.


DOSSIER X-MEN :

Aucun commentaire: