C'est typiquement le genre de bouquin vers lequel je ne serai jamais allé si je m'étais arrêté à son résumé ou au 4e de couverture. Ici, ce
sont les enchaînements de phrases, leur rythme surprenant, leur structure
anti-académique, qui distillent le sens et la profondeur, ainsi que l'extrême
sensation de vérité des dialogues. J'imagine qu'on y perd forcément à la traduction, tant le charme de ce roman est précisément lié au travail ciselé de l'écriture. Une véritable magie s'opère pendant la
lecture, et j'ai réellement eu l'impression de disparaître et d'être témoin de la
vie des gens dépeints ici.
Chaque chapitre pourrait en soi être une petite
nouvelle ne semblant apparemment pas raconter grand chose, et contenant
pourtant en elle l'infinité indicible de l'expérience humaine (j'espère qu'on
me comprend). Les trajectoires de ces personnages, leurs questionnements sur
leurs choix de vie, leur passé et l'avenir, deviennent alors profondément
touchants, voire douloureux car on perçoit les inévitables blessures qui font
aussi tout le prix de l'existence. C'est donc un roman tout en délicatesse,
mais qui n'est pas pour autant sur les petits riens. Au contraire, c'est
incroyablement riche.
All that is (Et rien d'autre), 2013
Très beau dernier texte de l'auteur. Salter retrace
tranquillement la biographie de son protagoniste, qui ne présente en lui-même
pas grand chose de remarquable, juste simplement humain. La particularité étant
le milieu professionnel dans lequel il évolue, celui de l'édition littéraire. Et on
se rend vite compte qu'en parallèle de son parcours, ce sont aussi toutes les
personnes qu'il est amené à croiser qui vont intéresser l'auteur, chacun méritant en quelque sorte l'honneur qu'on s'attarde sur lui. Aussi.
On se
retrouve donc avec une sorte de mosaïque de portraits, de personnages toujours
un peu insatisfaits des choix qu'ils ont pu faire et de leur conséquences.
Certains les acceptant et continuant de vivre avec, d'autres tentant de nouvelles aventures et mises en danger, attendant de voir ce que cette bifurcation vers un autre destin leur
réserve. Et toujours cette écriture en apparence si paisible (pour ce qu'en
permet de juger la traduction), où les drames et les tragédies semblent
s'inscrire dans le même flux continu de l'existence. Une pépite.
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