Je pensais que le titre était
métaphorique mais en fait pas du tout. Il s'agit en effet d'un bon vieux
boulard des familles, tourné à Saint-Domingue avec quelques "acteurs"
locaux qui n'ont pas du être payés bien cher, ou en tout cas pas en fonction de
leurs talents de comédiens. Bien que D'Amato se soit à cette époque déjà
spécialisé dans le cinéma exotico-érotique, ce film est
considéré historiquement comme le premier porno hardcore italien, avec représentation
explicite de relations sexuelles non simulées.
L'histoire est plutôt intéressante mais finalement mal
troussée. Un soi-disant New-yorkais moustachu (Mark Shanon, de son vrai nom
Manlio Cercosimo) débarque sur l'île pour faire revivre le souvenir d'un amour
perdu. Il sait qu'il ne lui reste que quinze jours avant qu'une opération
chirurgicale ne le condamne à l'impuissance. Sur fond de malédiction vaudoue,
entre deux hallucinations provoquées par ses douleurs ou par des drogues locales,
l'homme va bien sûr tringler un peu tout ce qui passe : la femme de chambre, la
femme de son pote... et même sa propre femme venue le rejoindre. On se balade ainsi
entre désir sexuel, fantasme, culpabilité et angoisse de la mort. Vers la fin,
un personnage vient lourdement tenter de rationnaliser tout ça, avec une
explication à la mord-moi-le-nœud (c'est le cas de le dire) à base de
machination, de sœur jumelle cachée et de vengeance longuement préméditée.
D'Amato en profite pour nous offrir quelques vues touristiques du coin mais
filme quand même platement les scènes de uq, se contentant trop souvent d'un
plan-séquence type zoom avant/zoom arrière. Mention spéciale à la musique de Nico Fidenco cependant, qui dans un genre italo-pop typique se révèle étonnamment
riche dans ses arrangements, et agréablement variée dans ses rythmes.
Le dénouement, dans son implacable logique, est quant à lui
relativement puissant. Je le dévoile sans remord vu le peu de chance que
quelqu'un tente l'expérience de voir ce film : l'homme sacrificiel, parvenu au bout de son
chemin, possède enfin la femme de ses rêves sur la plage, puis se sectionne le
sexe face à la mer. Son sang et sa chair se mêlent au sable et à l'eau, tandis qu'à l'horizon le
soleil jette ses derniers feux.
Anthropophagous, 1980
Nouvelle attente déjouée avec ce titre mythique du cinéma bis italien. Je m'attendais à un de ces
films complaisants avec tribu de cannibales dépeçant à la chaîne de naïfs
explorateurs blancs, prétexte aux débordements gores les plus irresponsables.
Or on est à cette époque déjà passé à un autre genre : il s'agit ici d'un vrai slasher plutôt très efficace dans ses effets malgré un scénario pataud,
avec sa bande de jeunes vacanciers qui débarquent sur une île grecque où la
population a mystérieusement disparu.
D'Amato ménage son suspense, révélant progressivement le responsable, son apparence et ses origines. Soit un insulaire — George Eastman dans ce qui restera le rôle de sa vie — qui, après avoir fait naufrage avec femme et gamin, est devenu fou et s'est converti au cannibalisme sauvage. Ce n'est donc pas à proprement parler un mort-vivant, mais il n'y a aucune différence dans son comportement avec les zombies de Romero.
D'Amato ménage son suspense, révélant progressivement le responsable, son apparence et ses origines. Soit un insulaire — George Eastman dans ce qui restera le rôle de sa vie — qui, après avoir fait naufrage avec femme et gamin, est devenu fou et s'est converti au cannibalisme sauvage. Ce n'est donc pas à proprement parler un mort-vivant, mais il n'y a aucune différence dans son comportement avec les zombies de Romero.
Le réalisateur aux quasi 200 films prend ainsi le temps qu'il faut pour
faire monter la tension, surtout lorsque ses personnages déambulent la nuit
dans les couloirs d'une vieille maison, où leur propre ombre portée devient
menaçante, générant alors un suspense franchement insupportable. De ce côté là,
le contrat est vraiment bien rempli. Le gore "proprement" dit
n'intervient que par brefs éclairs, parfois comiques (une jeune fille qui se
fait un bain de pied dans un seau où flotte une tête), parfois sacrément
audacieux. Je ne peux résister à l'envie de citer les deux clous du film qui
ont fait sa célébrité (dont l'un carrément spoilé par l'affiche) : George Eastman dévorant un fœtus arraché au ventre de
sa mère, et, à la fin, ce même triste sire se mettant à manger ses propres
entrailles répandues au sol par un coup de pioche ! Nouvelle preuve après le final de Sesso nero que derrière le bucheron du cinéma d'exploitation, se cachait véritablement un poète.
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