Riche exportateur
de vin, Alberto Sordi ramène de son voyage d'affaires aux États-Unis un robot-domestique du nom de Catarina. Il va en profiter pour se
débarrasser non seulement de sa bonne trop capricieuse, mais aussi de sa femme qu'il n'aime plus, comme de sa maîtresse qu'il juge trop
exigeante (Catherine Spaak). Dans un
premier temps, ce type qui s'était montré ouvertement antiféministe va nager
dans le bonheur le plus total, fasciné par son nouveau jouet. Jusqu'au jour où celui-ci se met à
prendre d'étranges initiatives, préférant par exemple traîner devant la télé et
remettre le ménage à plus tard. Le soir où il invite une jolie fille (Edwige
Fenech), anciennement employée par sa femme dans sa boutique de fringues,sera l'occasion d'une crise de jalousie particulièrement agressive de la part de Catarina qui va
foutre en l'air sa baraque et le menacer avec un couteau. Devant les
ingénieurs, elle affichera un comportement normal, puis de nouveau seule avec Sordi, elle lui avouera qu'elle l'aime et qu'elle a pris conscience de son
existence, s'exprimant désormais à la première personne.
Sur ce postulat faussement S.F., voilà un film assez
marrant, même si sans réelle surprise quand à son déroulement. Sordi est
vraiment génial, et s'avère pour le coup excellent réalisateur, profitant du
décor hallucinant de la maison, une véritable œuvre d'architecte conçue
par Lorenzo Baraldi. La conclusion du film se teinte en plus d'une
tristesse inattendue, prenant une dimension prophétique où le rêve du mâle
italien se serait transformé en cauchemar.
I Predatori di Atlantide (Atlantis interceptor / Les Prédateurs du futur), Ruggero Deodato, 1983
Suite à la découverte
en pleine mer d’une tablette d’origine atlante et d'un sous-marin nucléaire
russe, une île surgit des flots provoquant une soudaine tempête. Au même
instant, les villes côtières se retrouvent envahies par une armée de barbares
vêtus de cuir et conduisant des véhicules customisés, massacrant tout sur leur passage. Un petit groupe de survivants aux profils variés — et parmi eux une
scientifique qui détient peut-être la clé du mystère — va leur tenir tête...
Un très très chouette
film d'aventure gentiment nanar, une série B qui n'a sans doute pas les moyens de ses ambitions mais force la sympathie par son mélange décomplexé des genres : film d'aventures, de guerre, de jungle, de zombie, survival, post-apocalyptique, horreur, peplum... Deodato pompe généreusement à droite à gauche,
de Zombie à Mad Max en passant par Indiana Jones, et anticiperait presque sur Predator et The Abyss. Les personnages sont attachants, même si la logique de leurs actions laisse souvent à désirer, avec des dialogues en VF toujours bien
surprenants et marrants. Le film n'est pas évident à cataloguer, passant des
péripéties les plus bon enfant à des éclats de violence pas vraiment tous
publics. On compte un nombre de morts assez incroyable. Par centaines, des figurants punks grimés tous plus absurdement les uns que les autres viennent tomber sous la mitraille, à pied, à moto ou en voiture, lors de cascades plus ou moins bien réglées. Le rythme est ainsi assez alerte et on en sort avec
plein de questions non résolues dans la tête.
I violenti / Emanuelle fuga dall'inferno (Révolte au
pénitencier de filles), Bruno Mattei, 1983
On notera le titre français bien bidon, étant donnée l'absence de révolte. De la part du bourrin Bruno
Mattei, je ne m'attendais pas à une mise en scène aussi soignée. Il y a une
vraie ambition formelle : éclairages moches mais travaillés, vrais travellings,
composition savante du cadre. Mattei fait donc du zèle, et on sera tenté de mettre cet effort sur le compte de Claudio Fragasso qui l'aurait secondé à la réalisation (sauf que Fragasso c'est aussi Troll 2, et ça ne plaide pas trop en sa faveur). Le film est un représentant
tardif — donc dégénéré — du genre Femmes en prison, avec gueules sadiques des matrones, administration corrompue et rivalités entre détenues. On sort un peu des rails avec cette intrusion de quatre bandits
psychopathes qui se lancent dans une sanglante prise d'otage. On bascule alors dans le film
d'action (poursuite en bagnole, fusillades), dans un environnement
rendu d'autant plus sordide que la production a manifestement peu de moyens. J'ai bien aimé l'assaut minable du GIGN local mené par un sosie de Jean
Lefebvre, molasson comme c'est pas permis : trois d'entre eux portent un masque
à gaz sauf le quatrième qui s'encombre d'une caméra. Mention spéciale à
"Helmut", le méchant aryen pas blond mais complétement fou, cabotin
impayable, tract vivant pour la méthode Stanislavsky et dont j'espérais une fin
plus gore (on échappe de peu à l'éviscération).
"Star" du
film, la Black Emanuelle (oui, oui, un seul "m") Laura Gemser est catastrophique
et son personnage est sans doute le moins intéressant du lot. L'intrigue se
résoud avec une cavalcade à pieds hilarante entre deux types bien handicapés par
leurs blessures et une Emanuelle qui suit derrière comme une roue de secours. La fin est bien cocasse également. Alors qu'elle est emprisonnée
à tort et qu'elle a prêté main-forte aux autorités, Emanuelle retourne derrière
les barreaux avec la promesse que son procès sera favorablement révisé.
Vu l'état du système judiciaire dont témoigne le délabrement du décor qui sert
de prison, on devine qu'elle pourra encore y croûpir le temps de 2 ou 3 autres
films, celui-ci étant déjà une suite. Et tout ça se termine sur ce dialogue
vertigineux qui laisse le spectateur sortir de la salle la tête remplie de
passionnantes réflexions métaphysiques :
« — Vous pensez que
tout ce sang versé aura changé quelque chose ?
— Peut-être... »
— Peut-être... »
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