Le Tueur, Denys de La Pattelière, 1972
En l'état, le film
de De La Pattelière est un polar assez peu excitant, même s'il comporte de jolies
scènes au rythme bien posé et des dialogues parfois inspirés. Mais la traque
gangster/flic est narrée sans grande conviction, et la confrontation tant attendue n'aura
pas lieu. Gabin joue un inspecteur en pantoufles et semble vraiment annoncer par
là le personnage de l'inspecteur Derrick : la scène la plus dangereuse du film le voit en effet plier ses chemises dans sa chambre d'hôtel et installer précautionneusement son petit radio-réveil de
voyage sur sa commode. Pour le reste, on assiste aux inévitables prises de bec pour des questions de
méthode avec son supérieur Bernard Blier, scènes qui font gentiment sourire par leur
artificialité.
Pour le reste, on se contentera d'apprécier les vues pittoresques de ce Paris qui n'existe plus, avec notamment le chantier de construction de la Tour Montparnasse et les Halles en train d'être rasées. Et ce n'est pas la présence d'un Depardieu en quasi-figurant qui suffira à dissiper davantage notre torpeur.
Pour le reste, on se contentera d'apprécier les vues pittoresques de ce Paris qui n'existe plus, avec notamment le chantier de construction de la Tour Montparnasse et les Halles en train d'être rasées. Et ce n'est pas la présence d'un Depardieu en quasi-figurant qui suffira à dissiper davantage notre torpeur.
Les Granges
brûlées,
Jean Chapot, 1973
Fantastique ouverture avec cette image saisissante d'un chasse-neige sortant des ténèbres,
et le thème électro-lyrique très réussi de Jean-Michel Jarre (ses autres compos
plus destructurées passeront malheureusement moins bien, cf. la scène
embarassante de la guinguette). Ça pose d'emblée une atmosphère insolite et un
rythme envoûtant.
Les Granges brûlées c'est à la fois
une enquête policière au ralenti, une étude sociologique et un drame familial,
le tout situé dans le cadre original des paysages enneigés du Haut-Doubs. Et
l'environnement a ici une place primordiale, le flic Delon étant plongé dans un monde
autre, peuplé de gens différents, paysans soumis à de rudes conditions de vie.
Ça donne notamment lieu à des scènes très fortes par leur apparence
d'authenticité, avec des autochtones bien avinés. De son côté, Signoret trouve là
un rôle en or supplémentaire. En mère de famille, chef de foyer, elle est tout
simplement impériale et c'est un régal de voir son talent à l'œuvre, toute les
subtilités d'expression qui passent dans son regard, ses postures. Bernard Le
Coq tout jeunôt tient lui aussi plutôt bien la route en fougueux rebelle. Delon lui
n'a pas grand chose à jouer et il le fait très bien. Son personnage n'est pas
du tout développé, observateur avant tout qui s'acharne un peu sur ses suspects
comme Columbo, mettant progressivement à jour des douleurs trop longtemps
rentrées. Bref, il ne se passe pas grand chose, et pourtant ça reste fascinant.
Un
vrai bon film, résultat d'autant plus étonnant quand on sait que Chapot a
quasiment démissionné du plateau et que Delon a repris la mise en scène. Le
makingof présent sur le dvd est à cet égard édifiant. Le plus étonnant, c'est
que le résultat final ne souffre pas particulièrement de ces conditions de
tournage rocambolesques. La mise en scène ne fait pas d'étincelles mais s'avère tout à fait
maîtrisée et sert très bien le scénario et les acteurs, conservant tout du long
une belle cohérence formelle.
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