20 avril 2018

Jean-Paul Dubois : 2 romans

Une vie française, 2004
Ce n'est pas sa faute mais j'ai un peu de mal à retenir le patronyme vraiment trop passe-partout de cet auteur toulousain, qui compte à son actif pas mal de textes adaptés au cinéma (de Kennedy et moi au Fils de Jean). Transposé pour sa part en téléfilm, Une vie française relève d'une belle et grande ambition, puisque son sujet est, comme son titre l'indique, celui d'une vie. Vie d'un homme dont les principes ont été en osmose avec les idéaux de mai 68, et qui nous raconte ici ses années de formation, ses amours, ses coups de bol, son regard sur la société française de la Ve république. Les chapitres portent et égrènent ainsi les noms des présidents successifs, jusqu'au début des années 2000, marqueurs de leur époque. La dimension retrospective est aussi captivante que pertinente, sans pour autant réduire le récit biographique à n'être qu'un simple prétexte. De ce point de vue-là, j'y ai retrouvé un peu le même plaisir qu'avec le Houellebecq des Particules élémentaires.

C'est le genre de bouquin dont il n'est pas évident de vanter les qualités. Car bien plus que le fond, c'est la lecture elle-même qui va provoquer l'expérience, le style étant un régal, élégant mais sans tomber dans la préciosité. Et le fait de partager toutes les existences mises ici en scène finit par devenir très émouvant, comme ça peut l'être chez un James Salter et ses patientes constructions. C'est toujours raconté à la première personne, et on est souvent tenté de croire que l'auteur y a mis beaucoup de lui-même (plus ou moins la même génération que le protagoniste, toulousain également). Ici encore, le prix Femina s'affirme comme un label fiable pour juger de l'importance d'un livre.




Vous plaisantez, monsieur Tanner, 2006
Amusante — ou terrifiante selon la sensibilité du lecteur aux soucis évoqués — chronique où le narrateur raconte étape par étape, en une suite de très courts chapitres, ses déboires avec des artisans du bâtiment, embauchés pour restaurer la vieille bicoque dont il a hérité. Il met lui-même la main à la pâte, et ne fait que constater l'inconscience, la bêtise, l'absence de professionnalisme des gars qu'il a eu la malchance de choisir. Pas un pour rattraper l'autre, des moments d'espoirs vite suivis de désespérants retours à une réalité sans pitié.

Au fur et a mesure que la maison reprend forme, entre deux désastres, s'étoffe ainsi une galerie de portraits souvent savoureux. C'est inspiré, le style est fluide, mais sans aller jusqu'à dire que ça relève de la plaisanterie, le texte n'a cependant pas vraiment d'autre ambition que d'être un récit récréatif, ne s'élevant pas vraiment au-dessus du registre de l'anecdotique. Une récréation entre deux romans plus ambitieux ?

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