Je n'avais personnellement jamais entendu
parler de ce film, coincé entre Lethal weapon 2 et 3 et qui fut un bide à sa sortie. Je craignais
un truc honteux, que Donner aurait plus ou moins torché sans vraiment
s'impliquer, tel le yes-man qu'il sait être à l'occasion. Il faut reconnaître
que le démarrage n'est pas des plus heureux, avec un prologue aux dialogues pas
très finauds où Tom Hanks fait la leçon à ses mômes avant de lancer le
flashback de ses souvenirs. Tout le film sera ainsi raconté en voix off, et
j'ai eu un moment l'impression d'un procédé un peu bricolé, qu'on aurait ajouté
en dernier recours pour aider à faire tenir le film après de mauvaises previews. Or, plein de séquences et
de transitions au cours du récit semblent vraiment ne fonctionner que par
rapport à cette voix off, et la conclusion du film confirmera qu'elle fait
partie intégrante du projet. Donner avait déjà brillamment dirigé des
mômes avec ses Goonies, mais on est ici dans une approche radicalement différente, puisqu'il y est question de deux
frangins qui, confrontés à la brutalité d'un beau-père alcoolique, devront trouver refuge dans leur imagination.
Sur ce sujet difficile, le réalisateur est parvenu à faire quelque chose qui n'est ni complaisant, ni niais, porté par de vraies belles visions poétiques. Il a de même l'intelligence de nous épargner le côté rétro nostalgique qu'on aurait pu attendre. Les faits se déroulent en effet dans l'Amérique provinciale de la fin des 60's mais Donner n'appuie jamais la reconstitution d'époque, restant concentré sur ses personnages. Dans le rôle des deux frères, Elijah Wood et Joseph Mazzello (le petit Tim de Jurassic park) sont absolument épatants, justes et émouvants dans leurs réactions, chacun à sa façon. Et si les jeunes acteurs sont aussi bons, c'est bien sûr grâce à leur talent, mais sans doute que la direction de Donner y est aussi pour beaucoup. D'ailleurs même le chien joue bien. On sent que le réalisateur a mis du cœur dans ce projet, dont il est producteur, et le film m'a régulièrement impressionné par la qualité de sa mise en scène, riche de mouvements de caméra amples et gracieux.
Constamment au service de son histoire et de ses personnages, la caméra adopte la plupart du temps le point de vue des enfants, se mettant souvent à hauteur de leur regard. La figure du beau-père, que les gamins surnomment le Roi est ainsi souvent cadrée de façon à dissimuler son visage ou ses yeux, mais sans pour autant en faire une sorte d'ogre irréel, le rendant au contraire d'autant plus menaçant. Et Donner fait preuve d'une vraie pudeur en ne montrant jamais frontalement la violence, mais plutôt ses conséquences, et ce qu'il laisse imaginer a évidemment bien plus d'impact. Bien que libératrice, l'évasion dans l'imaginaire est alors lestée de gravité et d'amertume, car elle ne fait pas totalement oublier ce qui l'a rendu nécessaire. La photographie de Laslo Kovacs est absolument splendide, le film baignant souvent dans une lumière automnale, et j'ai été étonné de voir au générique le nom de Hans Zimmer qui signe une très belle partition purement symphonique. Radio flyer aura donc été la découverte de cette rétrospective, et j'encourage vivement sa découverte.
Sur ce sujet difficile, le réalisateur est parvenu à faire quelque chose qui n'est ni complaisant, ni niais, porté par de vraies belles visions poétiques. Il a de même l'intelligence de nous épargner le côté rétro nostalgique qu'on aurait pu attendre. Les faits se déroulent en effet dans l'Amérique provinciale de la fin des 60's mais Donner n'appuie jamais la reconstitution d'époque, restant concentré sur ses personnages. Dans le rôle des deux frères, Elijah Wood et Joseph Mazzello (le petit Tim de Jurassic park) sont absolument épatants, justes et émouvants dans leurs réactions, chacun à sa façon. Et si les jeunes acteurs sont aussi bons, c'est bien sûr grâce à leur talent, mais sans doute que la direction de Donner y est aussi pour beaucoup. D'ailleurs même le chien joue bien. On sent que le réalisateur a mis du cœur dans ce projet, dont il est producteur, et le film m'a régulièrement impressionné par la qualité de sa mise en scène, riche de mouvements de caméra amples et gracieux.
Constamment au service de son histoire et de ses personnages, la caméra adopte la plupart du temps le point de vue des enfants, se mettant souvent à hauteur de leur regard. La figure du beau-père, que les gamins surnomment le Roi est ainsi souvent cadrée de façon à dissimuler son visage ou ses yeux, mais sans pour autant en faire une sorte d'ogre irréel, le rendant au contraire d'autant plus menaçant. Et Donner fait preuve d'une vraie pudeur en ne montrant jamais frontalement la violence, mais plutôt ses conséquences, et ce qu'il laisse imaginer a évidemment bien plus d'impact. Bien que libératrice, l'évasion dans l'imaginaire est alors lestée de gravité et d'amertume, car elle ne fait pas totalement oublier ce qui l'a rendu nécessaire. La photographie de Laslo Kovacs est absolument splendide, le film baignant souvent dans une lumière automnale, et j'ai été étonné de voir au générique le nom de Hans Zimmer qui signe une très belle partition purement symphonique. Radio flyer aura donc été la découverte de cette rétrospective, et j'encourage vivement sa découverte.
Lethal weapon 3 (L'Arme fatale 3), 1992
Projet fragile et à la production chaotique, Radio flyer fut logiquement un échec, et on peut comprendre que Donner ait après ça préféré revenir au cinéma d'action et à la franchise rassurante des Lethal weapon. C’est le seul épisode que j’aurais vu en salle à sa sortie, et ça reste encore aujourd'hui pour moi le moins bon. L'ensemble manque trop d'inspiration à mon goût. Film honnête mais un peu paresseux, comme fait sur pilote automatique, nécessaire pour personne sauf pour le porte-monnaie des parties impliquées. Lethal weapon 3 incarne la lassante surexploitation d'une franchise, amusante à défaut d'être
enthousiasmante. J'apprécie néanmoins la louable volonté sobriété des affiches de la franchise, qui capitalisent d'abord sur l'alchimie du duo, plutôt que sur la surenchère pyrotechnique (et le film en contient pas mal).
Les personnages ont cessé d’être intéressants, les gags et répliques font moins mouche, et les méchants auraient gagnés à être davantage charismatiques au lieu de rester à l'état de pantins de cinéma. Bref, c’est un peu l’équivalent de La Dernière cible pour la série des Dirty Harry, épisode inutile mais devant lequel on ne boude pas non plus le plaisir de retrouver des personnages qu'on commence à bien connaître. Sauf que Clint, lui, a toujours la classe.
Les personnages ont cessé d’être intéressants, les gags et répliques font moins mouche, et les méchants auraient gagnés à être davantage charismatiques au lieu de rester à l'état de pantins de cinéma. Bref, c’est un peu l’équivalent de La Dernière cible pour la série des Dirty Harry, épisode inutile mais devant lequel on ne boude pas non plus le plaisir de retrouver des personnages qu'on commence à bien connaître. Sauf que Clint, lui, a toujours la classe.
Maverick, 1994
Le film s'inscrit dans cette tendance qui vit en ce milieu des 90's
Hollywood puiser son inspiration dans de vieilles séries TV, pour le
meilleur comme pour le pire. Brian De Palma avait plus ou moins ouvert le ban en 1987 avec ses Incorruptibles, mais le processus s'accéléra surtout à partir du succès surprise du Fugitif (1993). Seront ainsi transposés sur grand écran des shows vintages comme Mission : impossible, Le Saint, Chapeau melon et bottes de cuir, Wild Wild
West ou encore Charlie's angels pour rester dans la décennie. Ayant démarré sa carrière comme réalisateur de télévision au début des 60's, Donner aurait très bien pu tourner quelques épisodes de la série Maverick à l'époque de sa diffusion. Et si son film ici fonctionne, c'est sans doute parce qu'il échappe aux écueils de l'ironie et du second degré qui a trop souvent perdu ces productions. Assumant au contraire pleinement la dimension surannée du spectacle qu'il nous propose, le film a donc un petit côté old school
dans sa fabrication comme dans son écriture qui en fait toute la saveur. On retrouve au scénario la patte de William Goldman qui trouve avec
ce projet l'occasion idéale de raviver la veine et le mélange des tons de son Butch Cassidy and the Sundance kid.
Donner retrouve son vieux copain Gibson, toujours à l'aise pour incarner la décontraction. Héros de la série originelle, James Garner prouve une nouvelle fois qu'il est né pour jouer les cowboys. Et Jodie Foster est d'une exquise modernité dans cet univers macho. Le trio d'acteurs nous régale de ses
joutes verbales, avec des oppositions de caractère bien marquées et efficaces,
où on n'hésite pas à se tirer dans les pattes puisqu'il est question ici de
poker et de bluff. De son côté, le réalisateur s'amuse à fignoler son western,
avec des moyens qui en font un spectacle enlevé, délicieusement suranné,
élégant et sans cynisme ou regard parodique, et constamment délectable (décors,
costumes et scènes d'action menées tambour battant). Maverick se présente ainsi avec les atours d'un divertissement de très grande classe, blockbuster friandise de l'été où le plaisir pris par ses auteurs est aussi visible que communicatif (même Danny Glover vient y faire son caméo).
DOSSIER RICHARD DONNER :
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