5 décembre 2017

Le Cinéma de Richard Donner III. 1987-1989

Lethal weapon (L'Arme fatale), 1987
Révélé internationalement grâce à George Miller et Peter Weir, l'Australien Mel Gibson est désormais bien installé à Hollywood. Il va encore faire franchir un palier à sa carrière en s'associant à ce qui va devenir une des plus grosses franchises de l'époque, confiée à l'un des yes-man les plus fiables de l'industrie, Richard DonnerTriomphe mondial à sa sortie, Lethal weapon permet au jeune prodige Shane Black d'accéder au statut du scénariste le mieux payé du système, et au producteur Joel Silver de s'imposer comme le nouveau roi de l'actioner. En soi, le film n'invente rien, reconduisant un peu la formule du buddy movie éprouvée sur le 48 heures de Walter Hill, autre polar urbain produit par Silver qui confrontait déjà son duo de personnages hauts en couleurs entre deux exploits pyrotechniques. Formule recyclée ad nauseam (Tango & Cash, Rush hour, Bad boys...).

On se retrouve donc avec un plutôt bon polar, encore un peu bâtard dans ce mélange action/comédie qui réussira si bien sur Die hard. Le début est très noir, la fin se laisse un peu trop aller à l'action cool. On est un peu le cul entre deux chaises et ça manque de cohérence, comme si le film n'assumait pas ses intentions initiales. À l'image de cette scène au faux suspense où l'on voit Riggs se faire mitrailler, puis révéler qu'il porte un gilet pare-balles, en contradiction totale avec sa caractérisation de personnage suicidaire jusqu'ici patiemment construite. La baston finale avec Gary Busey m'est de même apparue complètement gratuite, sans même exploiter une quelconque motivation cathartique et dramaturgiquement sans intérêt. 

En gros, c'est surtout le milieu du film qui m'a semblé vraiment fonctionner, avec ce tandem de flics vétérans du Vietnam qui s'apprivoisent, et dont la relation se voit développée avec délicatesse et vérité. Gibson y est tout à fait convaincant dans son interprétation. La mise en scène de Donner est à la fois discrète et pleine d'élégance, privilégiant les plans longs tel cet impressionnant plan aérien d'ouverture. BO sympathique de Clapton et Kamen, avec son petit thème émouvant.





Scrooged (Fantômes en fête), 1988
Retour à la comédie pour Donner, avec cette transposition moderne et newyorkaise du classique Conte de Noël de Dickens, toujours très apprécié comme source d'inspiration par Hollywood. C'est d'ailleurs une époque qui voit défiler pas mal de ces comédies fantastiques au ton adulte. Ainsi La Mort vous va si bien, les Sorcières d'Eastwick ou encore Nuit de noces chez les fantômes, film avec lequel j'ai d'ailleurs souvent confondu le Donner.

Mais c'est surtout Ghostbusters qui est ici dans le rétroviseur des producteurs, et la présence de Bill Murray en tête d'affiche n'a évidemment rien de fortuit. Le comédien ne se renouvelle d'ailleurs pas vraiment, reprenant son personnage odieux et cynique, une nouvelle fois confronté à des fantômes venus lui faire une leçon de morale, prétexte à un festival d'effets de maquillage. Le casting est complété par Karen Allen et Robert Mitchum.




Lethal weapon 2 (L'Arme fatale 2), 1989 
Le scénariste Jeffrey Boam (The Dead zone, L'Aventure intérieure, Indiana Jones et la dernière croisade) prend la relève de Shane Black et livre ce qui reste à mes yeux, même après revoyures, le meilleur épisode de la franchise. Cette fois les ingrédients action/drame/humour sont bien mieux dosés et restitués que dans le premier volet. Les acteurs, la mise en scène et la musique sont suffisamment solides pour créer l'émotion quand il faut. La dimension dramatique est bien plus convaincante. Riggs perd une nouvelle fois son amour, ses collègues se font massacrer, et la fin tourne à la vendetta. Et j'aime toujours autant le délire du protagoniste autour des Three StoogesEn comic relief, Pesci aurait pu être vite agaçant mais se révèle franchement marrant. 

C'est drôle et surprenant, les cascades sont assez imaginatives et parviennent à convaincre jusque dans leur côté irréaliste (les bad guys et leurs hélicos). Bref, une vraie réussite du genre. Seul vrai regret, le manque d'audace du final, qui aurait vraiment touché au sublime si Riggs avait succombé à ses blessures, dans les bras de Murtaugh...


DOSSIER RICHARD DONNER :

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