Loin de céder à la
tentation du pamphlet, le poète et dramaturge Arrabal livrait ici un texte vibrant et poignant. Écrite en 1971, au cœur de la nuit fasciste, sa lettre s'adresse directement au Caudillo, espérant bravement susciter son empathie.
Arrabal, qui a lui-même connu les geôles, raconte avec un courage indicible mais sans haine aveugle, la guerre, et les souffrances d'un peuple, hier comme aujourd'hui. Cette Lettre n'a rien perdu de sa force, bien au contraire.
Récit étonnamment envoûtant, Un photographe à La Plata met en scène un jeune photographe déboulant une semaine à la grande ville pour
une commande. Il nous est dépeint comme un individu faussement naïf, dont l'auteur nous ferait partager
certaines de ses intimes pensées. On le suit donc dans une suite de fascinantes rencontres, sans jamais parvenir à savoir si autre chose est ici en jeu.
Sous une apparente nonchalance, Bioy
Casarès joue avec certains codes du roman, entre rêve et fantasme d'une autre fiction
dont on ne saura jamais si elle s'est véritablement produite. Vertigineux.
Cet auteur espagnol m'intriguait depuis longtemps, et après cette première lecture je l'ai adopté sans débat. Marias propose ici un texte absolument extraordinaire, un récit puissant et fascinant. L'ouverture à elle seule est un authentique morceau de bravoure, où sur 90 pages l'auteur réussit à maintenir en haleine son lecteur à partir d'un unique et troublant événement, en brodant sur toutes ses implications réelles ou imaginées. L'écriture minutieuse y développe toute une série de réflexions proprement vertigineuses sur la condition humaine. Il y est question en particulier de ce qui nous lie aux autres, dans la vie comme dans la mort.
Le tout se déroule dans une ambiance madrilène particulièrement morne, due à la communicative passivité d'un narrateur qui parvient à nous faire perdre de vue le caractère odieux de ses comportements, s'apparentant ainsi à une sorte de cousin lointain de Meursault. Et en même temps, l'humour est bien présent, notamment dans la savoureuse vision satirique de la société de Cour espagnole. Prix Femina étranger, grande littérature.
Je découvre cet auteur argentin majeur avec ce
bouquin très déstabilisant et franchement enthousiasmant, qui joue constamment avec les
attentes du lecteur sur le roman qui lui est proposé (polar prétexte à réflexions artistiques).
Mise en abime et célébration de la fiction reine, c'est
écrit avec autant de maîtrise que de liberté poétique. Un texte très étonnant, assurément.
Un très bon roman porté par un vrai sens de l'atmosphère. Sa volonté de dépouillement fait craindre dans un premier temps un récit convenu, mais on se retrouve progressivement sous le charme de paysages palpables, qui rendent encore plus intenses les relations entre la poignée de personnages qui y vivotent.
Peu épais, le livre envoûte par une sorte de mélancolie sourde qui émane de ses personnages dont on se plaît à partager l'existence. Et Almeida semble dire beaucoup de choses sur la société argentine derrière la surface des faits et la simplicité des mots.
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