Une série créée par Matthieu Donck, Benjamin d'Aoust et Stephane Bergmans
1 saison de 10 épisodes
Avec : Yoann Blanc, Guillaume Kerbusch, Jasmina Douieb, Anne Coesens, Jérémie Zagba, Sophie Breyer...
Produite intégralement en Belgique pour la RTBF, La Trève est une excellente série policière, rafraîchissante par ses audaces et le soin accordé à tous les niveaux de fabrication (écriture, interprétation, réalisation). Elle a été diffusée cette année sur France 2, selon ce principe toujours aussi décourageant de soirées de trois épisodes à la suite, imposant par conséquent un visionnage en replay.
Alors oui, le générique apparaît comme un joli plagiat de
celui de True detective. Oui, l'atmosphère froide et angoissante de petite
ville confinée au milieu des pins, ainsi que le rythme cotonneux sur lequel se déroule l'histoire rappellent Les Revenants. Et oui encore, le pittoresque du commissariat aux murs en lambris éveille le souvenir de Twin peaks. Mais
le projet qui nous est proposé au final mérite mieux que ces faciles renvois, et on a connu des références moins dignes. Les images et paysages des Ardennes sont splendides, régulièrement magnifiés par de fascinants plans aériens. La mise en scène attentionnée et élégante de Matthieu Donck —
cocréateur qui signe tous les épisodes de cette saison — ainsi que la qualité générale de
l'interprétation servent ici un scénario qui se révèle formidablement malin et
prenant.
Le déroulement du récit joue de façon très efficace avec les nerfs du spectateur en lui
balançant régulièrement sa dose de rebondissements et de cliffhangers, d'autant
plus que tout le récit s'inscrit dans une narration à rebours dont on découvrira tardivement la raison d'être. Les auteurs nous font alternativement partager les points de vue des uns et des autres, laissant dans l'ombre ce qu'il faut pour faire jouer notre capacité à anticiper. Les personnages ne sont pas trop caricaturaux, pratiquement tous menant un double jeu, et la plupart se révèleront
même très attachants, la série sachant doser avec justesse séquences dramatiques et touches d'humour.
L'enquête proprement dite assemble sous nos yeux les pièces d'un puzzle macabre, qui révèle progressivement
un petit côté mécanique. En effet, on va en gros constater que chaque personnage
a sa part de responsabilité (plus précisément de culpabilité). Mais au lieu d'aboutir à quelque
chose de véritablement artificiel, ce procédé offre au contraire quelque chose de stimulant, le suspense étant maintenu jusqu'au bout, et chacun étant invité à renouveler ses hypothèses. Et c'est vraiment passionnant
de voir comment chaque petite histoire s'imbrique petit à petit dans le tableau général, dressant un portrait assez désespéré des liens tissés au sein de cette petite communauté humaine. Il y a une
vraie prouesse d'écriture là-dedans. Partant de là, il est évident que la révélation finale sera inévitablement décevante, mais le voyage aura été suffisamment captivant pour que l'on ne s'appesantisse pas trop sur cet ultime reproche, qui me semble être le lot de bien des polars.
1 commentaire:
Merci de ton passage par chez moi. Contente que tu aies aimé la série, même si je m'y suis retrouvée un peu moins que toi, mais c'est normal, j'ai toujours du mal avec le principe des séries. Et donc le générique est composé par le groupe Balthazar, qui se sont donnés une petite année sabbatique pour que plusieurs membres puisent faire des projets en solo. Et j'aime beaucoup :)
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