The Wizard of Oz (Le Magicien d'Oz),
Victor Fleming, 1939
Il est des films qui sont pour nous comme des brouettes pleines de souvenirs. The Wizard of Oz est de ceux-là, vu et revu au fil des Noëls de mon enfance, au même titre que The Ten commandments ou Clash of the titans. Et c'est à chaque fois la même belle et grande émotion à l'arrivée de ce plan où Judy Garland ouvre la
porte de sa maison et découvre le monde de Oz, faisant soudainement basculer le
film du sépia au Technicolor. Je crois que c'est le passage qui me faisait le
plus d'effet quand j'étais gamin. Le film est certes très enfantin dans son propos et dans ses personnages, mais
c'est un vrai bonheur que d'accompagner Dorothy et ses amis sur la route de
briques jaunes.
Je crois que je suis particulièrement fan du personnage de
l'Épouvantail, joliment habillé et maquillé, aux chansons et chorégraphies toutes très réussies. Ray Bolger, son interprète, avait d'ailleurs tourné une séquence éblouissante, hélas non retenue au montage, où on le voyait rebondir sur
les barrières et faire des bonds câblés dignes d'un cascadeur hongkongais :
Le voyage initiatique est souvent drôle et plastiquement charmant. Le château de la méchante sorcière est superbe, de même que le look de ses singes volants. Devenues des standards, les chansons font toujours plaisir à entendre. La quête de Dorothy s'achève curieusement sur une forme de déception où il apparaît finalement que la réalité familière vaut mieux que les risques du merveilleux. Cette morale pleine de bon sens du « There's no place like home » sera en quelque sorte reprise en un écho complètement désabusé par Joe Dante sur son attachant Explorers. Le film de Fleming fut en son temps une énorme production et signa le démarrage de la "Freed unit", ce département de la MGM dirigé par Arthur Freed, responsable des plus grandes comédies musicales hollywoodiennes. Certainement pas un chef-d'œuvre du genre (d'autres musicals ont pour moi plus de grâce), mais le spectacle est toujours ravissant et j'adore la façon dont il continue à influencer et nourrir un paquet d'artistes, du cinéaste Lynch (Wild at heart en particulier) au romancier Claro (le génial CosmoZ).
Return to Oz (Oz, un monde
extraordinaire), Walter Murch, 1985
L'action se déroule quelques semaines, voire quelques jours, après le retour de
Dorothy au Kansas. Sa maison laisse encore voir les dégâts causés par la
tornade, tandis que son oncle et sa tante s'inquiètent de sa santé mentale lorsqu'elle
se met à leur parler de ses étranges aventures au pays d'Oz. Pour la guérir de
ses délires, ils la font interner dans un asile psychiatrique pour lui faire
subir... des électrochocs.
Ils devaient vraiment avoir la tête ailleurs chez Walt Disney pictures à cette époque pour accepter de démarrer un film pour enfants sur ces bases ! Je ne suis pas sûr de l'avoir vu à sa sortie (j'ai surtout le souvenir de la "critique" du Journal de Mickey), mais je sais que pas mal de mômes ont été traumatisés par l'ambiance très sombre de ce long-métrage. Ce retour au pays d'Oz n'a en effet plus grand chose de charmant, et sur ce plan-là le titre français s'avère un peu pernicieux. Il est fini le temps des danses et des chansons des Munchkins. Dorothy débarque dans un univers dévasté. La route de brique jaunes est en morceaux, Emerald city en ruine et ses habitants pétrifiés. Ses nouveaux compagnons ont changé d'apparence : un robot tout rond, un Jack Pumpkinhead aux proportions dérangeantes (néanmoins très beau) et un mix entre une tête de cerf et un sofa (oui, oui : un sofa) nommé Gump. Leur quête, manquant cruellement d'ampleur, va les amener à affronter dans sa montagne le Roi des Gnomes, responsable de cette décadence.
Ils devaient vraiment avoir la tête ailleurs chez Walt Disney pictures à cette époque pour accepter de démarrer un film pour enfants sur ces bases ! Je ne suis pas sûr de l'avoir vu à sa sortie (j'ai surtout le souvenir de la "critique" du Journal de Mickey), mais je sais que pas mal de mômes ont été traumatisés par l'ambiance très sombre de ce long-métrage. Ce retour au pays d'Oz n'a en effet plus grand chose de charmant, et sur ce plan-là le titre français s'avère un peu pernicieux. Il est fini le temps des danses et des chansons des Munchkins. Dorothy débarque dans un univers dévasté. La route de brique jaunes est en morceaux, Emerald city en ruine et ses habitants pétrifiés. Ses nouveaux compagnons ont changé d'apparence : un robot tout rond, un Jack Pumpkinhead aux proportions dérangeantes (néanmoins très beau) et un mix entre une tête de cerf et un sofa (oui, oui : un sofa) nommé Gump. Leur quête, manquant cruellement d'ampleur, va les amener à affronter dans sa montagne le Roi des Gnomes, responsable de cette décadence.
Le gros échec du film réside sans doute
dans son incapacité à réveiller la magie du film d'origine. Visuellement c'est
très beau certes, mais l'émotion est trop rarement conviée. Ainsi, les
retrouvailles finales avec ces bons vieux Épouvantail, le Tin man et le Lion
sont trop vite expédiées. Dorothy échangera à peine un mot avec les deux
derniers, tandis que le premier a vraiment une tête de demeuré. Au point de
se demander si le film n'a pas eu à subir quelques coupes ou si son scénario
n'a pas été plus ou moins improvisé en cours de route (j'ignore quelle part
revient à L. Frank Baum, l'auteur des bouquins, sur cette histoire).
Cela étant, ce Return to Oz possède de vraies qualités, en particulier
sur le plan des effets spéciaux qui dégagent un vrai parfum de nostalgie. Entièrement tourné en studio, le
film est produit par Gary Kurtz et réalisé par Walter Murch, deux collaborateurs
majeurs de George Lucas. Murch s'était notamment distingué par son travail de
sound designer sur THX-1138, et c'est un monteur-orfèvre dont j'adore les trouvailles sur les films de Coppola ou Minghella. Return to Oz reste à ce jour son
unique réalisation et sur ce plan il lui manquait peut-être les épaules. La photographie est du talentueux David Watkin, qui avait déjà épaté par son travail sur le Catch-22 de Mike Nichols.
On retrouve ici tout un tas d'effets spéciaux qu'on qualifiera aujourd'hui d'à l'ancienne : matte paintings, incrustations, etc. Brian Henson crée les costumes et animatronics très réussis, en particulier la poule parlante qui accompagne l'héroïne. Le meilleur étant assuré par Will Vinton et ses animations de pâte à modeler en stop-motion, technique qu'il avait breveté sous le terme de Claymation. Ses effets sont ambitieux et d'une poésie délicieuse, animant dans la roche le superbe Roi des Gnomes. Ses scènes, où on le voit prendre progressivement forme humaine, sont vraiment fascinantes, et c'est bien agréable de constater que les plans d'animation sont ici nombreux et variés :
On retrouve ici tout un tas d'effets spéciaux qu'on qualifiera aujourd'hui d'à l'ancienne : matte paintings, incrustations, etc. Brian Henson crée les costumes et animatronics très réussis, en particulier la poule parlante qui accompagne l'héroïne. Le meilleur étant assuré par Will Vinton et ses animations de pâte à modeler en stop-motion, technique qu'il avait breveté sous le terme de Claymation. Ses effets sont ambitieux et d'une poésie délicieuse, animant dans la roche le superbe Roi des Gnomes. Ses scènes, où on le voit prendre progressivement forme humaine, sont vraiment fascinantes, et c'est bien agréable de constater que les plans d'animation sont ici nombreux et variés :
Il faut également mentionner le
remarquable score de David Shire, d'une richesse assez inattendue, imposant dès
l'ouverture une mélancolie fort à propos. Enfin, du côté des acteurs, la toute
jeune Fairuza Balk, future Cécile de Volanges dans le Valmont de Milos Forman,
fait ici ses débuts, livrant une interprétation correcte mais sans réel éclat, quasiment seul personnaghe humain au sein d'une galerie de freaks. Elle fait
surtout bien plus jeune que Judy Garland, et apparaît en cela plus
crédible dans le rôle de Dorothy.
Un film un peu raté dans son concept et son rythme, donc, mais
qui mérite le coup d'oeil pour ses qualités visuelles et en tant que représentant de toute une série de productions bizarres estampillées Disney (The Black hole, Dragonslayer, Tron).
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