Superstar mondiale de la kung fu comedy, Jackie Chan a du cependant lutter longtemps pour apparaître bankable aux yeux d'Hollywood. Au cours des années 90, tournant notamment au Canada et en Australie, l'acteur-producteur s'efforçait ainsi de créer de la confusion en donnant une couleur occidentale à ses films (Jackie Chan dans le Bronx, Mister Cool). Mais c'est avec Rush hour,
succès surprise de 1998 et production cette fois 100% américaine, que la formule semble trouvée, en lui faisant partager l'affiche avec un faire-valoir comique, mieux à même de faire accepter les codes de son cinéma ?
Ce choix de buddy movie est aussi étrange qu'absurde puisqu'au cours de sa carrière, Chan a à lui seul précisément su incarner ce double rôle, en mariant si parfaitement action et humour, revendiquant d'ailleurs clairement l'héritage du burlesque américain de Harold Lloyd et Buster Keaton. En déléguant ainsi sa part comique à un autre corps, c'est un peu comme si on niait la moitié de ce qui a toujours fait son identité. Le pire étant que même la part acrobatique est desservie par une mise en scène et un montage qui fonctionnent encore sur les codes de l'actioner hollywoodien, fait de plans très courts qui hachent impitoyablement les performances du comédien au lieu de restituer la fluidité de ses prodigieuses chorégraphies. C'est la même incompréhension dont avait fait preuve Richard Donner filmant Jet Li dans L'Arme fatale 4 (ou Andrzej Bartkowiak sur Romeo must die). Malgré ça, Chris Tucker fait preuve d'un bel abattage dans ses répliques et le film reste amusant à regarder, avec un score punchy signé Lalo Schifrin, toujours à l'aise dans le polar urbain et qui avait déjà accompagné le passage de Bruce Lee à l'Ouest avec Enter the dragon. Le studio n'hésitera évidemment pas à renouveler la formule avec un second volet, que j'ai trouvé franchement sans intérêt et mal écrit, puis un troisième (pas vu).
Shanghai noon (Shanghai kid), Tom Dey, 2000
Deuxième production hollywoodienne lancée sur les traces de ce succès, Shanghai noon attribue, après Chris Tucker, le rôle du bouffon au fringuant Owen Wilson. Et si le résultat suscite à mes yeux de la sympathie, c'est notamment grâce à la présence de ce comédien, qui reste pour moi éternellement associé au petit monde de Wes Anderson, dont il participa de près aux fondations puisqu'en plus d'y faire l'acteur il en fut le brillant coscénariste (Bottle rocket, Rushmore, The Royal Tenenbaum). Dans le rôle d'un aventurier arnaqueur, il fait preuve ici d'un panache savoureux. Le film bénéficie également de la présence rayonnante de Lucy Liu, l'actrice sino-américaine étant alors en pleine ascencion.
Ce choix de buddy movie est aussi étrange qu'absurde puisqu'au cours de sa carrière, Chan a à lui seul précisément su incarner ce double rôle, en mariant si parfaitement action et humour, revendiquant d'ailleurs clairement l'héritage du burlesque américain de Harold Lloyd et Buster Keaton. En déléguant ainsi sa part comique à un autre corps, c'est un peu comme si on niait la moitié de ce qui a toujours fait son identité. Le pire étant que même la part acrobatique est desservie par une mise en scène et un montage qui fonctionnent encore sur les codes de l'actioner hollywoodien, fait de plans très courts qui hachent impitoyablement les performances du comédien au lieu de restituer la fluidité de ses prodigieuses chorégraphies. C'est la même incompréhension dont avait fait preuve Richard Donner filmant Jet Li dans L'Arme fatale 4 (ou Andrzej Bartkowiak sur Romeo must die). Malgré ça, Chris Tucker fait preuve d'un bel abattage dans ses répliques et le film reste amusant à regarder, avec un score punchy signé Lalo Schifrin, toujours à l'aise dans le polar urbain et qui avait déjà accompagné le passage de Bruce Lee à l'Ouest avec Enter the dragon. Le studio n'hésitera évidemment pas à renouveler la formule avec un second volet, que j'ai trouvé franchement sans intérêt et mal écrit, puis un troisième (pas vu).
Shanghai noon (Shanghai kid), Tom Dey, 2000
Deuxième production hollywoodienne lancée sur les traces de ce succès, Shanghai noon attribue, après Chris Tucker, le rôle du bouffon au fringuant Owen Wilson. Et si le résultat suscite à mes yeux de la sympathie, c'est notamment grâce à la présence de ce comédien, qui reste pour moi éternellement associé au petit monde de Wes Anderson, dont il participa de près aux fondations puisqu'en plus d'y faire l'acteur il en fut le brillant coscénariste (Bottle rocket, Rushmore, The Royal Tenenbaum). Dans le rôle d'un aventurier arnaqueur, il fait preuve ici d'un panache savoureux. Le film bénéficie également de la présence rayonnante de Lucy Liu, l'actrice sino-américaine étant alors en pleine ascencion.
Nouveau buddy
movie construit sur le canevas classique du poisson hors de l'eau, le film s'apparente par son cadre à un remake à peine déguisé du Rabbin au Far west d'Aldrich. L'idée étant de plonger Chan dans l'univers codifié du western : bagarres de saloon, attaques de train, de diligence, Indiens, duels, etc. Le cahier des charges est consciencieusement rempli. Et pourtant, malgré la paresse du concept, le film se révèle franchement réussi dans son humour et ses situations. L'environnement de l'Ouest américain semble cette fois donner plus de champ aux exploits martiaux de Jackie et permet de savourer plusieurs belles scènes de combat, d'autant plus appréciables que certaines opposent exclusivement des comédiens hongkongais (même Yuen Biao est de la partie), quand bien même la mise en scène est confiée à
un faiseur parfaitement anonyme, toujours aussi incompétent pour mettre pleinement en valeur le travail de la Stunt team de Jackie.
The Accidental
spy (Espion amateur), Teddy Chan, 2001
Comme Chow
Yun Fat, Jet Li ou Michelle Yeoh, Chan n'aura jamais été bien servi par Hollywood. C'est sans doute que les films qui leur ont permis d'être appréciés offraient quelque chose de typique, spécifique aux movie makers du cinéma HK, et que leur talent restait non soluble dans les codes du cinéma commercial américain. Rencontrant enfin le succès à l'Ouest, Chan retourne néanmoins sous le giron de la Golden harvest de Raymond Chow, son producteur historique, seule opportunité pour lui de tenir
le haut de l'affiche sans faire-valoir. The Accidental spy est donc une production hongkongaise mais qui se verra comme trop souvent charcutée par les distributeurs occidentaux. Et c'est la version US que j'ai découverte, moi qui m'étais justement posé devant mon poste parce que j'espérais apprécier un Chan de retour au ciné HK. Cette version destinée à l'exportation se permet donc pas mal
de libertés avec le scenario et les personnages, ce qui se ressent dans
certaines transitions plus qu'abruptes et une histoire assez bidon. Pas loin de
vingt minutes auraient ainsi été passées à la trappe.
Ce qu'il en
reste : un Jackie Chan en apprenti James Bond qui se laisse regarder, scénario-prétexte et exploitation d'une formule qui ne
cherche plus à se renouveler. Après une introduction à Hong Kong et un petit
passage par la Corée, Jackie débarque à Istanbul et le film nous offre alors
quelques sympathiques cartes postales avec une caméra assez grâcieuse et une
plutôt belle photographie. J'en retiendrai essentiellement une scène de
poursuite très drôle qui commence dans un hammam et se finit dans les rues de
la ville, en passant par un souk en pleine heure de pointe. L'acteur-acrobate
se retrouve à poil, contraint d'attraper le moindre accessoire qui lui passe
sous la main pour couvrir son anatomie, tout en se débarrassant de ses
adversaires. Bonheur jouissif de retrouver enfin pleinement respecté par la mise en scène tout ce qui fait le génie de ses chorégraphies burlesques. On mentionnera encore une bonne scène de camion-citerne fou sur la fin, dotée d'une belle tension même si complétement gratuite.
Shanghai knights (Shanghai kid II), David Dobkin, 2003
En parallèle à la franchise Rush hour, le produit Jackie Chan se voit aussi dérivé dans une suite à Shanghai noon, qui avait comparativement pourtant moins bien marché. La réussite du premier film était inattendue, et ne sera pas renouvelée ici. Le résultat est décevant, pour ne pas dire médiocre. Malgré ma sympathie intacte et aveugle pour Wilson, les gags s'avèrent la plupart du temps laborieux, rendant le spectacle lourdingue, voire antipathique.
Le film ne convainc pas, tout simplement parce qu'il fait l'erreur de s'asseoir complètement sur ce qui faisait la saveur du premier titre : le concept du Chinois au Far west n'est ici plus du tout exploité, comme si on avait épuisé un filon qui — il est vrai — n'en demandait pas tant. Le scénario fait donc le choix improbable d'envoyer nos héros sur le Vieux continent, dans l'Angleterre victorienne, suivre plus ou moins les traces de Sherlock Holmes. Ce prolongement opportuniste est d'autant plus absurde qu'il donne l'impression d'être hérité d'un autre script abandonné et bricolé pour coller aux attentes d'un studio peu regardant qui chercherait désespérément une idée pour employer son duo d'acteurs. Là encore, même si Donnie Yen est de la partie, les scènes d'action sont loin d'être au niveau de ce qu'on espère d'un film de Jackie Chan, dont tout le potentiel apparaît ici plus que jamais ruiné par le formatage hollywoodien.
Shanghai knights (Shanghai kid II), David Dobkin, 2003
En parallèle à la franchise Rush hour, le produit Jackie Chan se voit aussi dérivé dans une suite à Shanghai noon, qui avait comparativement pourtant moins bien marché. La réussite du premier film était inattendue, et ne sera pas renouvelée ici. Le résultat est décevant, pour ne pas dire médiocre. Malgré ma sympathie intacte et aveugle pour Wilson, les gags s'avèrent la plupart du temps laborieux, rendant le spectacle lourdingue, voire antipathique.
Le film ne convainc pas, tout simplement parce qu'il fait l'erreur de s'asseoir complètement sur ce qui faisait la saveur du premier titre : le concept du Chinois au Far west n'est ici plus du tout exploité, comme si on avait épuisé un filon qui — il est vrai — n'en demandait pas tant. Le scénario fait donc le choix improbable d'envoyer nos héros sur le Vieux continent, dans l'Angleterre victorienne, suivre plus ou moins les traces de Sherlock Holmes. Ce prolongement opportuniste est d'autant plus absurde qu'il donne l'impression d'être hérité d'un autre script abandonné et bricolé pour coller aux attentes d'un studio peu regardant qui chercherait désespérément une idée pour employer son duo d'acteurs. Là encore, même si Donnie Yen est de la partie, les scènes d'action sont loin d'être au niveau de ce qu'on espère d'un film de Jackie Chan, dont tout le potentiel apparaît ici plus que jamais ruiné par le formatage hollywoodien.
DOSSIER JACKIE CHAN :
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