Avec : Tom Hanks, Mark Rylance, Austin Stowell, Sebastian Koch, Alan Alda...
Ça
commence plutôt très bien, et j'en viens aujourd'hui à ressentir du plaisir
dans le simple fait de retrouver la grammaire et l'univers visuel familiers de
Spielby et Kaminski. Après une admirable séquence d'ouverture, où
je me suis délecté de la maîtrise confondante du réal pour introduire son
personnage muet, son environnement, et mettre en scène sa filature, j'ai trouvé
que le film perdait un peu vite en efficacité, jusque dans les ressorts de son intrigue. Ainsi, quel dommage de devoir tiquer
après à peine 10mn, lorsqu'Abel réussit à faire disparaître son
petit papier avec autant de facilité, au milieu de tous ces agents du FBI qui
ont envahi son appart et qui devraient précisément être à l'affût (scène un peu
gadget puisque cet élément de preuve ne servira en rien le récit par la suite). Les séquences de procès dévoilent progressivement une réflexion intéressante,
où le personnage de l'avocat prend au sérieux le rôle qu'on lui a assigné, seul contre tous y
compris sa famille, refusant de céder à la mascarade politique qui se met en
place. On se retrouve ainsi avec un film au propos très citoyen, qui dit
des choses sur le monde d'aujourd'hui, où face à de nouvelles crises la
question du respect des droits fondamentaux est toujours posée.
Puis, lorsque les scènes avec les soldats de l'US Air force commencent à s'intercaler, on devine où tout cela va conduire. Dès lors, le suspense m'a paru complètement éventé, me laissant avec la pénible impression que le film ne démarrait vraiment qu'au bout d'une heure, lorsque Hanks déboule à Berlin. Certes, toute cette première partie sert à montrer sa détermination à toute épreuve, mais dans ce cas j'aurais préféré qu'on nous laisse hors-champ l'histoire du pilote — sa scène de crash n'ayant plus aucune intensité, puisqu'on sait qu'il est destiné à devenir monnaie d'échange, donc à survivre. Le meilleur du film réside peut-être dans ces harassantes et parfois absurdes tractations que mène le héros, à cheval sur le rideau de fer. Là c'est souvent passionnant. Tout passant essentiellement par le dialogue, les scènes doivent une grande part de leur réussite à l'excellence de l'interprétation. Evidemment, ça fait plaisir de voir un acteur de la trempe de Hanks prolonger sa collaboration avec Spielberg, et il incarne vraiment ici une sorte de tradition du héros américain, humaniste et individualiste — dans le sens où il trace son propre chemin contre les règles — à la James Stewart chez Capra. Mais le réalisateur a beau montrer des moments pénibles (l'interrogatoire du pilote et les tentatives de franchissement du mur), je n'ai jamais pleinement ressenti angoisse et froideur. Même quand Hanks se fait agresser dans la rue, c'en est presque inconséquent. Et ce n'est pas la photo de Kaminski aux teintes bleutées qui compensera ça. L'échange final lui-même pâtit d'un suspense gentiment artificiel, on n'est jamais vraiment inquiet pour sa résolution.
Puis, lorsque les scènes avec les soldats de l'US Air force commencent à s'intercaler, on devine où tout cela va conduire. Dès lors, le suspense m'a paru complètement éventé, me laissant avec la pénible impression que le film ne démarrait vraiment qu'au bout d'une heure, lorsque Hanks déboule à Berlin. Certes, toute cette première partie sert à montrer sa détermination à toute épreuve, mais dans ce cas j'aurais préféré qu'on nous laisse hors-champ l'histoire du pilote — sa scène de crash n'ayant plus aucune intensité, puisqu'on sait qu'il est destiné à devenir monnaie d'échange, donc à survivre. Le meilleur du film réside peut-être dans ces harassantes et parfois absurdes tractations que mène le héros, à cheval sur le rideau de fer. Là c'est souvent passionnant. Tout passant essentiellement par le dialogue, les scènes doivent une grande part de leur réussite à l'excellence de l'interprétation. Evidemment, ça fait plaisir de voir un acteur de la trempe de Hanks prolonger sa collaboration avec Spielberg, et il incarne vraiment ici une sorte de tradition du héros américain, humaniste et individualiste — dans le sens où il trace son propre chemin contre les règles — à la James Stewart chez Capra. Mais le réalisateur a beau montrer des moments pénibles (l'interrogatoire du pilote et les tentatives de franchissement du mur), je n'ai jamais pleinement ressenti angoisse et froideur. Même quand Hanks se fait agresser dans la rue, c'en est presque inconséquent. Et ce n'est pas la photo de Kaminski aux teintes bleutées qui compensera ça. L'échange final lui-même pâtit d'un suspense gentiment artificiel, on n'est jamais vraiment inquiet pour sa résolution.
Si je me permet de dire que le film ronronne, c'est parce que j'espérais davantage de tripes de la part de Spielberg pour un sujet pareil qui offrait une bonne opportunite de mélanger réflexion citoyenne et spectacle efficace, en nous plongeant dans un monde où la confiance n'est plus de mise. Pourtant, on ne peut nier qu'il est impliqué et qu'il croit à l'histoire qu'il raconte, mettant en scène cette époque de paranoïa qu'il a lui-même connu (celle que Joe Dante évoquait à sa façon dans Matinee). L'épilogue est peut-être le moment le plus réussi, trouvant le juste ton. À la lecture des notes de fin qui racontent le devenir des personnages, c'est peut-être davantage la négociation de l'avocat à Cuba qui m'aurait semblé mériter un traitement. Parce que film d'espionnage inscrit dans une réalité historique, j'avais le fabuleux Munich en ligne de mire, et espérai une réussite au moins approchante. On est ici plutôt dans la lignée du bavard Lincoln. Surprise au générique : le nom des Coen Bros. à l'écriture, et c'est sans doute à eux qu'on doit ces nombreuses répliques pleine d'esprit qui trouvent plutôt bien leur place dans un récit sérieux.
Cette chronique ira rejoindre la partie V de ma rétrospective Spielberg...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire