3 novembre 2014

Mémoires, mes belles mémoires... 4

Zappa par Zappa
Une lecture à la hauteur des attentes qu'on pourrait avoir avec un tel bonhomme au talent démesuré. Zappa a une sacrée verve et cette autobiographie publiée en 1989 — 4 ans avant sa mort — offre d'innombrables morceaux de jubilation, tout en s'efforçant de tordre le cou à certaines légendes : non, Zappa n'a jamais mangé de caca sur scène (ni ailleurs). Sont abordés aussi bien ses procès pour obscénité, les diverses mésaventures qui peuvent arriver à un groupe en tournée, le comportement de certaines groupies, les collaborations houleuses avec certains orchestres symphoniques. Zappa retrace également tout un pan de l'histoire de la musique américaine, et va jusqu'à anticiper sur le téléchargement via Internet (!). Plus que certaines anecdotes croustillantes sur Captain Beefheart, Steve Vai ou Hendrix, les nombreux commentaires sur sa conception de la musique m'ont passionné.

Zappa abandonne malheureusement au bout d'un moment tous ces aspects résolument autobiographiques pour virer carrément à une attaque en règle de la société américaine de ces années 80, qu'il s'agisse des mensonges de l'administration Reagan ou des télévangélistes. Je n'imagine même pas dans quel état l'aurait mis par la suite la politique d'un Bush junior. Ce n'est pas inintéressant en soi et l'auteur s'y montre sacrément remonté, mais ce n'est pas forcément ce qu'on vient chercher dans un tel livre. Le bouquin est sinon très joliment illustré et rempli de jeux typographiques qui donnent presque à entendre le ton outrancier du moustachu. Bref, c'est incontournable, et ça redonne bien sûr envie de replonger dans sa monstrueuse discographie, l'ouvrage permettant d'en faire un peu plus facilement le tri.




Françoise Hardy, Le Désespoir des singes... et autres bagatelles
Aucune mention d'un quelconque nègre sur les pages de garde et j'ai vraiment retrouvé à l'écrit la "voix" de Françoise. Aussi je veux bien croire qu'elle est l'unique rédactrice de ses mémoires tant la délicatesse et la sincérité du style colle avec la personnalité de l'auteur-interprète de Partir quand mêmeJ'ai d'autant plus apprécié cette lecture que le récit est copieux. Hardy verse parfois dans le pur anecdotique mais cela participe d'une sorte d'impudeur ici partout à l'œuvre. C'en est même troublant puisqu'elle évoque dans le détail mais sans croustillant sa relation amoureuse avec Dutronc, à la fois belle et douloureuse. Il en résulte une chaleureuse proximité avec cette femme. 

Et puis bien sûr, elle évoque sa carrière musicale, les conditions d'enregistrement de certains disques, ses collaborateurs, sans rien enjoliver. Ça m'a presque désolé de constater qu'elle reconnaît elle-même n'avoir pas su mieux contrôler la direction artistique de ses albums des années 80 produits par Yared/Jonasz que j'ai toujours trouvés bien ratés. L'ensemble est régulièrement ponctué de réflexions toutes simples mais touchantes sur l'existence, assumant les erreurs passées et profitant du recul d'aujourd'hui pour les analyser. Une confession précieuse, inespérée et désormais indispensable pour tout amateur.

2 commentaires:

Iss'n'kor a dit…

Cool ! Une idée de cadeau pour le frangin, amateur de Zappa :)

Anonyme a dit…

Impossible qu'il soit déçu !

É.