Somptueux long métrage dont l'époustouflante qualité d'animation n'est jamais prise en défaut. Pas un seul intervalle ne semble approximatif, le travail sur les ombres et les reflets est impressionnant et tout ce travail est d'autant plus admirable que le niveau de détail est incroyablement poussé tant dans les visages (et les cheveux !) que dans les costumes. Il faut dire que c'est une adaptation fidèle de l'œuvre de ce singulier dessinateur qu'est Amano, et on appréciera la volonté de respecter son trait à la majestueuse finesse. L'histoire, à défaut d'être
originale, parvient quand même à renouveler quelque peu le genre du récit de vampire. Sur fond de traque, est reprise ici l'imagerie romantico-chrétienne associée au mythe, transposée cependant dans un étonnant univers post-apocalyptique, ce qui permet pas mal de trouvailles dans les
décors comme dans les armes employées.
Une fois de plus, Kawajiri (l'inoubliable Ninja Scroll) démontre son talent pour le dynamisme des scènes d'action, toujours aussi
magistralement découpées, où chaque mouvement, chaque pose, crée un rythme
parfaitement mesuré et constamment porteur d'une émotion.
Cowboy bebop : Knocking on heaven's
door, Shinichiro
Watanabe, 2001
Par ses personnages, la richesse de son univers et son fil narratif teinté de tragique, Cowboy bebop (1998) demeure pour moi l'une des meilleures séries d'animation japonaises, à la fois cool et rageuse. Le basculement sur grand écran s'imposait, mais le studio Sunrise n'a manifestement pas eu d'autre ambition que de mettre en scène les éléments qui avaient fait le
succès de la série sans trop faire de zèle. Heureusement, on y retrouve
toutes ses qualités mais le scénario est relativement peu passionnant, les
personnages n'y sont pas plus fouillés ou émouvants. Bref, on reste sur sa faim, face à ce qui apparaît finalement comme un épisode parmi d'autres, qui
s'apprécie évidemment, mais sans jamais qu'on sente une volonté de
transcender le matériau d'origine, de tirer profit de ce passage au
grand écran.
Au contraire, c'est plutôt comme si les auteurs n'avaient surtout pas voulu exploiter le background de leurs personnages et produit un épisode qui s'intègre sans faire de vague à la série, donc sans rien proposer de nouveau, ce qui a au moins le mérite de ne pas lui faire de l'ombre. Techniquement la série était déjà au-dessus du lot, et c'est alors presque triste à dire, mais je ne finis par ne vraiment m'emballer devant ce film que lors des scènes d'action ou lorsque la musique de Yoko Kanno est à l'honneur.
Tokyo Godfathers, Satoshi Kon, 2003
On ne se consolera jamais de la disparition du cinéaste. Son œuvre est désormais achevée mais elle possède l'avantage de pourvoir être vue et revue sans lassitude tant chaque film et O.A.V. s'offre comme de vertigineux terrains de jeux, à la fois intellectuels et sensoriels. Tokyo godfathers a beau être son récit d'apparence le plus linéaire, je n'hésite pas à son sujet à parler de chef-d'œuvre.
On en vient à
se dire que sur, le papier, le film aurait tout à fait pu être tourné en prises de vue réelles, et en même temps, par sa façon d'exploiter toutes les ressources
du media animé, il offre des émotions qui n'aurait pu exister autrement :
montage virtuose, soin accordé aux décors (le film est une ode à la ville),
soudains coups de folie de l'animation. Chronique des laissés-pour-compte, fable et enquête policière en même temps. C'est blindé d'idées et de poésie, ça
mélange grotesque et drame, pour aboutir à un spectacle aussi destabilisant que
prenant. Impressionnant sur tous les plans.
Appleseed,
Aramaki Shinji, 2004
J'ai trouvé que le film sacrifiait
un peu trop aux effets de mode, tant dans la mise en scène que dans son
esthétique. Autant les décors sont très fidèles au manga de Shirow (Ghost in the shell), autant le
character design a subi un lifting qui n'est pas trop à mon goût (visages,
coupes de cheveux, fringues). L'intrigue est plutôt stimulante et là aussi
fidèle dans ses grandes lignes à l'œuvre originale. Cependant de nombreuses scènes de dialogues m'ont semblé répétitives, faisant finalement perdre un temps précieux au lieu d'apporter de réels développements ou approfondissements.
Évidemment, je n'ai pas été le voir en espérant retrouver toute la richesse du
manga et notamment de ses personnages, et on sent que des efforts ont été faits
pour ménager à la fois l'action et les sentiments. Mais ça manque un peu de talent dans l'écriture, d'une direction un peu personnelle. Deux très belles scènes cependant : celle de la projection vidéo avec
Deunan qui redécouvre son passé et tente d'intervenir en se fondant avec les
images, ainsi que la spectaculaire attaque des araignées géantes, un des
passages les plus hallucinants du manga que je n'espérais pas voir aussi bien
transposé à l'écran. Techniquement, je suis pas trop fan
du cell shading (un dessin d'apparence 2D animé en réalité en 3D), procédé qui connaîtra des améliorations dans les années suivantes. Sinon, j'ai été surpris de découvrir
la présence des Boom Boom Satellites au générique. Le genre de son assez risqué
(personnellement j'aime beaucoup) qui ne m'a toutefois pas semblé ici particulièrement
pertinent.
Steamboy, Katsuhiro Otomo, 2004
Seize ans après Akira, c'est peu de dire que l'attente du nouveau long métrage d'Otomo-San était démesurée. Malgré les revoyures, j'en arrive toujours à la même conclusion : une réalisation inhumainement ambitieuse avec des décors époustouflants et incroyablement détaillés, mais des personnages
pas plus attachants que ça, et un scénario qui se retrouve vite à patiner. Les thèmes abordés sont relativement classiques, donc traités sans surprise (le pouvoir et la science, l'héritage filial).
Bref, cela me donne l'impression d'être devant un film adressé surtout aux enfants, avec de belles
leçons de vie mais qui me laisse pas mal sur le bord du chemin. Je me contente alors de regarder passivement ce fascinant
show, qui là encore n'arrive à me convaincre que dans la dimension la plus
spectaculaire que constitue en particulier sa dernière partie, qui offre de folles visions de chaos urbain.
Origine, Studio Gonzo, 2006
Le film ayant eu, il me
semble, les honneurs d'une distribution salle en France, c'était pour moi signe
de qualité. Or si visuellement c'est incontestablement soigné (costumes,
décors, machines), le scénario pêche par son cruel manque de développements. La
quantité d'éléments mis en place semblerait presque destinée à un traitement de
série. Car sur un long métrage les enchaînements et les personnages
apparaissent vraiment trop esquissés, trois petits tours et puis s'en vont.
Du coup, on ne s'implique pas face à ce qui prend des allures d'interminable bande annonce et, malgré
la qualité technique de l'anime, on finit un peu trop vite par se désintéresser d'un spectacle pourtant bruyant. Et l'on assiste au climax d'un œil franchement morne. Les moyens sont là mais le film n'est pas un cadeau.
Voyage
vers Agartha, Makoto Shinkai, 2011
Autant je
connaissais de nom les précédents films du réalisateur, autant celui-ci je n'en ai
jamais soupçonné l'existence. La découverte a été plus qu'heureuse et reste encore aujourd'hui un vrai bon souvenir. Le film
possède assurément des défauts, et pas des moindres : des personnages
qui manquent un peu de substance, un univers riche mais qui dissimule mal son
influence miyazakienne (on ne cesse d'y penser).
Si on n'atteint pas complètement le grandiose
c'est parce qu'on aurait envie que l'auteur pousse un peu plus loin les
questions soulevées, qui sont passionnantes. Les premières minutes sont
vraiment belles, rythme tranquille, observation minutieuse et poétique du
quotidien, une vraie délicatesse dans le regard porté sur les personnages, un refus du manichéisme Et puis ça verse progressivement dans le fantastique. Certaines
scènes possèdent un réel souffle épique, bien soutenus par une belle
musique. Et puis l'emballage est
vraiment épatant, le soin accordé aux décors et aux paysages, aux harmonies de couleurs, étant
particulièrement admirable. Je
recommande.
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