Bon polar qui
baigne dans une atmosphère permanente de corruption et d'injustice. On y suit Luc Merenda (convaincant sosie de Bernard Tapie tout jeune), flic aux méthodes expéditives
que sa hiérarchie laisse gentiment opérer en marge, tout en le rappelant à
l'ordre pour la forme. Bon artisan, le réalisateur Sergio Martino braque le peu reluisant reflet de son époque, dépeignant une
société italienne en pleine confusion des valeurs, où flics, gangsters et
radicaux politique se mélangent dans l'ombre. Le propos est plutôt intéressant,
mais assené sans trop de subtilité. Le comportement du héros et la logique de
son plan se dont pas des plus convaincants, et du coup on passe un peu à côté
de l'empathie pour certains personnages qui souhaitaient jouer sur la corde
sensible.
Sans pour autant sombrer dans les excès du bis, le réalisateur
n'oublie pas de combler aussi le spectateur venu ici pour se distraire, et son film propose un chouette enchaînement de scènes de braquage et surtout de
poursuites en petites bagnoles complètement dingues, confiées à Remy Julienne,
dont certains plans sont clairement tournés sans autorisation en plein milieu
du trafic milanais. Nombreuses et assez fournies, ces scènes sont loin d'être toujours justifiées par le récit, et leur montage est parfois un peu confus. Mais on pourra estimer que leur côté extrême participe de cette
expression de rage qui habite l'inspecteur Merenda. L'affrontement final en mode stock-car
semble même annoncer — toutes proportions gardées — le climax du Bullet in the head de John Woo. Dans le genre,
plutôt un film solide, et en y repensant, assez riche, mais manquant un peu de
force dans sa caractérisation.
2019 dopo la caduta di New York (2019 après la chute de New York), 1983
Tout est déjà dans le titre. Le scénario pille comme c'est pas permis dans les succès de l'époque, oubliant en route aussi bien le talent que les moyens. Ça donne à l'arrivée un sous-Mad Max
croisé avec un sous-Escape from New York. Finalement un peu l'équivalent de ce que fera
Neil Marshall avec dix fois plus de budget mais aussi d'inspiration sur son jubilatoire Doomsday. Sauf que chez Martino c'est du pur
opportunisme commercial et pas de l'hommage. Le film est plutôt joliment photographié et
se permet même le luxe d'une séquence tournée à Monument valley. En soi ça
suffit à lui donner une touche et une ambition que n'avaient pas pu se permettre d'autres
post-apo ritals de cette "glorieuse" époque.
Pas trop paresseux donc, le film est
relativement généreux en action, et nous gâte avec une belle galerie de
véhicules customisés dans le style médiéval, des décors kitshouilles de
laboratoires, de chouettes maquettes de bases
secrètes, de Manhattan et de vaisseaux spatiaux, sans oublier la présence de pittoresques mutants radioactifs. Pour le reste, les acteurs sont
exécrables comme il faut, ce qui ajoute au charme de ce doux nanar, surtout si on privilégie comme il se doit sa version doublée en français.
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