Alors que le cinéma de Don Bluth incarnait au cours de la décennie précédente, davantage qu'une simple alternative à la prédominance de Disney, la marque d'un grand artisan de l'animation, ses films vont soudainement passer sous le radar. Tout ne s'explique pas cependant par le retour en force de son principal concurrent. Le studio monté en Irlande par Bluth et ses collègues Gary Goldman et John Pomeroy pâtit d'une réelle baisse d'inspiration. Adaptation lointaine de Chantecler, la pièce d'Edmond Rostand, Rock-o-ricko met en scène un coq sosie d'Elvis qui fait des
ravages chez les poulettes de la basse-cour.
Prétexte à de nombreux numéros musicaux, ce mélange d'ambiances de ferme et de rock n'roll 50's aurait pu être amusant, mais prend bientôt une improbable direction lorsque le King Chantecler se retrouve détrôné et échoue dans une ville corrompue. Le film bénéficie heureusement encore de beaux moments d'animation, mais au sein d'un ensemble trop riche, ou trop confus, comme provenant d'éléments disparates grossièrement montés ensemble, dont on finit par ne plus trop savoir à quel public il s'adresse. Le pire étant peut-être le mix opportuniste d'animation avec des séquences en prises de vues réelles, techniquement pas au point qui plus est. En France, la présence d'Eddy Mitchell, mais aussi de Lio et Tom Novembre, comme doubleurs et chanteurs fut pratiquement le seul argument commercial de ce Rock-o-ricko.
Prétexte à de nombreux numéros musicaux, ce mélange d'ambiances de ferme et de rock n'roll 50's aurait pu être amusant, mais prend bientôt une improbable direction lorsque le King Chantecler se retrouve détrôné et échoue dans une ville corrompue. Le film bénéficie heureusement encore de beaux moments d'animation, mais au sein d'un ensemble trop riche, ou trop confus, comme provenant d'éléments disparates grossièrement montés ensemble, dont on finit par ne plus trop savoir à quel public il s'adresse. Le pire étant peut-être le mix opportuniste d'animation avec des séquences en prises de vues réelles, techniquement pas au point qui plus est. En France, la présence d'Eddy Mitchell, mais aussi de Lio et Tom Novembre, comme doubleurs et chanteurs fut pratiquement le seul argument commercial de ce Rock-o-ricko.
Thumbelina (Poucelina), 1994
Après une série de projets originaux, au sens où ils adaptaient des œuvres relativement peu connues, Bluth optait ici pour un sage retour au conte traditionnel européen, avec cette adaptation
d'Andersen (auteur qui porta bonheur à Disney pour sa Petite sirène). Des créatures fantastiques au design cartoonesque cohabitent sans trop de grâce avec des personnages humains qui passent ainsi pour la première fois au premier plan, avec un usage de la rotoscopie qui manque un peu de magie, et John Hurt prête sa
voix à un des personnages. S'efforçant de rester à la page, le film fait également un usage assez primitif de décors en 3D. Sauf qu'on n'a pas la même magie, et que malgré le savoir-faire de Bluth et de ses équipes, le résultat est loin d'afficher la même qualité de finition que chez Disney, apparaissant alors comme un pauvre ersatz qui ne fait pas illusion.
Il faut dire que chaque nouveau film du studio multiplie les cartons au box-office, et que l'année 1994 en particulier sera celle de tous les records avec The Lion king. En fait, c'est comme si Bluth se retrouvait désormais à la traîne, et tentait de recalibrer ses films pour un public encore plus jeune, tel un marché qui resterait à prendre. Ce retour au conte de fée semble en effet davantage destiné aux petites filles. La promotion sera quasiment inexistante. Je me souviens d'avoir vu l'affiche de Poucelina fièrement étalée sur la devanture du Grand Rex, suscitant plutôt un sentiment d'anachronisme. Il n'y a plus de place pour le cinéma de Bluth sur les écrans, et déjà certains de ses animateurs ont commencé à quitter le navire. Au bord de la faillite, le studio doit brader ses projets à diverses compagnies et, afin de pouvoir continuer à faire travailler — et à payer — ses équipes, contraint de les finaliser malgré tout.
Il faut dire que chaque nouveau film du studio multiplie les cartons au box-office, et que l'année 1994 en particulier sera celle de tous les records avec The Lion king. En fait, c'est comme si Bluth se retrouvait désormais à la traîne, et tentait de recalibrer ses films pour un public encore plus jeune, tel un marché qui resterait à prendre. Ce retour au conte de fée semble en effet davantage destiné aux petites filles. La promotion sera quasiment inexistante. Je me souviens d'avoir vu l'affiche de Poucelina fièrement étalée sur la devanture du Grand Rex, suscitant plutôt un sentiment d'anachronisme. Il n'y a plus de place pour le cinéma de Bluth sur les écrans, et déjà certains de ses animateurs ont commencé à quitter le navire. Au bord de la faillite, le studio doit brader ses projets à diverses compagnies et, afin de pouvoir continuer à faire travailler — et à payer — ses équipes, contraint de les finaliser malgré tout.
A Troll in Central Park (Le Lutin
magique), 1994
Nouveau
mélange de fantastique et de réalisme, avec ce personnage de troll à la main verte, banni de
son pays magique et se retrouvant à New York. Le film apparaît plus que jamais conçu pour un public de moins de 5 ans qui échapperaient à la surveillance de leurs parents. Les personnages sont laids, aucunement attachants, et leurs objectifs sont dénués d'intérêt. Et je ne parle même pas des chansons tout simplement pénibles. Techniquement, le studio semble avoir revu ses exigences à la baisse, même si la travail sur les décors s'efforce de faire preuve d'inventivité. Le fidèle Dom DeLuise est de retour pour prêter sa voix, accompagné de Jonathan Pryce.
Peu soutenu, le film a beau essayer de capitaliser sur la réputation de Bluth, il passe inaperçu, et ne sera même pas distribué en France. Ce sera tout simplement le plus gros échec financier du studio, qui va encore vivoter quelques mois. Le plus triste, c'est que cet échec ne semble même pas injuste, tant son concept semblait dès le départ n'avoir rien pour convaincre. Et l'on continue à assister impuissant à l'irrésistible déchéance des ambitions d'un studio qui voulait créer en indépendant.
Peu soutenu, le film a beau essayer de capitaliser sur la réputation de Bluth, il passe inaperçu, et ne sera même pas distribué en France. Ce sera tout simplement le plus gros échec financier du studio, qui va encore vivoter quelques mois. Le plus triste, c'est que cet échec ne semble même pas injuste, tant son concept semblait dès le départ n'avoir rien pour convaincre. Et l'on continue à assister impuissant à l'irrésistible déchéance des ambitions d'un studio qui voulait créer en indépendant.
The Pebble and the penguin (Les
aventures de Youbi le pingouin), 1995
Après le
désastre du titre précédent, et face au rouleau-compresseur Disney, aucune major ne veut défendre les productions du studio de Don Bluth. Commencé pour Warner, The Pebble and the penguin est récupéré par une MGM peu enthousiaste qui va raccourcir les délais afin de se débarrasser le plus tôt possible de ce qui a peu de chance d'être un succès. Anticipant de dix ans la mode des manchots au cinéma (de Happy feet aux Pingouins de Madagascar), le film profite de son cadre antarctique pour créer des ambiances assez réussies à la Charlie, avec de spectaculaires représentations fantasmagoriques et des éclairages expressionnistes qui semblent renouer avec la poésie macabre du réalisateur. La bande son compte les voix de Martin Short, Tim Curry et James Belushi, mais les nombreuses chansons sont le plus souvent navrantes et surtout le scénario dissimule mal ses nombreuses réécritures. Conséquence des délais imposés, une part de la réalisation va être sous-traitée par d'autres studios européens. Visuellement, le film alterne donc de façon criante les plans toujours soignés et énergiques de Bluth, avec des décors et des animations clairement bâclées, parfois complétés par des images de synthèse à peine finalisées.
Contactés en pleine production par la Fox qui souhaite ouvrir son propre studio d'animation, Bluth et Goldman ne se le font pas dire deux fois. Ils abandonnent leur bébé déjà difforme, et font en sorte que leurs noms disparaissent du générique. Et c'est une triste fin de dégringolade pour leur studio qui ferme dans l'indifférence totale, scellant leur rêve de liberté artistique. La MGM bricolera tant bien que mal avec ce qu'il reste pour l'achever, mais The Pebble and the penguin demeurera quoi qu'il en soit inédit en salle, exploité uniquement à la télévision (je l'ai découvert personnellement sur Canal +). C'est d'ailleurs à cette époque que Bluth, ayant cédé ses droits, voit ses films transformés en lucratives franchises pour un marché vidéo en plein essor, avec diverses suites sacrilèges de Fievel, Brisby et Charlie.
Contactés en pleine production par la Fox qui souhaite ouvrir son propre studio d'animation, Bluth et Goldman ne se le font pas dire deux fois. Ils abandonnent leur bébé déjà difforme, et font en sorte que leurs noms disparaissent du générique. Et c'est une triste fin de dégringolade pour leur studio qui ferme dans l'indifférence totale, scellant leur rêve de liberté artistique. La MGM bricolera tant bien que mal avec ce qu'il reste pour l'achever, mais The Pebble and the penguin demeurera quoi qu'il en soit inédit en salle, exploité uniquement à la télévision (je l'ai découvert personnellement sur Canal +). C'est d'ailleurs à cette époque que Bluth, ayant cédé ses droits, voit ses films transformés en lucratives franchises pour un marché vidéo en plein essor, avec diverses suites sacrilèges de Fievel, Brisby et Charlie.
DOSSIER DON BLUTH :
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