Space adventure Cobra, 1982 (Studio T.M.S.)
On
a eu beau me prévenir que la série tenait toujours la route, je ne pensais pas
y prendre autant de plaisir. Certaines images étaient restées intactes en moi
(la découverte du rayon delta, la fin de l'Homme de verre, le match de rug-ball, la mort de Dogg...), et ce fut un vrai
bonheur de voir ces souvenirs soudain réactivés, un peu comme si je feuilletais un
de mes vieux albums Panini. On sourit du character design appliqué au moindre personnage féminin croisé ici, forcément proportionné à damner un saint, en tenue
systématiquement et outrageusement sexy — mention spéciale à Dominique qui
file sur son snowboard vêtue seulement d'un bikini (bikini qui
s'avérera être sa tenue officielle par la suite). Quel frippon ce Terasawa,
quand même !
La
jubilation apportée par la série vient aussi de cette naïveté assumée quant aux
ingrédients de l'aventure feuilletonesque, avec ces méchants au rire démoniaque, l'invincibilité
suspecte du héros (au point qu'on devine que son bras gauche ne doit pas être
le seul à avoir été modifié), sa cool attitude et sa capacité à faire le pitre
quel que soit le danger. Et l'on n'oubliera pas que Belmondo servit de modèle au protagoniste. Les quelques rares passages qui se montrent plus
sombres, lorsque du vrai drame survient, gagnent alors beaucoup de force, où le
ton de la série se révèle finalement plutôt adulte. C'est aussi ce qui fait que
les épisodes one-shot sont moins intéressants que ceux qui s'inscrivent dans
une continuité, et je les ai un peu suivis comme un apéritif.
Les
phases d'animation m'ont souvent bluffé par leur incroyable ambition, avec des
poses clés au superbe dynamisme. Pas de paresse, ou de facilités, assez peu
d'immobilisme ou de recyclage. On se délecte des plans séquences, des cadrages audacieux, du jeu avec
les éléments en amorce au premier plan. Ce fut manifestement un sacré budget mis en œuvre,
bien au-dessus des standards de l'époque, ce qui permet à la série de demeurer un spectacle qui s'apprécie pour ses qualités propres et non pas seulement pour sa dimension nostalgique qui rendrait aujourd'hui indulgent. Quinze ans plus tard, l'extraordinaire Cowboy bebop ne niera pas cet héritage. Et puis j'adore ces arrêts sur image
soudain traités comme des esquisses, signature visuelle qu'on trouvait également sur Rémi sans famille, ou Olive et Tom. Les scènes de violence sont superbement chorégraphiées, et même si l'on voit assez peu de sang, elles ont parfois un côté brut qui calme bien. Et Cobra n'attend pas toujours d'être en état de légitime défense pour dégainer. On notera également un excellent
doublage japonais (aaah, le rire de Cobra...). Le comparatif avec la VF est d'ailleurs assez
pathétique pour cette dernière, quand bien même Jean-Claude Montalban reste une voix mythique. Les dialogues les plus crus y ont été gentiment
édulcorés (ou alors ce sont les sous-titres qui se lâchent).
J'ai enchaîné avec le pilote, réalisé en fait après la production de la série pour
introduire celle-ci sur le marché ricain. Le chara design a été refait,
occidentalisé, dirons-nous, et on a l'impression qu'ils ont retracé par-dessus
les dessins d'origines parce qu'on retrouve souvent les mêmes séquences
d'animation mais avec un rendu étrangement différent. Cobra n'est plus un
simple voleur, il se révèle chef de la résistance contre la Guilde, caution
morale peu convaincante. Il y a des passages et une ambiance assez sympas, qui
font en fait plus penser à ce qu'on pourrait trouver dans un Metal hurlant US
que dans une prod japonaise.
Et puis le film : sorti au Japon peu de temps avant la
diffusion de la série. Les doubleurs japonais sont différents, leur
personnalité n'est pas exactement la même, ce qui peut perturber. Cobra
débarque un peu de nulle part et s'embarque dans l'aventure sans qu'on nous
justifie vraiment ses motivations. Mais on trouve toujours ce mélange entre les
pitreries du héros et quelques moments de drame, avec notamment une poésie très
marquée par la présence des trois soeurs issues d'une planète où l'amour est
une force. La musique originale est très belle, assez romantique. Et
techniquement, c'est plus qu'impeccable, très soigné et toujours très inventif
dans la mise en scène.
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