27 juin 2017

Boston legal, saison 1 (2004)

Boston legal (Boston justice), 2004-2008
Une série créée par David E. Kelley
5 saisons de 101 épisodes
Avec : James Spader, William Shatner, Mark Valley, René Auberjonois, Rhona Mitra, Monica Potter, Lake Bell, Candice Bergen...

Je précise que je n'ai pas vu les autres shows judiciaires de Kelley, ni Ally McBeal ni The Practice, dont ce Boston legal est en fait le spin-of. Je sais que ce dernier trône régulièrement dans les top ten de nombreux téléspectateurs, qui semblent en avoir gardé un souvenir enchanté. Mais je me demande à quel point cet attachement est d'ordre nostalgique. Découverte aujourd'hui, la saison inaugurale de la série m'a laissé un poil sur ma faim. Sans doute que, nourries par ces éloges, mes attentes étaient trop grandes.

Par son formatage et son mode narratif, Boston legal souffre inévitablement de la comparaison avec les écritures actuelles des séries télévisées, prouvant indubitablement l'évolution du média depuis 15 ans. En effet, j'ai personnellement fini par m'habituer à des shows qui donnaient un peu l'impression de faire partie d'un seul et grand projet, avec un propos et un récit tenus au long cours. Ici, on a pour la plupart affaire à des épisodes loners. Ce qui n'est pas désagréable puisque ça change des rythmes hystériques de certains feuilletons qui courent éperdument après les cliffhangers. Mais ça laisse aussi penser qu'il n'y aurait finalement pas grand chose d'indispensable dans ce qui nous est raconté, qu'on pourrait zapper sans gêne certains épisodes, tant la continuité importe ici peu, nous tenant à distance de l'évolution des personnages. J'ai surtout été agacé par ces virgules liées aux pauses pub du diffuseur (ABC à l'origine) qui viennent rythmer les scènes : montage clipesque d'images de la ville sur fond de jingle musical parfaitement impersonnel. Le genre de truc usé jusqu'à la corde par les sitcoms d'autrefois, et qui apparaissent aujourd'hui aussi inutiles qu'insupportables. De même, le générique n'a vraiment rien de mémorable, tant il paraît bâclé.


Le casting est sans doute ce qu'il y a de plus réussi, même s'il est plus que vampirisé par le personnage d'Alan Shore. James Spader restera pour moi éternellement le héros somnambule et mutique du Crash de Cronenberg. Je l'avais complètement perdu de vue depuis, ai peiné à le reconnaître dans le Lincoln de Spielberg. C'est donc ici une totale redécouverte, avec ce rôle complexe, décoiffant et intriguant d'un avocat génial et qui tient étrangement à se rendre détestable. Face à lui, les autres personnages apparaissent bien ternes. Dans le rôle du fantaisiste Denny Crane, William Shatner est certes impayable. Mais son personnage reste un clown, ses saillies n'étant pas des traits de génie maîtrisés mais les oublis d'un type en totale roue libre, et qui suscitent une régulière consternation. Forcément, les quelques rôles féminins du cabinet sont des top models, c'en est presque gênant, quand bien même le talent des actrices est incontestable.


Sur le fond, l'humour est parfois gentillet, les problématiques sociales ou morales liées au procès ne donnent pas toujours lieu à des débats passionnants, ou définitifs. Et quand bien même cela relève d'une convention du genre, je reste toujours perturbé par la façon dont la série s'arrange avec le temps judiciaire : un client arrive le matin pour proposer son affaire, l'avocat a à peine eu le temps d'en prendre connaissance qu'elle est jugée l'après-midi-même. Et ça, ça demande beaucoup de suspension d'incrédulité. 

J'ai conscience d'être un peu sévère, et à l'arrivée, ça reste un spectacle intelligent et qui offre de fréquents moments de fantaisie charmante. Les conclusions d'épisode réunissant Shore et Crane sur la terrasse du cabinet en fin de journée sont souvent de jolis moments de sérénité. Je n'ai donc certainement pas boudé mon plaisir au cours de cette première saison. Mais je pourrais aussi bien m'arrêter là.

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